Ces étranges passages des évangiles qui, en premier réflexe, prêteraient plutôt à sourire ! ...

Souvent, à qui daigne encore justifier son émancipation de cette croyance, quelques images suffisent !

Ainsi de ce Jésus qui marche sur les eaux (souvent cité), apostrophe un figuier qui ne demandait rien à personne ( moins connu, mais tout aussi délirant), et va, tenez-vous bien, jusqu'à se montrer à telle ou tel, alors que jamais ô grand jamais, foi de romain aguerri, personne ne sortit vivant du supplice de la croix !

Nos propres journalistes souvent racontent des bêtises, ce n'est plus une nouvelle, aussi pourrions-nous être plus indulgents pour ces biographies que sont les évangiles !

Mais c'est là que le bât blesse, car précisément il ne s'agit pas de biographies, et pour qui aurait l'audace de tenter de les lire vraiment, il faudra tout d'abord passer par un sas de décontamination : de notre anachronisme, de notre superbe, de nos préjugés, de notre inculture, s'agissant d'un psychisme qui n'est plus le nôtre, auxquels vinrent s'ajouter des siècles d'incurie de la curie, couronnés par la démagogie jouissive de leurs détracteurs accourus ...

Pour commencer, nous savons désormais faire parler les couches sédimentaires qui gisent au fond des océans ou, déguisées en falaises, défient notre regard, mais qui s'est jamais attelé à exhumer celles qui se sont accumulées dans nos représentations ?

Prenons un exemple, le positivisme !

Qui sait encore ce que fut ce mouvement de pensée dominant et dominateur du XIXème siècle ?

Mais bien plus encore, qui sait que ses conclusions obsolètes servent encore de prémices à la plupart de nos pensées, de nos jugements ?

Auguste, bien décidé à ne pas s'en laisser conter par ceux qui maniaient les causes comme d'autres les ombres chinoises, tint l'analyse suivante devant un parterre d'adeptes déjà acquis au spectacle :  après que les XVIIème et  XVIIIème siècles aient éradiqué les causes finales, oublions à notre tour les causes premières, pour ne retenir que ce que nos yeux de chair peuvent constater !

En d'autres termes, de l'origine de l'univers et où il va, si il y va, peu nous chaut !

L'épreuve des faits, voilà la nouvelle ordalie des nouveaux croyants !

Elle a l'avantage de faire moins de morts que l'ancienne, si bien évidemment l'on excepte la mort cérébrale, moins spectaculaire, plus sournoise, endémique pourrions-nous dire ! ...

Fort heureusement ce diktat du "bon sens", cette auto-mutilation psychique, ne fait plus florès dans la communauté scientifique qui, pour ne prendre qu'un exemple, patienta près de quarante années avant de constater la validité des spéculations autour d'un boson "fantôme", attribué sur le tard à un chercheur jusqu'alors inconnu nommé Higgs !

A défaut d'être la "particule de dieu" comme le proclamèrent à la hâte ceux qui furent brutalement tirés de leur sommeil, il s'agit-là peut-être d'une cause indispensable à la formation de l'univers !

"C'est du simple bon sens !"

"Le bon sens près de chez vous !" proclama fièrement une publicité, tandis que de mauvais esprits rétorquaient : "Alors, ne vous éloignez pas trop ! " ...

Voilà une expression corvéable à merci qui, vraisemblablement, servira de marqueur de nos générations à ceux qui nous succéderont à la surface de Gaïa !

Car, qu'est-ce que cela dit de nous si ce n'est que le raisonnement qui précède ce label autodécerné est logique, duplicable, vérifiable ?

Vérifiable qui plus est, par ces témoins irréfutables que sont nos yeux !

Or, ce qui a le pouvoir de nous étonner, de nous déstabiliser, mais que nos yeux ne voient pas, est déjà là, à portée de curiosité, depuis des décennies, mais, opiniâtre, "la lumière est revenue dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas reçue !"

