L'Eglise s'effondre pour avoir "enfoui" ses véritables fondations ! ...
Oh bien sûr, le séisme fatal se fit longtemps attendre, lui laissant quelque répit, qu'elle ne sut toutefois mettre à profit pour questionner les premières fissures, d'autant plus bavardes qu'elles dénonçaient, avant toute chose, son exercice du pouvoir !
Il eut fallu alors se remettre en question, non au regard de la mode intellectuelle du moment, par indigence, intérêt ou démagogie, mais des paroles et des actes de Celui dont elle squattait déjà l'aura !...
En deux mots, revenir aux fondations, à ces quatre évangiles, dont le choix judicieux est déjà en soi un premier éclairage du mystère du Golgotha sous différents angles ...
Une fois surmontées, vaille que vaille, au fil des siècles, les querelles internes et les "déviations", une fois occultées les innombrables victimes du feu et de l'épée - "Dieu reconnaîtra les siens ! "-, la première alerte sérieuse, irréversible, en un mot exogène, vint de ceux qui, au XVIIème siècle, avaient encore un pied dedans, par juste crainte, mais la tête ailleurs !...
Matée une fois de plus dans le sang et par les flammes, mais bientôt suivie de répliques toujours plus importantes, plus assumées, plus frontales, aux XVIIIème et XIXème siècles ...
Alors, emportés par la dérive des continents qui affecte également nos représentations, nombre de croyants s'éloignèrent en direction d'horizons divers qui, pour être incertains, n'en étaient pas moins prometteurs ! ...
Afin que nul n'en ignore !
Ce douloureux constat concerne l'Eglise extérieure, l'institution, adoubée au début du IVème siècle par l'Empire romain, et non l'assemblée des croyants, l'ecclésia, telle que fondée par le Christ, forte, malgré l'incontournable imposture des prélats, de ces innombrables vies consacrées à la prière qui soutient le monde et/ou au service plus tangible des autres !
Flash back !
Nous sommes au début du IVème siècle, pour tenter de réduire la première fracture ouverte à laquelle Arius laissa son nom, pour décider par conséquent de la véritable nature du Galiléen, on s'en remis au seul raisonnement, qui avait la faveur des élites du moment, pétries de culture grecque, relèguant aux oubliettes les évangiles, encore non infestés de rationalisme exclusif ...
Alors, la question se pose :
Pour ces messieurs des conciles, les évangiles avaient-ils déjà mauvaise réputation ?
Si les philologues s'acharnent en réalité à détruire l'Eglise, les premiers évèques accourus à Nicée désiraient la construire !
Entre les deux toutefois, observons une similitude : le rejet des évangiles !
Les premiers, par anachronisme, idéologie et indigence crasse, les obligés de Constantin, par duplicité, car tout y concourait à condamner par avance les agissements de cette filiale de la Rome impériale, appelée à prospérer de la manière que l'on sait !
Sans entrer dans l'interminable réquisitoire constamment actualisé au fil des rejets de cette mascarade par quelques courageux, solitaires ou regroupés : les Cathares, Luther, Giordano Bruno, Spinoza ..., contentons-nous de ce moment fondateur où le Christ décrit à la Samaritaine le lieu immatériel et personnel où s'établira désormais le contact entre l'Homme et le Père, qui exclut explicitement tout nouveau temple de pierre, et de cet autre où il admoneste violemment, sans le pardon accordé plus tard à ceux qui le crucifièrent "sans savoir (eux) ce qu'ils font", ces pharisiens hypocrites que les clercs vont s'empresser d'imiter, avant de les dépasser par leurs exactions ! ...
De l'eau avait coulé sous le pont Milvius, quand survint la sécession cathare, matée dans le sang, suivie un peu plus tard d'une forte réplique, mise en branle par la condamnation sans appel des indulgences, cette sordide déviance de l'Eglise, décidément abandonnée par tous les bons esprits, à commencer par Celui qui lui servait d'alibi ! ...
"Sécession cathare" qui n'était, tout bien pesé, si ce n'est la dénonciation préalable d'un clergé déviant, qu'une radicalisation, une mise en pratique, de "l'horror mundi", distillée savamment du haut de la chaire accusatrice, chaque dimanche venu !
Profitons de cette remémoration impromptue de l'abominable croisade intérieure, la repentence étant sélective, pour mettre en accusation l'accusateur de l'époque, l'inquisiteur, cet antéchrist qui mène l'enquête jusqu'à ce que sentence s'ensuive !
Le mépris du monde !
Cette soudaine prise de distance suspicieuse à l'égard de la nature, de celle qui, longtemps, si longtemps, fut notre écrin, notre mère primordiale, souligne le passage du temps cyclique qui renouvelle tout ce qu'il détruit, au temps vectoriel, à ce "temps sans retour" qui détruit irréversiblement tout sur son passage !
