Entre mythe et physique quantique, l'aventure du rationalisme ! ...

Entrevu pour la première fois au pays d'Homère, alors qu'il cherchait son chemin dans les décombres encombrants du mythe, le rationalisme, ce nouveau dieu, semble désormais, à l'instar des anciens olympiens, existentiellement menacé par le petit dernier, ni prévu ni désiré, né au début du XXème siècle !

Il lui reste cependant encore quelques beaux jours, car, pas plus que cet autre scandale que fut un instant le mythe pour le bon sens de nos aïeux, le mystère du monde quantique ne sera véritablement questionné avant de passer définitivement aux oubliettes ! ...

C'est tout juste si quelques physiciens en mal de justification, osent rappeler à cette société utilitariste et amnésique que l'on doit au génie de ces physiciens quelques objets et services devenus indispensables, comme le smartphone, le GPS ...

Quant à l'opinion, qui ne vit plus dans l'instant, mais ne trouve pas un instant qui ne soit digne d'être filmé, peu lui chaut de savoir que cette "amélioration" de son cadre de vie a elle-même pour cadre une remise en question radicale de tout ce quoi elle croit depuis des lustres ! 

Le mythe, c'est ce qui n'existe pas ! ... A moins que ce ne soit l'intelligence que nous en avons qui nous fasse cruellement défaut ! ...

Le mythe, nous l'avons oublié, fut un scandale pour notre bon sens naissant, oublié d'autant plus facilement qu'il est devenu synonyme de ce qui n'existe pas !

Le triomphe des mots, toujours ! ... ou quand les mots deviennent des cerceuils ! ...

Il faut dire que Platon himself n'a pas peu contribué à sa dévalorisation, non en le qualifiant de "conte de bonnes femmes", mais en habillant ses concepts métaphysiques d'images tirées du monde sensible, comme ce fut le cas pour le si mal nommé "mythe de la caverne"! (1)

Et c'est précisément là que le bât blesse, car aux temps reculés du mythe, la pensée conceptuelle attendait encore son tour sous l'horizon de l'histoire des hommes ...

Le mythe originel n'est donc pas un concept habillé pour se faire comprendre des neuneus,  mais une vision dans l'astral, avant que l'homme n'en soit expulsé; pour le dire autrement, dans le monde imaginal ou intermonde, qu'Henri Corbin nous ramena sans tambour ni trompette du pays des soufis ...

Dans ce monde intermédiaire, le monde intelligible (ou, si vous préférez, le monde spirituel, ce fourre-tout désormais déserté, et de ses habitants et de nos représentations!) se donne à voir sous formes d'images tirées de notre monde sensible !

Ce monde que nos demi-savants, anachroniques, camés au rationalisme et se trompant d'étage, ont décrit comme habité par des dieux anthropomorphiques ...

Trouvez à placer ce mot, "anthropomorphique", dans un dîner en ville, vous verrez, effet garanti ! ...

Si Descartes revenait parmi nous, il pourrait dire : "Ce monde suprasensible où la pensée se donne à voir dans l'étendue ! ..."

Mais, s'il a eu une deuxième chance de revenir dans l'étendue, il n'en est pas forcément conscient ! ...

Mythe et physique quantique, ces deux relations au mystère de l'univers !

A cette différence près, qu'après avoir été snobé, dépouillé de toute légitimité, avant même d'être oublié, le mythe divulguait à tous cet étrange spectacle rassurant qui se jouait dans le monde invisible, alors que la physique quantique ne délivre véritablement son inquiétante étrangeté qu'à un petit nombre, composé d'épistémologues et de philosophes peu empressés ! 

La raison du succès du mythe tint en partie à ces images familières tirées du monde sensible, comme tentent de le faire nos rêves avec moins de lisibilité, alors que la physique quantique, en dépit de quelques efforts remarquables de vulgarisation, ne peut faire autrement que d'annoncer une douloureuse remise en question de nos croyances déguisées en "bon sens" !

Heurtant de plein fouet ce nouveau viatique, né sur les décombres du mythe, et qui refuse l'idée saugrenue d'ajouter ses propres cendres à celles dont il eut tant de mal à se dépétrer ...

Et si nous revenions à cette époque où le mythe fut limogé en tant que médiateur de l'invisible ! ...

C'est à Platon, semble-t-il, que revint la responsabilité d'achever la bête, mais, si l'on n'entend pas se contenter des discours simplificateurs, observons que c'est présicément à son époque que culmine, dans la pierre finement sculptée, un tout nouveau discours sur l'invisible !

Les morts et les dieux ne font plus alors l'objet d'un récit verbal, mais d'une figuration esthétique qui ressemble autant que faire se peut à l'image idéale que nous en avons !

Platon s'est d'ailleurs inquiété de ce tranfert, de ce nouveau médium qui, nouvel esclave de l'illusion,  prisonnier lui aussi au fond de la caverne, ne faisait que retarder le processus d'intériorisation, le saut dans l'abstraction, la conceptualisation cérébralisante d'un monde par essence ineffable !  

"Tu ne te feras pas d'images taillées ! ", en cet Orient natal que Platon n'avait pas répudié, Moïse avait depuis belle lurette donné le coup d'envoi de cette marche forcée de l'Homme ... vers lui-même ! ...

L'échec de la physique quantique en fait de représentation du monde invisible !

L'affaire est entendue, on n'y entend plus que couic !

Les physiciens ont avoué ! 

Pour ne prendre qu'un exemple, après plusieurs tentatives plus ou moins naïves, il n'est désormais plus question de se représenter l'atome d'une quelconque manière, réfugié au plus intime d'une équation qui a l'élégance de le protéger du vulgaire !

Quant à certains phénomènes comme l'intrication, insolemment affranchie des contraintes assommantes de  l'espace et du temps, que pouvons-nous bien en dire, à moins de faire un pas de coté, pour ne pas dire une embardée, allant jusqu'à questionner la métaphysique honnie, officiellement répudiée, en se pinçant ostensiblement le nez pour sauver son honneur ?

Et, comme s'il n'y suffisait pas, qu'en est-il de ce boson de Higgs, qui, non content d'avoir permis à l'univers encore tout fou de se structurer, aurait le culot de remettre en selle la "cause finale" dont nous avions de bonnes raisons de penser qu'elle était finie ?

Ne parlons pas des choses qui fâchent, du statut de ces lois que nous avons statufiées, en lieu et place des anciens dieux ? 

Alors certains se posent une question existentielle, serait-ce la fin des haricots, devons-nous quitter la scène, tout péteux ?

Que nenni !

Après tout, qu'attend le peuple, si ce n'est du pain et des jeux, des smartphones et des scanners, alors contentons-nous de ces mathématiques qui, certes, ne nous disent rien de la matrice, mais nous permettent de prévoir un avenir toujours plus déconnecté de ce qui nous attend !

La suite dans les tout prochains jours !

(1) Plusieurs siècles plus tard, le Galiléen qui s'adressait à des foules encore peu atteintes par la pensée conceptuelle froide et distante, savait utiliser ces paraboles fourmillant d'images chaudes et bavardes ...