Nous savons désormais, sans négliger pour autant le bond spectaculaire de notre connaissance,  que nous ne percevons qu'une infime partie de la lumière, n'entendons que quelques sons, quant à ceux dont le spectre organoleptique est plus développé que la moyenne, ils sont nos sommeliers d'exception ou bien encore, plus discrets, n'en déplaise à Cyrano, "nez" dans le parfum ...

Pour évoquer cet autre monde invisible dont nous parlent les équations, la mesure précède l'objet qui, feu follet dans l'âme, sans cette contrainte, peut être ici ou là, voire les deux à la fois, communiquer instantanément à distance, affranchi de cette dernière, empêcheuse de tourner en rond, apparaître ou disparaître en une fraction de seconde ...

Contre-intuitif !

Confrontés à un tel défi, notre intelligence, pour une fois respectueuse, nous commande de ne point rire de ces étranges nouvelles, avant de s'esquiver, nous laissant "contre-intuitif" pour tout viatique !

Non seulement, c'est de plus en plus évident, nous sommes privés d'une grande partie du mystère de l'univers, mais notre isolement va jusqu'à méconnaître l'évolution de notre psychisme au fil des millénaires !

Nous abordons souvent cet aspect sur La Porte des Lions, aussi nous contenterons-nous ici d'un seul exemple : ce que nous disent les équations de "cet autre monde invisible", où l'atome hier encore  héliocentrique est devenu ineffable, Héraclite, Plutarque l'avaient vu en esprit, auxquels il faudrait ajouter Démocrite, s'il n'avait été honteusement falsifié par Aristote pour des raisons idéologiques ! ... 

Il s'agit d'un temps que les moins de deux-mille ans ne peuvent pas connaître ! ...

Pourquoi le Galiléen s'adressait-il aux foules accourues au moyen de paraboles ? Pourquoi quelque sept siècles auparavant, Homère sollicitait les muses, ces filles de Mémoire, avant d'entrer en transe rythmique ? 

"Figure de style", dira le pédant philologue qui ne sait pas ce que veut dire "se rendre présent au passé" ni pour Homère, ni pour lui-même ! ...

La clé qui nous fait cruellement défaut, c'est une véritable histoire évolutive du psychisme. En lieu et place, il nous plaît de penser que ceux d'avant étaient moins intelligents !

Cela ne nous dit rien d'eux mais tout de nous ! ...

Au temps d'Homère, la pensée conceptuelle attendait encore son tour sous l'horizon de l'histoire, tandis que la clairvoyance atavique s'attardait chez certains et que la relation au mystère du monde par l'image était encore la norme ...

Au temps du galiléen, la pensée conceptuelle s'était largement imposée dans des cercles étroits, mais nombreux étaient encore ceux qui comprenaient mieux à l'aide de ces allégories que sont les paraboles !

Comme les mythes et comme les rêves, celles-ci empruntent des images au monde sensible pour tenter de se faire comprendre, ce à quoi ne parviennent plus les rêves !

Tout d'abord, et plus que jamais, contextualiser !

Car cet "homme" n'est pas tombé comme un cheveu sur la soupe, dont se sont néanmoins repus les hommes de pouvoir accourus, se servant et se resservant encore, laissant sur leur faim les véritables croyants !

Mais allons à l'essentiel, ce qu'il a déclenché à la surface de Gaïa dépasse largement toute explication rationnelle, qu'il convient toutefois de ne pas négliger, au moins si l'on considère que ce que nous appelons l'histoire, n'est qu'un symptôme de ce qu'il se passe sur des plans supérieurs ! ...

Initialement, si l'on a bien compris sa venue, c'est de notre destin qu'il s'agissait, quand bien même quelques opportunistes à l'affût virent-là une aubaine qu'il s'agissait de ne pas laisser passer !

Ce contexte oublié mais pourtant attesté !

Lors des décennies qui précédèrent les évènements de Palestine, les Hébreux, certes attendaient le Messie, et parmi eux, tout particulièrement les esséniens qui se préparaient dans l'éventualité où il honorerait l'un des leurs, mais ils n'étaient pas les seuls, en témoignent ici et là ces empereurs romains, ces successeurs d'Alexandre qui tenaient à être considérés et vénérés comme des dieux !

