La trahison des conciles !

Comme cette Eglise, née des conciles, n'a plus le pouvoir de me faire brûler vif en place publique comme à la "belle époque", afin de distraire et rassembler ce public encore privé de l'exutoire des réseaux en ligne, de la possibilité de déverser à toute heure cette haine sournoise qui attendait jadis l'ouverture de Carnaval, soupape bigarrée, inversion plus ou moins violente autorisée, le temps de reprendre ses esprits, masquant tant bien que mal l'immémorial rituel fédérateur de l'assassinat du bouc émissaire, gros de la paix retrouvée, particulièrement friande de ces innocents soigneusement désignés ...

Jamais à court d'imagination, la croix du Golgotha ayant mis au grand jour l'abominable supercherie, la violence redoubla de vigueur, sous d'autres formes et faisant feu de tout bois : peuples désignés en leur entier, boucs émissaires XXL, anathèmes, excommunications, croisades, chasse aux sorcières, procès d'animaux ... 

l'Eglise, décidant en catimini (Contrairement à Clémenceau le flamboyant, qui annonçait la couleur!) d'organiser ce phénomène endémique susceptible de la dépasser ! ...

Mais cette trahison bien visible du message et de l'exemple de Celui qu'elle était censée représenter, en cache une autre, moins apparente mais non moins nocive ! ...

Totem et tabou !

Ce qui frappe au premier abord chez les princes de l'Eglise convoqués au début du IVème siècle par l'empereur, plus soucieux de l'unité de l'empire que de celle de la doctrine, c'est la mise à l'écart des évangiles de leurs préoccupations métaphysiques  ...

Avaient-ils ces gens-là, avant les Lumières auto-proclamées, bientôt suivies de ce XIXème siècle imbu de lui-même, fat s'il en fut, à qui on ne la fait pas ! ... avaient-il donc déjà pris leurs distances avec ces quatre textes, pourtant soigneusement sélectionnés parmi bien d'autres, et approuvés par leurs prédécesseurs, par la-même secrètement désavoués ? ...

Toujours est-il que, faisant fi du passé, de son immense savoir, déjà hermétique il est vrai, chacun y allait de son petit raisonnement : sur la véritable nature du Galiléen, et partant, sur le statut de Marie, mére de Dieu pour les uns, du Christ pour les autres, diplomates en herbe, de Jésus pour d'autres encore, qui semblaient, quant à eux, avoir lu Luc et Matthieu, mais qui, précisément, n'eurent pas gain de cause ! ...

Plus ambitieux enfin, n'entendant plus résonner que leur assourdissante raison, certains allèrent jusqu'à décider du type de relation qui existait entre le Christ et le Père resté aux cieux, avant, bravaches, de s'atteler au cas du saint-Esprit ! ...

Bien que mouvantes, sujettes à de nombreux tranferts, deux équipes rivales se dessinaient bientôt, qui d'Alexandrie, qui de Constantinople ... avec, pour un temps encore, la balle au centre, c'est à dire à Rome, siège de l'empereur, arbitre à temps partiel des inélégances ! ...

Deux siècles plus tard, l'organisateur des jeux n'était autre que l'empereur d'Orient, qui, à la différence de son lointain prédécesseur un peu frileux, se targuait d'une compétence certaine en théologie, jugeant la chose trop sérieuse pour la laisser aux mains des théologiens ! ...

Ainsi vécu l'Occident, pendant plusieurs siècles, sous le joug d'un dogme totémisé, privant le vulgaire de tout accès aux évangiles, à ce tabou confié au secret hermétique du latin, protégé par les gardiens zélés du nouveau temple !

Tout cela ronronnait gentiment depuis quelque sept siècles, du moins peut-on l'imaginer, au moins si l'on zappe les empêcheurs de tourner en rond comme Hilaire de Poitiers, le moine Pélage, les Cathares, and so on  ... quand soudain, nous revint des terres d'Islam, celui qui, en son temps, avait escamoté Platon et inspiré les ratiocineurs des conciles ...  

Quand bien même cela peut nous apparaître dantesque, on répéta alors à l'envie qu'Aristote était "le maître de ceux qui savent", curieuse prophétie à rebours, néanmoins successful, que l'Eglise s'empressa de rejoindre, de peur déjà de ne pas être dans le Mouv' ?...

Comme on ne voyait pas trop quoi objecter à sa manière d'avancer dans les questions les plus complexes, on accepta, au nom de la désormais sacrosainte raison, le recul considérable de la représentation que l'on avait de la femme, "ce mâle manqué", "ce monstre", tel que l'avait décidé sans appel celui qui savait quoi penser de l'anatomie comparée ! ...

