En nous privant des mythes, nous avons renoncé à découvrir notre mystère !
Le mythe, c’est ce qui n’existe pas !
C’est bien connu, mais ce qui l’est un peu moins, c’est
qu’en le congédiant ainsi, nous n’avons plus accès à ce qui existe discrètement
en nous !
Pourquoi avons-nous ainsi renié ce qui nous reliait, "il y a
peu encore", à la complexité de l’univers, à ce que nous y faisons ?
Qui, a fait tant et si bien que cette mine à ciel ouvert pour
les authentiques chercheurs de vérité, soit "l’objet de notre ignorance" et,
pour les plus avertis, de leur condescendance ?
Qui, et pour quelle raison véritable ?
La savaient-ils eux-mêmes ? ...
La physique quantique, cette fine fleur de notre science, n’est-elle
pas une nouvelle mythologie, avec cet avantage sélectif toutefois de mieux nous convenir,
pour le moment ?
Espérons que les anthropologues à venir seront plus respectueux, mais surtout plus attentifs aux raisons pour lesquelles nous nous sommes contentés de cette dernière, quand bien même la Recherche sait, sans trop le dire, avoir produit de nouveaux objets, magiques certes, mais sans pour autant avoir élucidé le mystère dont elle avait fait son objet !
Platon, celui qui a porté le premier coup fatal !
Paradoxalement, ce n'est pas en décrétant doctement, en homme de ce siècle qui prétendit dire le vrai, que les mythes sont "des contes de nourrices", ce dont la doxa, comme toujours empressée d'en finir, gourmande de tables rases et de grands soirs, s'est emparée goulument, non, c'est en pratiquant son art d'en créer de nouveaux, comme celui de la caverne !
Car ce maître de ceux qui ne savent pas d'où ils tiennent ce qu'ils savent, nous laissa ainsi supposer, de manière totalement anachronique, que le mythe est une mise en images d'un concept, plus facile ainsi à digérer par tous ceux qui ne pouvaient se targuer d'un esprit aussi subtil que le sien ! ...
Passage obligé entre la pensée antique et nos
représentations, Aristote a voulu imposer, comme à son habitude, "sa" vérité sur
les mythes !
La raison toujours agit comme un scalpel, aussi s’efforça-t-il
d’écarter à jamais ceux de ces récits qui prétendirent s’exprimer, selon ce qu’il
en décida, en dehors de leur domaine de compétence …
Pour exemple, la nature, domaine réservé depuis deux siècles
des philosophes, cette nouvelle appellation des physiciens ioniens !
Et dès lors qu’il s’agit du monde suprasensible, "des dieux" comme il se disait à l’époque, il convenait de ne pas jeter le bébé avec l’eau
du bain, de trier le bon grain de l’ivraie, la vérité antédiluvienne, de tous
ces falbalas ajoutés par les poètes !
Non initié, à la différence de son maître Platon, il ne sait
plus, ou ne veut plus savoir, que les mythes résultent en bonne partie de la
rencontre oubliée entre notre monde sensible et le monde intelligible, comme il en va encore
de nos rêves !
Pour tenter de se faire mieux comprendre, le monde
intelligible se sert de phénomènes et/ou d’images observés dans le monde
sensible, ce, "très intelligemment", en fonction de l’évolution psychique de
celui qui est admis à contempler le monde astral …
Pour une approche de ce monde intermédiaire malheureusement dissimulé à l’Occident, il me semble utile, avant d’aller plus loin, de se familiariser
à nouveau avec ce monde "imaginal" à nous rapporté d’Orient par Henri Corbin, cet homme utile à son temps !
L’arroseur arrosé !
Pour les avoir pourfendus, cet antique Monsieur Jourdain, créa
de nombreux mythes sans le savoir !
Pourtant, personne ne s’empresse de souligner cette bien involontaire imposture du "Maitre de ceux qui savent !"
Ainsi, disait-il doctement : "les corps lourds chutent
plus vite que les corps légers !"
Point de vue qui prévalut pendant plus de deux millénaires
et prévaut encore, il est vrai, dans la plupart de nos représentations ! …
Eh bien c’est faux !
Galilée, satellite du Vatican devenu incontrôlable, ne
supportant aucune autorité, fut-ce celle du bon sens, libéré de toute pesanteur, démontra tout le premier que cette certitude ô combien partagée n’est
qu’illusion !
Mais comment expliquer que la gravité, cette loi discrète, pour
ne pas dire secrète, ne se donne pas à voir telle qu'en elle-même à ces humains désormais adonnés au
message des sens, leur nouvel absolu, couronné du tout jeune raisonnement, libre le temps de ses premiers pas, mais tôt vassalisé ?
Comment expliquer ce dédain de Galilée pour le message des
sens, cette confiance soudaine faite au seul raisonnement, et qui attendra plusieurs
siècles avant d’être vérifié, non à la Tour de Pise, mais devant les caméras, à la surface de celle qui éclaire nos nuits ?
Ainsi, nous pourrions continuer longtemps : tout comme Aristote nous observons des séries, extrapolons alors pour ce qui concerne l'hypothétique avant, pour l'après, en déduisons des lois, ces nouveaux mythes !
La relativité générale vaut-elle pour toutes les galaxies ? ...
A la décharge d'Einstein, personne ne savait à l'époque qu'il en existait "quelques" autres !...
Avertissement !
Il ne s'agit pas de dénier à la science ses avancées remarquables, quand bien même elle n'a, à ce jour, pas réussi à soulever ne serait-ce qu'un "coin du voile", ni même à bouleverser nos représentations, pour l'essentiel au moins ...
Elle le sait !