Reste à déterminer, une fois décontaminés de notre condescendance, les raisons de cette attente fiévreuse qui excède largement les trois peuples que nous venons de citer !

A la recherche du saut psychique ou pour une nouvelle façon d'écrire l'histoire !

Lors des dernières décennies, furent abandonnés les sempiternels récits de bataille, les généalogies couronnées de succès ou de défaites, en vue d'étudier enfin les mentalités !

C'était un pas de géant, au petit pied toutefois, car l'on persistait à se priver des productions de ce que l'on estimait être la fantaisie des hommes !

Se condamnant ainsi à décrire des instantanés, fussent-ils pris à bonne distance pour englober de longues périodes; ce fut le cas de Jean Delumeau pour les mentalités religieuses, qui, soit dit en passant, failli renoncer au vu de ce qu'il découvrait ...

La caractéristique du saut, comme il en est du saut quantique, ou du "reculer pour mieux sauter" en biologie, c'est qu'il faut être là au bon moment, sous peine de penser que ce qui en résultat a toujours existé !

Cela n'est toujours pas aperçu, mais le mythe est un excellent témoin, pour peu que l'on veuille bien descendre de son piédestal, paradoxalement confortable, et prendre le soin de le décoder ...

Jean-Pierre Vernant s'est approché au plus près de leur vérité sans toutefois, bien qu'ancien résistant, franchir la ligne rouge à partir de laquelle l'Ecole se serait emportée contre lui !

Dans un tout autre domaine, Henri Corbin a poussé beaucoup plus loin, sous couvert d'exhumer une philosophie exotique qui avait prospéré loin de cet Occident infanticide ... Ebahi par l'identité de ce qu'il découvrait avec certains enseignements de la Science de l'Esprit, il avoua ne pas pouvoir en faire état dans le contexte sectaire qui prévalait encore à son époque ...

Pourquoi à ce moment-là de notre évolution ?

Comme il est dans l'esprit de l'époque d'ignorer les mystères, ou alors de s'en approcher avec d'infinies précautions, partons de ce qui ne serait qu'une hypothèse et faisons lui subir l'ordalie de la logique, notre nouveau dieu !

Si donc, par pure hypothèse, l'entité qui fut nommé Christ ou Verbe a bien décidé de s'apparenter  temporairement à l'un des nôtres, fusse-t-il le meilleur, pourquoi fût-ce précisément à ce moment-là de l'histoire des hommes ?

S'il s'agissait "uniquement" pour un immortel de connaître notre triste sort, toute autre date aurait pu faire l'affaire !

Il a donc bien fallu qu'un évènement plus conjoncturel, à l'échelle de notre évolution s'entend, vienne précipiter cette curieuse décision ! ...

Mais plus encore, si cette entité n'existe pas, comme certains se sont plus à le proclamer, pas plus d'ailleurs que le monde spirituel qui, de ce fait,  n'aurait pu l'envoyer, à quoi bon tout cela ?

Sans que cela saute aux yeux, c'est peut-être dans cette question que se dissimule une partie de la réponse ! ...

La rodomontade n'est-elle pas, tout bien considéré, un appel subliminal adressé à ce qui la dépasse ?

En cette hypothèse, de l'existence des hommes au moins, nous ne pouvons douter, alors regardons ce qu'il s'est passé de leur coté !

Pour ce faire, nous avons désormais la chance d'accéder à de nombreuses informations sur la période qui précède de quelques siècles les évènements de Palestine, notamment en Grèce, bien documentée et qui fit l'objet d'investigations récentes sur un terrain tout autre que celui des batailles, et bien au delà de la quête un brin narcissique de l'origine de nos démocraties ...

La Porte des Lions complétera ces recherches sur les représentations, du témoignage essentiel et pourtant ignoré des mythes fondateurs, souvent plus exacts que cette aimable fable que nous appelons histoire, servile et oublieuse de ses vocation et signification premières : l'enquête ...