Galilée l'avait remis en place pour ce qui concerne la chute des corps, mais, curieusement, le mouvement féministe reste muet sur cette rechute de la femme dans l'image que l'on s'en fit ! ...

A moins, selon les esprits chagrins, qu'il ne se soit contenté d'habiller tant bien que mal le mythe qui avait bercé son enfance, l'histoire de cette Pandora, "chienne à la croupe attifée", dévoreuse du feu de l'homme, imaginée par Zeus pour punir Prométhée de son indicible larcin opéré sur le feu de l'esprit ! ...

Pour faire la liaison avec ce qui va suivre, ne convenait-il pas de remarquer alors, hors des sentiers de l'Ecole du non-savoir, que le Galiléen, non content de les avoir défendues contre la connerie humaine (la femme adultère), de leur avoir confié les clés de l'avenir (la Samaritaine), se montra post-mortem tel qu'en son corps subtil, en tout premier à Marie-Madeleine ?

Alors que faire de ces évangiles ? Confions les au latin, hors d'atteinte du vulgaire, d'autant que certains passages posent problème au bon sens devenu !...

Pour en revenir à nos convoqués, si l'on scrute le bal des égos, la cacophonie des raisonnements, regroupés sous l'appellation fallacieuse de "conciles", ces tribunaux si peu conciliants, il convient d'observer que l'influence du maître sus-cité s'exerçait déjà sur "ceux qui avaient tout oublié !"

Ces différents éclairages du mystère tant attendu qui avait fini par se dérouler en Palestine, savaient-ils encore les lire, les décrypter, leur brûlaient-ils les doigts, avaient-ils conscience qu'ils pouvaient leur être opposés, ou alors, infestés à leur tour par le virus de la divine raison, en avaient-ils déjà honte, comme nombre de nos théologiens incultes ?

Toujours est-il que ces textes fondateurs furent frappés d'omerta, longtemps, trop longtemps, au moins jusqu'à Luther, et enfin malmenés, depuis que leurs exégètes se retrouvent dos au mur, ne sachant plus où donner de la tête entre déni et explications abracadabrantesques, où l'on ne sait plus si le plus con est celui qui écoute ou celui qui dit ?

Que serait devenue l'Eglise, si elle s'était consacrée à la "vulgarisation"  des mystères contenus dans les évangiles ?

Comme l'aurait souhaité Hilaire de Poitiers, qui dénonçait déjà, au début du IVème siècle, sa dérive vers les "charmes et facilités" récemment accordés par l'empire, au détriment de sa vocation première qui est la recherche de la vérité ! ...   

Mais en 325, tous ceux qui répondirent à l'appel de l'empereur étaient en âge d'avoir connu les dernières persécutions, les livres sacrés ostensiblement jetés au feu pour tenter de sauver sa peau, ou le martyr de ceux qui ne voulaient pas abjurer !

L'empereur semblait pour l'heure dans de bonnes dispositions, mais n'était pas baptisé, et il lui importait avant tout de retrouver l'unité, une définition commune du dieu des chrétiens qui puisse conforter la désormais fragile Pax Romana et non la mettre à mal ! ...

Alors, plutôt que de se lancer dans une exégèse doublement périlleuse de ces textes, qu'hier encore des chrétiens bon teint brûlaient en signe d'allégeance, n'était-il pas préférable de se lancer dans le raisonnement spéculatif, cette nouvelle marotte des élites ?

Mais oublions ce choix néfaste, maintenu vaille que vaille par la culpabilisation, et quand il n'y suffisait pas, par la terreur ... choix néfaste non clairement identifié mais néanmoins sanctionné par les fidèles qui "votent massivement avec les pieds" !

Pour revenir à ce qui aurait pu répondre aux préoccupations affrontées, voici quelques passages qui ne réclamaient pourtant ni clairvoyance ni initiation, se contentant du dernier né au front de l'Homme, de notre entendement !

La conception de Jésus !

Pourquoi Matthieu et Luc, les seuls à s'intéresser à l'enfant Jésus, ce futur temple, élaboré patiemment au fil des générations, se seraient-ils échinés à retracer d'importantes généalogies si cette conception avait été "virginale"?

La véritable nature du Galiléen !

Pourquoi deux évangiles sur quatre (Marc et Jean) s'intéressent à ce mystère, certes, mais uniquement à partir du baptème dans le Jourdain ?

