La fin d'une immense méprise !

Si vous savez d'avance quoi en penser, le "en" désignant tout sujet qui mérite réflexion, ne vous faites pas mal, ne perdez pas votre temps à lire ce qui suit, sauf si ricaner vous sert de viatique pour traverser cahin-caha ce que nous appelons "notre vie" !

Les physiciens ont beau "déchosifier" l'atome, rien n'y fait. Par vitesse acquise, la plupart d'entre nous considèrent que nous sommes faits, quitte à prendre un mot pour un autre, de particules, bref, de ces atomes dont la dernière représentation en vogue est un genre de système solaire copernicien qui coûta la vie à Giordano Bruno !

Pour les matérialistes, s'il est évident que l'univers n'a pas de créateur, leur représentation du monde, manifestement plus déférente, a le sien, Démocrite est son nom !

Cette doctrine dont il n'eut pas le loisir de reconnaître la paternité, lui fut attribuée post mortem par Aristote, alors préposé à l'Etat civil des idées, décidant de qui avait dit quoi, ou de ce qu'il aurait dit ...

Si Einstein à Berne, décidait consciencieusement de la validité des brevets, sous le regard attentif de son superviseur, il semble que les fantaisies d'Aristote dans le domaine de la physique ont cessé de prospérer avec les expériences de pensée de Galilée, mais n'aient trouvé que très récemment leur censeur dans le domaine des idées, avec le travail d'un homme utile à son siècle, à tout le moins à ceux à venir, nommé Heinz Wismann !

Il en a l'autorité, et sa démonstration est convaincante, je vous laisse en juger au fil de son livre, "Les avatars du vide" ou de cette conférence d'anthologie qu'il tint avec Etienne Klein le 23 mars 2015 sur l'Agora des savoirs - You tube.

De quoi s'agit-il ?

Eh bien, rien de moins qu'un fourvoiement qui égara une partie de nos élites depuis plus de deux mille ans, avant d'envahir nos représentations, bref, de ce matérialisme qu'Aristote inventa de toutes pièces afin de discréditer le trublion d'Abdère, "cette matrice des idiots !" ...

Bravo Monsieur Wismann ! ... qui d'autre que vous avait, non seulement la possibilité de détecter la supercherie, mais également le courage de la dénoncer, en dépit de la doxa des élites au sein desquelles vous faites bonne figure, comme des risques encourus ?

Dommage que vous vous soyez arrêté en route, car, en universitaire de haut vol, occidental en diable, vous concluez, de cette manière anachronique et suffisante qui nous ressemble tant, par une admiration rétrospective, quasi narcissique qui tient en cette fausse interrogation : comment, avec le si peu de moyens à leur disposition, ces anciens Grecs ont-ils pu atteindre un tel niveau de spéculation ?  

Attention, une méprise peut en cacher une autre !

Il nous reste à remercier Monsieur Heinz Wismann, non dans le sens de le congédier, mais bien au contraire de souligner que sa déconstruction, spécialité bien française à l'origine, est vraisemblablement la plus utile et la plus courageuse du XXème siècle !

En effet, ce qui était une idée reçue, dans le premier sens du terme, et devint sur le tard une idéologie, aura du mal à survivre à cette intransigeante et docte analyse, bien que, par vitesse acquise et par fainéantise intellectuelle, la supercherie s'attarde encore dans les consciences ! ...

Après cet effort gigantesque de décontamination de la pensée occidentale, Monsieur Heinz Wismann n'a cependant pas dû prendre toutes les précautions nécessaires, car il retomba bien vite dans l'ornière de notre pensée sclérosée, colonialiste, narcissique, anachronique et autosatisfaite !

Les philosophes Grecs auraient tout inventé, ex nihilo !

Il s'agirait en quelque sorte d'un " Big Bang" de la pensée humaine, dont nous savons par ailleurs comme il est malmené depuis quelques mois par l'inspecteur James ! ...

Rends-toi compte, dit-il en s'adressant à son miroir, au nom des siens : comment en sont-ils arrivés à ces conclusions si proches des nôtres, sans le LHC, sans les équations ? ...

Il est vrai que sa représentation est conforme à la fausse histoire de la philosophie telle qu'invariablement enseignée par l'Ecole, qui démarre généralement avec Thalès et s'acharna illico presto, selon notre déconstructeur enfin rassasié, "à dépasser le dualisme partout présent pour retrouver l'Un jusque dans le monde sensible" ...

Vénus de Milo ! ... ou, pour le dire autrement, les bras m'en tombent, mais pas au point de m'empêcher de reprendre ma plume !

Tout d'abord le dualisme n'est, ni ne fut universel, pas plus lorsque la pensée conceptuelle, à peine sortie des limbes ("le miracle grec", selon les positivistes, pris en flagrant délit de paradoxe!), s'empara du mystère cosmique jusqu'alors confiné aux centres des mystères, et divulgué au plus grand nombre au moyen d'images empruntées au monde sensible, ce que nous appelons la mythologie ...