Alors, c'est à prévoir, de ce qui sera ainsi observé, on pourra toujours dire qu'il s'agit de la folie des hommes, que la vie est absurde, ou, intrigués quand même par l'enchaînement des évènements, nous demander si ce drame ne serait pas, par le plus grand des hasards, le symptôme de celui qui se joue sur des plans supérieurs, que jadis le mythe tutoyait, mais que notre pensée conceptuelle ne saurait concevoir !

Un millénaire de bouleversement du psychisme et des représentations !

Entre l'épopée homèrique et la conceptualisation stoïcienne, soit en l'espace de quelque cinq siècles,  il s'est passé beaucoup de choses autour du crâne de l'Homme, puis sous ce dernier, dont la configuration carcérale préfigure la nôtre !

Ce fait divers de le saga humaine n'intéressa pas l'histoire, cette sorte de presse people plus de deux fois millénaire, affairée à l'histoire des "grands", à leurs batailles sur le champ, avant que celui-ci ne soit réduit à la dimension d'un lit ! ...

Le mythe du rapt de Perséphone, à défaut de prêcher dans le désert, en témoigne depuis des lustres, attendant d'être convoqué un jour, qui sait, au tribunal de la vérité !

Nous y reviendrons, mais pour l'heure, voyons les effets de cette mutation, de ce reculer pour mieux sauter, mis à jour par nos chercheurs inspirés ...  

Question préliminaire : qui a jamais vu l'amour, la jalousie, la mémoire, ou bien encore son âme ?

Pour s'en faire une idée, les anciens Grecs avaient tout naturellement personnifié ce qui devint chez nous des concepts ou des catégories psychologiques.

C'est ainsi qu'entrèrent en scène dans la conscience des hommes : Eros, Hera, Mnémosuné, Eurydice ou bien encore Pénélope, âme d'Orphée pour la première, d'Ulysse pour la seconde !

Mais, pas plus que le cosmos ne saurait passer sous nos fourches caudines, le monde spirituel n'est prévisible !

Prélude à un nouvel ordre cosmique qui nous expulse : Lhété, personnification de l'oubli, et par conséquent de la mort, préside désormais à notre naissance !

Les enfants de l'oubli !

Si l'on résume la doxa, c'est dire s'il ne reste pas grand chose :  les Grecs nous ont laissé la démocratie en héritage, un temps essayée, avant de l'abîmer, comme un enfant gâté le fait de ses jouets !

Alors bien sûr, pour ceux qui ont le temps de penser, il y a la philosophie, mais que reste-t-il de Platon dans ce monde en rupture de ban, hermétiquement fermé à toute possibilité d'un retour à notre véritable origine ?

Que reste-t-il d'Aristote, de ses raisonnements qui firent autorité pendant près de deux millénaires, quand les nôtres tiennent le haut du pavé quelques décennies tout au plus ? 

Reste la mythologie, intacte ou presque, indemne de notre curiosité profanatrice, qui s'était émue devant une salle bientôt désertée de notre expulsion du véritable savoir, de l'intransigeant oubli qui s'interposa entre ce qu'il nous est donné de concevoir ici-bas et ce que nous vécûmes avant même d'être conçus ! ...  

Soit, vous m'en direz tant ! ... quant à tous ces personnages mythiques, ne sont-ils pas délicieusement exotiques ? ...

Au moins si l'on ignore que pour n'avoir plus souvenir de cette interdiction qui nous fut faite, nous sommes doublement les enfants de l'oubli !  ...

Pour les anciens Grecs, quelque part entre Homère et Socrate, le mal absolu, la mort pour tout dire, étaient personnifiés par les amours trompeurs de Léthé, la déesse de l'oubli !

Jusqu'alors, en franchissant la porte de l'Hadès, celui qui avait bu à son eau entrait au royaume des ombres, absorbé promptement par le brouillard chaotique de ces êtres amputés de leur mémoire, dépourvus de conscience !