A ce "temps psychologique" dénoncé par Einstein, pour d'autres raisons certes, mais qui demanderaient à être rapprochées sous un certain angle !
Y aurait-il une relation de cause à effet, et, en cette hypothèse, dans quel sens ? ... avec la prise de conscience du "moi", de l'identification de notre étrange singularité, ce, malgré les ressemblances ?
La grande révolution psychique et politique des Grecs de la transition, fut de se découvrir "semblables" avant même que nous songions à nous réclamer "égaux" !
Toujours est-il que c'est à cette même époque qu'apparaît ce trublion, paradoxalement nommé "individu", car manifestement double, accompagné d'une mystérieuse inconnue, de celle qu'il nomme son "âme" et pour laquelle il exige illico le salut !
La mythologie grecque a mis en scène cette nouvelle créature du psychisme sous la forme de la mise en pièces de Dionysos Zagreus, suivie de l'étrange périple de l'étrange Dionysos ...
Cette prise de conscience, ce recul soudain, à l'échelle de l'évolution, par rapport à ce monde devenu illusoire, est observé au travers de plusieurs marqueurs culturels, quelque part entre Homère et Socrate !
Ne sachant pas ce qui précède ou n'en voulant rien savoir, pressés de rejoindre leurs idées préconçues, nos historiens de la philosophie en ont fait une invention, en quelque sorte une fantaisie, un genre d'humeur, la création débridée d'un poète philosophe resté dans les mémoires, mais pas dans les croyances, sous le nom de Platon !
Si celui-ci, dernier des orientaux au pays du soleil couchant, surfa sur la mutation psychique de ses contemporains, ce fut pour mieux orienter leur regard vers ce monde en voie d'oubli, ce monde indemne du temps des hommes, ce monde des dieux, parfait, intelligible !
Qui ne jouent pas aux dés, aurait pu dire Einstein, sans s'avancer sur l'épineuse question des archétypes ! ...
Mais, quelque huit siècles plus tard, entre les mains de nos prédicateurs de l'enfer, malgré tout bien en chaire, cette dévalorisation devint un puissant prétexte de culpabilisation des accourus au son de la cloche tatillonne, courbant l'échine en attendant le terrible jugement dernier, en lieu et place de la contemplation émerveillée des archétypes ...
Alors vous me direz : "Et les évangiles dans tout ça ?"
Eh bien, précisément, ce que mettent en scène les évangiles, et que l'Eglise s'est empressée de ne pas ébruiter (et pour cause !...), c'est l'avènement de la Liberté, ce grand tournant de l'évolution, ce tout nouveau scénario, cette toute nouvelle exigence, inconnue des hiérarchies spirituelles restées loyales, et dont le rôle hautement périlleux nous est confié !
Pour ceux qui veulent bien lire ces textes fondamentaux, si longtemps malmenés, escamotés, incompris, dénigrés, le Christ n'eut de cesse de combattre tout ce qui pouvait entraver cet irréversible élan !
On pourrait presque dire qu'il est venu pour cela, à ce moment crucial, et pour tenter de combattre, si telle est notre volonté, l'oubli, ce dégât collatéral et nécessaire !
Ce seul véritable "mal" selon les soufis de Perse !
Femme, voici ton fils ! ... Jean 19-26
En croix, il entérine, après l'enseignement de Krishna à Arjuna, après Dionysos, cette divulgation imagée des mystères, la fin de la loi du sang, de la tribu, de cette consanguinité qui certes favorisait une certaine clairvoyance, mais inhibait toute vélléité de l'individu de s'affirmer dans son étrange singularité !
A la Samaritaine (de sang mêlé, ce n'est jamais aperçu ! ...), il prédit que le temps est venu pour chacun de se mettre en relation directe avec le divin, sans aucun intermédiaire, de pierre ou de chair ! Dans le "château fort de l'âme" dira Sohrawardi !
Sans ces lieux de pouvoir donc, qui s'attardent, sans ces prêtres félons qui s'accrochent ! ...
Pour les pharisiens devenus matérialistes, sa prédiction de la reconstruction du temple détruit, en l'espace de trois jours, était devenue incompréhensible, tout juste la rodomontade d'un espoir avorté qui ne sut les libérer du joug des romains !
Au Vème siècle encore, l'éminent Augustin, ancien manichéen mal décontaminé, défenseur acharné de la terrible et obsolète prédestination, tient tête au moine Pélage qui, tout simplement, conduisant "nonchalamment" sa pensée hors des dogmes, constatait, le bougre, la montée en puissance de ce mutant nommé individu, conscient de son "moi", se voulant responsable du salut son âme ! ...
La suite dans les tout prochains jours!