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Géographie du surnaturel !

Non, cette expression pour le moins surréaliste n’est pas l’œuvre d’un quelconque publicitaire ou de son clone journaliste, ayant à vendre, qui un produit inutile, qui un article jetable … Ce mariage impensable à défaut d’être impossible, cette provocation pour nos représentations engourdies, scintille quelque part dans la magistrale étude menée par Jean-Pierre Vernant sur « Le Mythe et la pensée chez les Grecs ». Celui-ci étant désormais né au ciel, on ne saura donc jamais si c’était pour lui une manière de se moquer des représentations de nos prédécesseurs lors de l’exode qui les mena du mythe à la pensée, ou d’un saut créatif du résistant qu’il fut, en rupture subliminale avec cette insupportable prétention de l’Ecole à occuper les esprits ? * *         * Si nous optons pour la première solution, il faut bien dire que cette représentation fantaisiste du temps que l’on se faisait au temps d’Hésiode et d’Homère s’est éclipsée ...

Pourquoi à ce moment-là ? Pourquoi à cet endroit-là ?

Cette double question, on se la pose souvent à l’occasion d’un accident mortel, de la disparition d’un proche, de cette vie brutalement interrompue ! La réponse se fait attendre, sûre, vraisemblablement, que la douleur finira par s’estomper, se diluera dans le souvenir ... et finalement ne vient pas ! Bonne fille toutefois, consciente de notre trouble, elle envoie son ambassadrice, une réponse qui somme toute n’en est pas une, dont il faudra pourtant se contenter, ou bien plutôt un sentiment indescriptible, et qui tient en un mot : absurde ! * *         * Curieusement, ce que l’on pourrait considérer comme un accident unique dans l’histoire de l’humanité, mais qui concernerait chacun d’entre nous, ne fait pas l’objet de ce genre de questions ! … Cet accident, vous l’aurez compris, c’est l’inédite irruption ratée d’une entité spirituelle, diversement nommée, en Palestine, au tournant des âges … Oui, ratée, d’un certain point...

Et puis vint Galilée ! ...

Il aura donc fallu près de quatre siècles pour que Rome reconnaisse son erreur concernant la justesse des vues de Galilée ! * Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous ! Eh bien non, en l’occurrence ce fut un coup d’épée dans l’eau, et, qui plus est, si l’Eglise a fini par baisser pavillon devant l’inéluctable, combien faudra-t-il de siècles encore pour qu’elle comprenne que "l’infection" aristotélicienne qui présidait à ce procès inique lui fit perdre la bataille du XIXème siècle contre les positivistes, ces enfants spirituels d’Aristote ? La bataille du XIXème siècle fut celle qui fit rage autour des évangiles en vue de les discréditer, de les déconstruire, pour ensevelir, on ne sait jamais, la figure du Christ sous leurs décombres "fumeux". Comment l’Eglise aurait-elle pu les défendre de manière adéquate puisque, tout bien considéré, ses représentations étaient les mêmes que celles de leurs détracteurs ? Face à cette situation ubuesque qui relègue Machi...

Einstein et Perceval !

Drôle de rapprochement me direz-vous, mais il se trouve que si l’un a su ne pas oublier les questions qu’il se posait enfant, y consacrer sa vie, le deuxième, une fois adulte, oublia de les poser au bon moment, peut-être parce qu’il croyait tout savoir, allez savoir ! … Perceval est une légende, me direz-vous encore !* Mais que nous-mêmes ne posions pas de questions, devenus trop tôt, beaucoup trop tôt, adultes, nous contentant de nos jugements dont nous croyons de surcroît qu’ils sont les nôtres, cela n’est pas une légende ! On dit souvent d’Einstein que c’était un génie, mais, qu’est-ce qu’un génie ? Était-il un être surnaturel, l’esprit d’une époque, un mauvais génie, si l’on pense à cette bombe atomique qu’on lui attribua à tort ? Non, rien de tout cela, la chose est beaucoup plus simple, il l’a dit lui-même : il a répondu adulte à des questions qu’il se posait enfant. D’ailleurs, pour en revenir au jugement, à chaque fois qu’il s’y est livré, il...

"Les idiots d’Abdère !"

Ce mépris d’Aristote pour les philosophes de Thrace est-il à l’origine du destin de l’Occident ? C’est, à tout le moins, une possible conclusion, la nôtre, déstabilisante, féconde, des récents travaux de Heinz Wismann, qui mettent à jour la grossière falsification que fit le condescendant des écrits de Démocrite. * Pour aller à l’essentiel : l’atome tel que le décrit Aristote, traducteur incompétent et/ou malintentionné de quelques fragments abandonnés à sa mauvaise volonté, pour aussitôt le condamner à l'opprobre, n’a rien à voir avec ce qu’en disait Démocrite... Et tous, que ce soit pour l’encenser, d’Epicure à Marx, ou pour le malmener, de charybde en scylla, se sont basés sur la version honteusement falsifiée d’Aristote. Le résultat est une méprise, un malentendu plus de deux fois millénaire, une dispute qui n’avait pas lieu d’être, dont le dénouement s’empare du XIXème siècle, prélude à l’étroite mainmise du matérialisme sur nos représentations. Sur la politique...

La cheminée du paquebot et les moutons de Dirac …

Réputé pour son mutisme, parsemé de réflexions à la limite du saugrenu, Paul Dirac mis au point une équation plus bavarde que lui, puisqu’elle révéla l’existence de l’antimatière ! A ce titre, qui lui valut le prix Nobel, et n’eut d’autre résultat que de le laisser sans voix, il est peut-être le seul au monde à mériter doublement ce qualificatif d’inventeur qui désigne tout à la fois celui qui invente quelque chose qui n’existait pas ou celui qui découvre ce qui existait à notre insu ! Pour ajouter à la centralité du personnage, cette antimatière qu’il aperçut, incrédule tout d'abord, lovée dans son équation, n’existe pas, au moins au sens où nous entendons cette expression … Et, qui plus est, sans son apparente inexistence, peut-être n’existerions-nous pas non plus ! … * *         * Lors d’un voyage en train, en compagnie de Wolfgang Pauli, l’autre grand physicien de ces années folles, celui-ci, pour tenter de briser la glace, s’...