Achille, qui avait troqué une vie paisible pour la gloire immortelle, en fit l'aveu à Ulysse, de passage au royaume des morts : "Mieux vaut être mendiant à la surface de la Terre, que roi au royaume des ombres !" ...

Ces ombres inquiétantes qui s'étendent sur ces siècles incertains et reviennent dans l'allégorie de "la Caverne", conçue par Platon sur le mode d'un mythe, comme une dernière bouteille à la mer d'une humanité qui sait que sa mise à mort est actée dès lors que Léthé préside à notre naissance !

Pour quelle raison, au gré de quel courant, cette bouteille ne s'est jamais échouée sur l'un de nos rivages, voilà bien la clé de notre mystère !

Le figuier maudit et le rapt de Perséphone !

Ces deux témoignages essentiels du récent bouleversement micro et macrocosmique qui fit de nous ce que nous sommes, ont en commun d'avoir été relégués aux oubliettes de nos représentations, refermées sur le mystère du "reculer pour mieux sauter" observé dans l'intimité du vivant, mais qui, en l'occurrence affecta notre psychisme ...

Ainsi coupés de la dernière et décisive péripétie de notre origine, nous nous sommes plu à imaginer être le fruit d'une longue évolution "pâtissière", tendue vers ce statut de "cerise sur le gâteau" auto-décerné depuis un peu plus d'un siècle, sous le regard interloqué des étoiles ! ...

Le passage du "figuier maudit", incompréhensible, ôtant toute crédibilité au Galiléen, délaissé par les théologiens soudainement amnésiques, intervient en toute fin d'évangile !

Cependant, nous commencerons par lui, dans la mesure où, pour qui sait le lire (encore eut-il fallu qu'on y soit incité ! ...), il entérine la fin d'une longue et interminable époque, l'entrée dans la nouvelle, drame cosmique qui "décida", contre toute logique humaine, l'entité que nous appelons Christ à venir témoigner de ce monde qui nécessairement s'enfuyait des consciences ! 

Et par conséquent, de s'apparenter à la mort, à ce moment charnière de notre évolution où la logique était en plein essor !

Le mythe du rapt de Perséphone précisément, décrit cette mutation subtile qui nous affecta de telle sorte que "le figuier ne puisse plus porter de fruits !"

Explications !

La scène a lieu peu de temps avant la crucifixion, et ce timing, comme toujours dans les évangiles, est d'une importance cruciale !

Soudain le Galiléen quitte les siens pour rejoindre un figuier esseulé au bord du chemin, pour très vite lui reprocher ne ne pas porter de fruits, alors que ce n'est pas la saison ! ...

Toute aussi incongrue, la sentence ne tarde pas à tomber qui interdit à cet arbre jusqu'alors sacré de porter désormais un quelconque fruit ...

Laissons ricaner les ricaneurs (s'ils sont arrivés jusque-là !),  pour tenter de contextualiser ce passage qui, selon toute apparence, ne gêna pas l'Eglise au moment de trier le bon grain de l'ivraie, les évangiles canoniques des apocryphes ...

Est-ce à dire que, parmi le jury, se trouvaient encore quelque initié qui savait le rôle central du figuier dans la spiritualité clairvoyante des anciens, comme ce Siddhartha gautama qui connût l'éveil sous un figuier dont nos bobos ne nous disent pas l'importance, ou cette comparaison que fit Krishna, maître en physiologie occulte, à son élève Arjuna, entre cet arbre dont les racines semblent tomber du ciel et la structure subtile de l'Homme ... 

Lorsque les humoristes n'eurent plus peur de l'Eglise, il n'y a pas si longtemps, le passage qui vous assurait un succès immédiat, c'est celui de "l'aquaplaning du Galiléen !" ...

Souvent cité pour ôter toute crédibilité aux évangiles, il ne trouva pas beaucoup de défenseurs éclairés parmi les théologiens, trop occupés sans doute à trouver de nouveaux moyens susceptibles de culpabiliser les ouailles, pour, comme à la belle époque, trouver les fonds nécessaires à l'édification de clochers toujours plus hauts, battant le rappel à intervalles réguliers, afin que le pékin moyen n'ait pas le temps de laisser filer sa dette personnelle ...