Que s'est-il passé alors de mystérieux qui puisse ainsi captiver l'attention "experte" de ces deux observateurs avisés ?

Que pouvons-nous comprendre, enfants de l'exil, à ce contact avec cet autre monde dont nous avons tout oublié, jusques et y compris que nous en sommes issus ?

Ce scandale dénoncé par les uns, occulté par les autres, étouffé par l'Eglise : le Christ serait donc mort  sur la croix ! ...

Les critiques à ce sujet provenant d'autres religions semblent y voir plus clair que ceux qui nous ont embrouillés !

Revenons donc aux évangiles ! 

"Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" 

Ce cri de désespoir se trouve chez Matthieu, l'initié aux mystères esséniens qui suivit attentivement le déroulement de cet évènement tant attendu, pour lequel ils s'étaient réunis depuis près de deux siècles, depuis la naissance de Jésus jusqu'à sa fin tragique, jusqu'à sa prise de conscience de cet abandon nécessaire, hors de portée de notre morale, humaine, trop humaine !  

A cet appel pathétique du crucifié, de cet abandonné de tous, des apôtres avant même de ce qui l'animait depuis le baptème, répond chez Marc, l'allégorie du jeune homme en robe blanche, fantomatique, et qui s'enfuit lors de l'arrestation de Jésus, échappant ainsi à la prise des sbires du Sanhédrin !

Chez Marc toujours, il y a, quelques heures avant la passion, au Mont des Oliviers, ce passage poignant où Jésus, sachant, voyant ce qui va lui arriver, est submergé par une mortelle angoisse, seul, terriblement seul, en prise à une soudaine dissociation de son Je et de son Moi supérieur, transcendant, qui l'a porté et accompagné depuis ces trois dernières années !

Et, pour conclure ce dernier sursaut de celui qui est né d'une mère humaine, cette dernière révolte, un nouvel éclair de clairvoyance comme celui qui avait animé Pierre, ces paroles, cette "reddition" qui tout à la fois annoncent le raidissement de Nietzsche et le mystère du christianisme : " Pas ce que je veux, mais ce que Tu veux ! ".

Et, comme en écho, cette parole centrale de Paul : "Non pas moi, mais Christ en moi !". 

Récent, au regard du temps long de l'évolution, le sentiment du Moi, né d'une rupture avec la tribu, avec la loi du sang, avec l'inconscient collectif, aurait dit Jung, et bientôt avec ce tout autre qui n'aurait que la nature pour s'exprimer, est alors récent, incertain, mais il va s'affirmer toujours plus, jusqu'aux actuelles dérives !

La grandeur du christianisme est de reconnaître cette nécessaire liberté pour, si tel est son bon désir, se raccorder à la source de cette évolution !

La résurrection, cet essentiel du christianisme, cette déraisonnable " folie divine ", ce sens cosmique du timing de notre nécessaire liberté, fut galvaudé, occulté, par des théologiens devenus démagogues, voire matérialistes! 

Sur la Porte des Lions, nous sommes revenus à plusieurs reprises sur ce dénouement capital, désormais rejeté par notre bon sens, au moins tel qu'il nous fut présenté !

Nous avons salué l'immense travail d'Henri Corbin qui permet à ceux qui cherchent la vérité, de comprendre ce mystère, de le "localiser", par la description de cet intermonde ou monde imaginal, qui n'a rien d'imaginaire, situé entre notre monde sensible et le monde intelligible !

Où l'esprit se donne à voir dans l'étendue, aurait pu dire Descartes s'il avait raisonné en dehors du cadre dont il s'affirmait pourtant libéré, il est vrai à voix basse ! ...

Cet intermonde "Ethérique" aurions-nous pu ajouter, avant qu'Einstein ne décide de s'en passer pour la propagation de la lumière, ainsi réduite à son expression physique, lui accordant, magnanime, la possibilité de se déplacer à sa guise, de telle ou telle manière ! ...

Dans l'évangile, si l'on ne prend pour exemple qu'une seule apparition du ressuscité, la première, emblématique, à Marie Madeleine, celle-ci ne le reconnait pas dans un premier temps, le prenant pour le jardinier ...

N'est-ce pas suffisamment explicite ?

 


La suite dans les tout prochains jours !


PS : pour "l'opinion" curieusement occultée d'Aristote sur les femmes, comme pour l'alerte "oubliée" de l'irréductible gaulois Hilaire de Poitiers, merci à François-Marie Portes !

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