Nous sommes les enfants de la guerre !
En l’occurrence, ce constat ne désigne pas une génération particulièrement éprouvée, comme le fut pour exemple celle de 14-18, mais ce qu'il advint de nos représentations au sortir d'une guerre décidément pas comme les autres !
Les dieux sont morts à la Guerre de Troie !
Nietzche, fin connaisseur, soi-disant, de l'épisode grec, avait déclaré la mort de Dieu avec plus de trois mille ans de retard, mais n'est-ce pas dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe ? ...
La fin de la première guerre mondiale marqua, nous le savons désormais, l’avènement de la femme, l'émancipation de cette "subordonnée de naissance" !
Celle de Troie s’acheva sur l’apparition de notre dernier ancêtre en date, ce mutant qui nous annonce en tournant bruyamment le dos aux dieux, leur opposant son "moi" vibrionnant qui ne supporte pas leur concurrence, n'en déplaise à Bouddha !
Marionnette hier encore, aux mains des dieux ventriloques, il remercie sans trop de précautions son inventeur ébahi !
Bien entendu tout cela ne s’est pas accompli sur un simple
claquement de doigts, car l’évolution a tout son temps qui nous attend ! …
Ici, avant d'aller plus loin, acceptons l'idée saugrenue d'une indispensable décontamination !
Alors, non, décidément non, Messieurs les philologues distingués, l'appel préalable aux muses n'est pas une simple clause de style, c'est le passage à un état de conscience auquel nous ne parvenons plus en raison de l'évolution psychique ...
De même, les répétitions observées dans les grands textes antiques ne sont pas la preuve d'un copier/collé maladroit au fil des siècles, mais la marque de la mémoire de ce temps, dont nous n'avons plus mémoire, de la mémoire rythmique, de "l'enthousiasme" qui s'empare du spectateur d'un passé qui défile sous ses yeux aveugles !
Paradoxalement, pour tenter de comprendre cet appel aux muses, nous avons désormais ce concept troublant de l'univers-bloc d'Einstein !
De cet univers des physiciens où notre temps "psychologique" n'existe pas ...
Selon la très belle formule de Jean-Pierre Vernant, l'aède, le poète antique, sait, au prix d'un entraînement long, difficile, voire périlleux, "se rendre présent au passé !" ...
Pour nous acclimater à ce dont il s'agit, montons dans le train et regardons le paysage "défiler" !
Au fond, chacun sait bien que le paysage est là et que c'est nous qui nous déplaçons ...
De même, les muses convoquées par Homère ou Hésiode, savaient se déplacer dans ce qui avait été ! ...
L'homme avant, pendant, et après la Guerre de Troie !
Pour chaque guerre, toujours plus destructrices des vies humaines, sans oublier nos co-locataires à poils et à plumes, on se demande a posteriori ce qui avait bien pu passer par la tête des belligérants, à tout le moins de celles de ceux qui avaient décidé de décider pour nous autres ! ...
Homère omet, disons-nous, de préciser que, seuls les dieux de l'Olympe, les déesses en l'occurrence, sont responsables de la Guerre de Troie !
C'est omettre à notre tour que l'aède demande toujours à la muse de commencer à ce moment qu'il a choisi avant la transe, nous pouvons donc en déduire que l'omniprésence des dieux dans le conflit devait suffire à préciser le contexte ...
La suite dans les tout prochains jours !