Le ricaneur, souvent ignore que son réflexe n'a d'autre fonction que de masquer son ignorance !

Mais, qui pourrait bien lui en vouloir, puisque ceux qui avaient pour mission de divulguer les secrets du christianisme, ont préféré se vautrer dans l'intemporalité béate du pouvoir, dont le secret resta, au fil des siècles, jalousement confiné dans l'entre-soi des palais !

Comment alors, si l'on ne se contente pas d'en sourire, aborder ce passage avec les représentations qui sont devenues les nôtres ?

N'est véritable que ce que nous avons déjà pu constater ou, si cela est vraiment nécessaire, expérimenter !

Cette loi devenue populaire, à défaut d'être universelle, cette ordalie laïcisée, découle d'une autre loi, plus discrète, qui veut que nos représentations se limitent désormais à ce que nous enseigne le couple étroitement intriqué de nos cinq sens et de notre cerveau !

En a-t-il toujours été ainsi ? Mais voyons ! ... c'est une question qui ne se pose pas, et la preuve en est que nous ne nous la posons pas ! ...

C'est précisément parce que personne ne la pose, que les évangiles sont devenus en partie illisibles, au moins depuis que Luther, rendons-lui grâce sur ce point au moins, en ouvrit l'accès jusque-là interdit au vulgaire !

La physique quantique serait-elle en passe de pourvoir à l'indigence des théologiens ?

Avec cette nouvelle manière de "voir" le monde, puisque nos yeux ne nous sont plus d'aucune utilité à si petite échelle, chacun convient désormais, que la marche du monde ne s'arrête pas à ce que l'on peut en discerner !

Qui plus est, ce qui nous servit si longtemps de bouée, de repère, de réassurance, de totem, j'ai nommé notre "bon sens", est sérieusement mis à mal, dès lors que notre regard de chair est disqualifié !

L'affaire est d'importance car il s'agit d'une première émancipation du monde sensible, d'une suite ininterrompue d'expériences de pensée, sous le regard attentif de Galilée, ou bien encore d'un renouveau de l'intériorisation, de l'imagination libératrice, d'un point de vue anthropologique ...

Ceci étant, pour lire certains passages des évangiles, tout un chacun ne dispose pas dans son jardin d'un LHC de vingt-sept kilomètres, ni ne maîtrise les équations complexes qui, contrairement à nos yeux équarquillés,  peuvent voir ce qu'il en est vraiment du réel, plusieurs dizaines d'années avant que leur prédiction ne soit confirmée !

En ce contexte de mise à l'écart de la plupart d'entre nous, n'ajoutons pas d'huile sur le feu en criant sur les toits le constat de l'astrophysique qui, peu charitable, nous fait remarquer que nous ne voyons pas grand chose ni n'entendons rien exactement ...

Si l'entité que l'Occident a appelé "Christ" s'est bien incarnée à l'époque retenue depuis lors par nombre de calendriers, il s'agit d'une époque charnière pour l'évolution de notre psychisme !

Partons d'un aspect "curieusement "négligé des évangiles, ce malgré la très grande perspicacité de nos exégètes, et autres philologues pas tentés !

C'est celui du recrutement des apôtres !

Passons sur le nombre de douze qui indique vraisemblablement à ceux qui ne veulent plus élever leur regard vers l'organisation du cosmos, qu'il souhaitait être le treizième à table !...

A part Judas, l'intello de la bande, le prométhée local qui pense l'avenir, fait des plans sur la comète, et pour commencer, sur la possibilité ainsi offerte par l'évident charisme du galiléen, de bouter le romain hors des frontières !

Les autres sont les fruits de leur époque, peu cultivés au sens actuel du mot, intermittents de la conscience claire qui est devenue la nôtre, entraînés parfois par de soudaines résurgences de clairvoyance atavique dans ce monde onirique que nous continuons à fréquenter la nuit, mais dont nous ne savons plus rien !