Pour autant, elle préside à la création d'objets magiques, aussitôt indispensables aux ingrats que nous sommes, contribue de surcroît à l'augmentation spectaculaire de notre intelligence et, bien plus encore, ce qui reste encore sous le voile, à notre liberté !
Pour en revenir au mythe, à celui qui dit le vrai !
Nous savons, grâce à la science, que "nous ne voyons rien ni n'entendons exactement", ce que disaient, avec leurs mots inspirés, les poètes, il y a trois mille ans, et que savait encore Socrate! ...
Fort heureusement, nous prévient le mythe !
Sémélé, mère de Dionysos, simple mortelle, usa d'un perfide stratagème, en l'occurrence l'exploitation rusée de la parole réputée inviolable des dieux, pour exiger de Zeus son amant, qu'il se montre enfin dans sa véritable dimension !
Afin de ne pas être déchu, il s'exécuta, et Sémélé fut consumée dans l'instant ! ...
Adam, Lucy, Toumaï, Luca : en quelque quatre mille ans, le
premier de cordée a pris un sérieux coup de vieux !
Pour Adam, on ne sait pas trop, mais on comptait en milliers
d’années, les deux suivants se sont redressés il y a plusieurs millions d’années, dont il n’est pas précisé combien d’entre elles étaient bissextiles, quant à
Luca dont on sait sans conteste qu’il ne sortait pas d’une quelconque bourse, il compte quant à lui en
milliards ! …
Pour remonter plus loin il faudra convoquer le cosmos, ce
qui ne serait pas une si mauvaise idée ! …
Si l’on veut bien se défaire, l’espace d’un instant de
folie, de cette recherche obnubilée par l'origine de notre corps, si l’on veut
bien considérer que ce qui nous distingue, nous rend si singulier, c’est bien plutôt notre
psychisme, alors la mythologie grecque peut nous aider à identifier le premier
de "corvée", comme ne l'a jamais qualifié le Bouddha qui, c'est bien mal connu, ne s’intéressait pas le moins du monde à l’histoire de notre
espèce !
Celui qui nous annonce véritablement, c’est Dionysos !
Non pas le Dionysos nouveau des romains, rappelé à intervalles réguliers en vue de promouvoir le dernier millésime, non pas celui de Nietzsche, trop pressé d’imposer son "surhomme" pour s’attarder suffisamment à ce désordre ancien qui signalait l'avènement du premier des "derniers hommes"!
Pour le dire autrement, Dionysos c'est l'émergence dans des sociétés tribales, grégaires, enclavées, cosanguines, d'un mutant impudent, inaudible, singulier, voyageur, qui dit "moi"à tout bout de champ, comme s'il s'agissait d'une nouvelle incantation!
C'est celui que le mythe orphique présente comme le résultat d’un drame cosmique qui conduira, après moultes péripéties, et le moment venu, l’un des nôtres à proclamer sans vergogne à la face du monde : "Je pense donc je suis !" ...
Etant entendu que pour élaborer sa pensée, il ne fit confiance à personne si ce n'est à son seul raisonnement, étranger à la culture de son époque, comme à toute culture, à l'opinion de ceux qui se croient libres alors qu'ils ne sont que le résultat de leurs circonstances ! ...
Né deux fois afin que nous puissions naître ! …
Si vous pensez que les neurosciences détiennent le fin
mot de l’histoire, qu’elles n'auraient su confondre le reflet d’une activité avec la source de cette activité, ne perdez pas votre temps avec ce qui suit !
Si, en revanche, au prix d'une audacieuse incartade, vous pouvez imaginer que ce n'est pas le cerveau qui "produit" la conscience, mais que cette première, patiemment le modela afin que, le jour venu, il prenne le relais, en partie au moins, alors vous êtes en état de recevoir le message du mythe de Dionysos !
Si, qui plus est, vous tenant informés des avancées de l'astrophysique, vous avez compris et vu que la structure du cosmos se reflète "étrangement" dans celle de notre cerveau, alors naîtra en vous comme un pressentiment ! ...
Enfin, ceux qui de tout temps, veulent encadrer ou modifier le language : pourfendeurs de cathares, nominalistes, mouvement Woke, afin de s'assurer d'une pensée conforme, devraient méditer sur le sens profond de cette interaction ! ...
"Au début était le Verbe !" ...
Mais, place à la tragédie qui nous met en scène ! ...
Premier acte !
La conscience cosmique (non propriétaire, dirions-nous !) personnifiée par
Dionysos Zagros, fils de Perséphone et de Zeus, est mise en pièces par les titans, nos ancêtres, ou par nos cinq
sens, selon l’angle de vue …
Encore que ces derniers nous précèdent et peuvent, à l'occasion, se montrer titanesques ! ...
Ce, à l'instigation d'Héra, personnification de la jalousie, celle qui par conséquent divise ! ...
Deuxième acte !
Tous ceux qui brandissent ce "moi je" avant même, partageurs soudain, de "donner" leur sentiment, d'asséner leur opinion, d'imposer leur raisonnement, sans que l'entourage interloqué ne se mette à hurler de rire devant l'incongru, sont concernés par cette deuxième naissance de Dionysos !
Vous, moi, pour le dire autrement ! ...
Que nous dit le récit ?
Athéna, personnification de la raison en gestation, apporte le coeur de Zagros à Zeus qui va "l'infuser" à sa seconde mère, Sémélé, simple mortelle celle-là !
Dionysos, notre ancètre, est un fragment de la conscience originelle, nous l'avons oublié !
C'est, en arrière-plan, toute la question de l'Un et du multiple, au coeur des préoccupations des sages grecs, avant même les philosophes, comme des exégètes hindous du Rig Veda ! ...
La suite dans les tout prochains jours !