L'Homme a deux mille cinq cents ans ! ...

A tous ceux nombreux que cette affirmation fait hurler de rire, je ne confierai pas la raison de cette insolente saillie, avant d'avoir obtenu une réponse réfléchie à cette question préalable : "Qu'est-ce que l'Homme pour vous ?"

Et si j'observais quelque répondant chez celui-ci ou celui-là,  je lui poserais alors cette autre : " Si vous n'avez pas renoncé à tout espoir, comment pourriez-vous décrire l'immortalité ? "

Ou bien encore, tortionnaire dans l'âme : "Où étiez-vous avant que de naître ?"

Mais, lassé d'attendre des réponses de la part de ceux qui ne voyaient apparemment pas l'opportunité de telles questions, et afin de déterminer le moment où notre dernier ancêtre en date est apparu, je me fixai quelques critères qui pourraient nous permettre de ne pas trop être dépaysés, de nous sentir en famille, en quelque sorte ...

Je n'avais pas prévu que ce désir bien légitime amputerait ma recherche de plusieurs millions d'années, voire plus encore, car alors il n'était plus alors question de Luca, de Lucy, d'Adam, avec toutefois quelque hésitation au sujet de cet imprévoyant, pour arrêter le curseur sur un mutant apparu à la surface de Gaïa, il y a moins de trois mille ans ...

Personne n'en parle, il est passé sous les radars !

N'ayant pas laissé de poteries ou d'os particuliers, ne s'étant pas signalé par une quelconque découverte technique, par une morphologie plus avantageuse, non, rien de tout cela, mais alors, vous ne le croirez pas, par une prétention extraordinaire qui allait foutre le bordel dans une société qui se contentait jusque-là, cahin-caha, de ses petites turpitudes, de ses petits arrangements entre inégaux ! ...

Ne s'était-il pas mis à prononçer deux mots étranges, inaudibles à l'époque : "Moi je", impudique, prétentieux soudain, sortant du rang, de la tribu, de l'impalpable doxa, donnant son avis, exigeant pour sa vie ...

Pour celle-ci, entre naissance et mort, mais plus encore, l'appétit venant en mangeant, pour celle qui inéluctablement s'annonce, ne sachant se contenter du triste sort réservé à ses proches ancêtres promis à cette dissolution dans le délétère oubli, devenant fumée légère au royaume des ombres ! ...

Bref, j'ai puisé notamment à deux sources qui font toujours autorité auprès des chercheurs de vérité !

Il s'agit d'Hésiode, pour ce qui concerne le psychisme de ces anciens grecs aperçus à la surface de Gaïa avant l'âge dit "classique", et de Nagasena, sage bouddhiste, dont les explications sont tout à la fois accessibles aux néophytes, et reconnues par la plupart des écoles concurrentes ... 

Ce qui n'est pas, vous en conviendrez, un mince exploit ! 

En Grèce archaïque, un homme qui, par certains cotés, nous annonce, mais pour autant si différent de ce que nous sommes devenus, c'est le héros !

Ce qui, de toute évidence, manqua cruellement à ce légendaire pour devenir ce que nous sommes, c'est un "moi", la responsabilité qui va avec, tout nouveau sentiment apparu sur le tard, ici et là, dont nous ne nous souvenons plus qu'il n'a pas toujours existé (comme il en est du  smartphone!...), mais qui gêna le Bouddha à ce point que ce dernier n'eut pas de mots assez durs pour le condamner, hésitant entre le déni et la déconstruction  : agrégat, illusion, tentateur, faisant son miel de l'exil, avenant portier de cette descente aux enfers, dans ce monde d'ignorance et de souffrance !

Prédécesseur de la race de fer, la nôtre, le héros grec n'a pas de "moi"! 

Ainsi, le comportement d'Achille pendant la Guerre de Troie, ballotté entre ses passions - pas si tristes que ça, n'en déplaise à Baruch ! et la volonté des dieux ventriloques, nous est-il devenu insupportable !

Quelque part après Homère, le prophète du passé, et avant Socrate, l'accoucheur de l'avenir, intervint, non une mutation génétique, mais une mutation psychique !

Quoique ! ...

Le mythe en rend compte, exactement, mais peine perdue ! ...

Fort heureusement, nous restent quelques textes, la tragédie, la poésie lyrique, toute cette soudaine effervescence qui atteste à partir du VIème siècle avant J.C, de la naissance du "moi", cette fleur de sel de l'intériorisation !

Dans le bon timing, mais "curieusement" pas au bon endroit, Gautama dit le Bouddha vient signaler aux siens ce nouveau venu comme une illusion, un habile vendeur de souffrance !

Flash back!

Pour Hésiode, témoin de son époque, ce qui reste de l'Homme après la mort, ce sont ses actes ! Du héros s'entend, car pour tous les autres, il faudra se contenter de l'ombre ...

"Se contenter", façon de parler, puisque cela supposerait une certaine forme de conscience ! 

C'est aussi ce que dit le Bouddha, plusieurs siècles en aval; toutefois les conclusions sont radicalement différentes ...

Pour Gautama dit le Bouddha, la personne, le "moi", n'existe pas, ou alors, ne devant rien à Derrida, il nous intime l'ordre de le déconstruire, seuls restent inscrits les actes  ...

La question, pour nous restée en suspens, est alors : qui paye, qui assume le karma, et de qui ? ...

Il est vrai que depuis des siècles nous avons été dressé à la trique de la responsabilité et à l'appât de la rétribution. Toutefois nous avons su déceler "l'empreinte" chez les oies ! ...

Cependant, il faut y insister, cette catégorie psychologique ne fait que pointer le bout de son nez à la même époque en Grèce, les seuls actes restant en mémoire étant ceux des héros qui s'assurent ainsi une place dans celle des vivants !




La suite sur cette nouvelle genèse, dans les tout prochains jours !

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