Le tabouret d'Einstein !

Cela est passé inaperçu, mais l'un de nos contemporains, parmi les plus célèbres, mit au point un curieux stratagème aux fins de retenir les informations éminemment fugaces de ce monde onirique !

Le tabouret en question n'ayant d'autre mission que de lui permettre une courte sieste, tout en refusant d'assurer l'équilibre propice au sommeil profond, afin qu'il ne puisse s'endormir, non sur ses lauriers, mais sur ces drôles de manières de voir le monde sensible quand nous n'y sommes plus sensibles ! ...

Qu'allait-il chercher dans le sommeil ? Savait-il que notre corps subtil s'étend alors dans l'univers ? Toujours est-il qu'il avait remarqué qu'il est très difficile de retenir ses rêves lorsque nous prenons le temps de nous réveiller, en tout cas suffisamment pour que le monde sensible, jaloux et exclusif, capte immédiatement notre attention.

La relativité restreinte résulte-t-elle d'une expérience de pensée ou d'un souvenir de voyage dans un autre plan de conscience ? D'ailleurs, où est la frontière ? Ce que l'on sait, c'est que ce ne sont pas les équations qui l'ont prédite comme ce fut le cas souvent en physique quantique ou en astrophysique, mais qu'elle vinrent au secours de sa "vision" par l'intermédiaire de Marcel Grossmann son ami, spécialiste de la géométrie en milieu courbe ...  

A cette occasion au moins, la chronologie fut respectée entre la vision des initiés antiques comme celles d'Héraclite ou de Plutarque, et la recherche moderne cérébralisante, autonomisante, avant ce nouveau saut psychique qui voit les mathématiques supplanter nos sens dans l'observation du réel ! ... 

Revenons donc à ce passage qui a largement contribué à discréditer les évangiles !

Une étude reste à mener, mais il y a fort à parier que ce passage ayant pour cadre un lac non gelé, et par conséquent ce monde sensible que l'on estime bien connaître, fit plus, les explications bancales et embarassées des théologiens aidant, pour le délaissement de ces textes, en partie hermétiques, que la résurrection elle-même qui a pour cadre l'au-delà de la mort !

Point n'est besoin d'être grand clerc pour deviner, à ce sujet controversé, le prudent murmure des habitués du Pari de Pascal, en attendant les hypothétiques progrès de la médecine : " Sait-on jamais ? Restons positifs !" ...

Ce qui, vous l'avouerez, est le comble pour un positiviste, mais les créateurs de ce mouvement d'opinion n'avaient pas envisagé toutes les implications du choix usurpateur de ce mot !

D'ailleurs, ce qui a "tué" la résurrection, ce fut cette aberration, démagogie ou démission, un peu des trois sans doute,  qui consista à l'exfiltrer du "lieu" où elle fut aperçue, pour la ramener dans ce monde sensible des croyants qui ne croient que ce qu'ils voient !

Nous y reviendrons!  

Tout ceci se passa donc lors de la quatrième veille de nuit ! ...

Si quelques uns d'entre nous savons désormais que nous sommes en permanence traversés par des milliards de neutrinos, nous avons oublié l'influence du cosmos sur l'origine et l'organisation de la vie, et pour finir, sur le déroulement de la nôtre ... il est vrai que nous avions commencé par escamoter cette antique sagesse qui pourrait nous servir d'axe de recherche : "Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut !", mais quiconque prétendrait raviver ce savoir ancestral, s'exposerait illico à l'opprobre de la "volaille qui fait l'opinion" ! ( Comme l'avait écrit Alain Souchon, "notre" précieux orfèvre de la formule qui tue ! )

L'auteur de l'évangile de Matthieu, lui, tout comme ses maîtres esséniens, réunis depuis plus d'un siècle pour préparer l'évènement de Palestine, n'avait pas oublié cette prépondérance du cosmos, qui avait précisé cette heure alors propice à des états de conscience modifiée, comme à des influences provenant d'autres directions ...