Pour faire vite : l'Inde primitive se développe sous le regard attentif de l'Un, la Perse primitive, effectivement, sous le signe du deux, l'Egypte et l'Occident sous le signe du trois!

Le mystère de l'Un et du multiple, ou comment faire sortir la diversité de l'unique, n'est pas une découverte des philosophes !

Les mystères orphiques, assez proches (le diable est dans les détails !) dans le temps et dans l'espace des citoyens d'Abdère, l'équivalent pour Aristote de nos "crétins des Alpes", célébraient l'arcane de ce mystère central, mystère parmi les mystères, devant quelques initiés cooptés.

Pour le plus grand nombre, dépourvus encore de notre pensée conceptuelle, n'en déplaise aux niveleurs empressés, aux anachroniques, le mythe de la mise en pièces de Dionysos Zagreus permettait d'assister à ce drame micro et macrocosmique d'où ils étaient advenus, individus en puissance, ne sachant pas encore trop que faire de cet émiettement, de ce surgissement de l'autre, de cet étrange sentiment du "moi" ! ...

Qu'en est-il alors réellement de cette spéculation dont Démocrite est désormais affublé ?

Après le matérialisme qui lui tint chaud le temps de traverser le rude hiver de la pensée, le voilà donc revêtu de notre manière si légère de voir le monde ! ...

Que dit Démocrite de cet univers interdit à nos yeux de chair, et qui serait le résultat d'une spéculation ?

"Le grand vide est parcouru, comme déchiré, par de fugaces trajectoires d'énergie, qui vont, viennent, et reviennent sur elles-mêmes, telle une écriture cosmique !"

"Le non-être n'est pas moins que l'être !"

"Du réel nous ne pouvons rien savoir, nous en sommes exilés à tout jamais, car il gît au fond de l'abîme ! ..."

Alors là, vous m'en direz tant, pour une spéculation, c'est une spéculation ! ...

Avait-il fumé un pétard, le crétin d'Abdère ? ...

Ce que ne sait pas Monsieur Wismann, qui pense que sa manière de penser a toujours existé, nonobstant l'absence de nos outils conceptuels, c'est que la plupart des présocratiques jouisssaient encore de restes d'une clairvoyance atavique et/ou étaient initiés dans les centres des mystères.

Une des deux initiations consistait, alors que c'était encore possible, à séparer l'âme du corps, qui restait alors dans un état léthargique, pour une périlleuse expansion dans le cosmos !

Tous n'en sont pas revenus en bon état, et ceux qui purent mettre des mots sur ces expériences si étrangères à celles habituelles du monde sensible, parlent d'un sentiment de disloquation, d'expulsion, de dissolution, évoquent une expérience douloureuse, "stupeur et tremblements" ânonnaient certains, après avoir réintégré leur corps ...

Ce que Démocrite a vu en esprit, nous fait penser à ce que, sur la Porte des Lions, nous avons exhumé concernant l'initié Héraclite décrivant les effets de la relativité restreinte sur les trajectoires, et à sa suite Plutarque, sur l'invisible et sauvage agitation du monde, jusque dans la matière qui nous semble inerte ...

Auxquels on pourrait ajouter Anaximandre et son "apeiron", cet univers indistinct qui annonce les travaux de Heisenberg sur le principe d'indétermination, ce mauvais génie de notre incertitude !...

Alors, devant ces télescopages, les amateurs de conclusion rapide, augmentés des vicieux, positivistes bornés, dont les arrière-pensées ne craignent rien tant que la pensée qui va de l'avant, me rétorqueront tous en choeur, avec plus ou moins de malice : "Tout ça pour ça ! " ...

Non, "tout ça"pour la Liberté, car, nous ne cessons de le dire à ceux qui ont poussé la Porte, ce qui s'est joué et se joue encore, entre les visions béates ou effrayées de nos anciens, irresponsables pour tout dire, et la magnifique et trébuchante recherche actuelle, c'est la première esquisse du chemin menant à notre Libération !

Certains épistémologues, à l'exemple de Michel Bitbol, perplexes devant l'évanescence, pour ne pas dire "l'insolence" du monde quantique, ce radicalisme insolent de "la chose en soi ", ont pressenti l'étrange nécessité de cette dérobade du réel, sans toutefois entrevoir l'arrière-plan cosmique de cette évolution de notre psychisme ! ...

Dernière minute (juillet 2024) !

Comme nos chercheurs ont réussi l'exploit de photographier un atome de lithium en tous ses états, tour à tour discret ou insaisissable, sous forme de paquet d'onde, comment s'empêcher de penser à ces "tresses d'énergie" relatées par Démocrite ?


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