Hommes de l'époque charnière, les disciples choisis par le nazaréen sont parfois sujets à des résurgences de clairvoyance atavique, mais ayant déjà pris pied dans le psychisme qui est le nôtre, leur premier réflexe en la circonstance est de qualifier l'insolite apparition du maître sur le lac, comme nous le ferions, de fantomatique !

L'honneur est sauf, la raison reprend ses droits, et il est vrai que depuis près de deux siècles, nous nous en tirâmes ainsi, après toutefois en avoir bien ri ! ...

Puisque les arguments d'autorité, souvent alambiqués, empêtrés, qui sentent "le dos au mur", d'une église qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, mais, comme les moqueries laissent à certains d'entre nous un sentiment d'inachevé, le temps semble venu de tenter de comprendre ce passage insolite, comme celui plus problématique encore de la résurrection !

Mystère final, mais pour autant central, sans lequel l'incarnation de cette entité nommée en Occident, tour à tour : Christ, Logos, Verbe, n'a aucun sens ! 

Longtemps, il nous manqua les clés pour tenter de pousser la porte de ces énigmes !

Un jeu nous en fut rapporté de Perse, il y a peu, par Henri Corbin, sans, doit-on le préciser, qu'il fût jamais dans son intention, clairement affirmée, de les voir utilisées de la sorte ...

De quoi s'agit-il ?

Tout simplement de ce travail phénoménal de restitution d'une sagesse oubliée, accompli patiemment par Henri Corbin, seul dans sa quête, seul dans son coin, en Perse pour tout dire, en cet endroit sublime et primordial qui a tant à dire sur nos origines dont nous ne savons plus l'origine ! ...   

Comme en écho singulier, cela dit en passant, à l'impulsive reconquista en terre d'Espagne, mais cette fois-ci sans bruit, sans fureur, sans morts, avec tout au contraire la volonté de compréhension de l'autre, du tout autre, de celui qui nous ressemble tant ! ...

Ce dont l'Occident s'est privé au VIème siècle en expulsant les néoplatoniciens, et qui fit flores dans cet Islam nouvellement né, avide de savoirs, fussent-ils occidentaux, nous est revenu subrepticement, pacifiquement, par l'intermédiaire de cet homme merveilleux, oui, merveilleux, parcequ'utile aux siens, parceque dans le bon timing avec l'époque qui s'annonce !

L'explication que l'Eglise ne pouvait plus donner !

Empêtrée dans la géologie de ses conciles toujours plus réducteurs, discriminants, sectaires, de sa théologie spéculative, mais plus encore de ses manipulations, celle qui avait pour mission d'expliquer le mystère du Golgotha, ceux qui l'annonçaient, comme celui qui nous occupe, s'était empêchée de décrire cette scène pour ce qu'elle était, émancipée à l'évidence du monde sensible, relatant des visions astrales,  première initiation des apôtres à l'initiative du grand hiérophante cosmique se donnant à voir pour l'heure, et comme il est précisé : lors de cette quatrième veille de nuit, dans le corps éthérique de Jésus !

Comment ce qui nous fut "restitué" par Henri Corbin, peut éclairer cet aspect essentiel du mystère christique ?

Il s'agit avant toute chose, pour éviter le claquage, de nous "refamiliariser", si tant est que ceux qui en avaient la charge, les nouveaux pharisiens romains, aient jamais tenté de le faire, avec des concepts pour nous devenus difficiles d'accès, comme ceux "d'imagination active", "d'intermonde", de "monde intelligible", voire même, pour commencer par le commencement, de "monde sensible" !     

Ce monde, notre monde, est dit "sensible" car accessible à nos cinq sens, et c'est en raison de cet aspect "pratique" que nous le disons réel, en dépit de l'antique avertissement qui voulait que "nous ne voyons rien ni n'entendons exactement !", désormais corroboré par la physique, sans que cela ait retiré une quelconque légitimité à notre fameux "bon sens"! ...  

Qui a jamais étudié l'inertie de nos représentations ? Qui a jamais mis en équation leur vitesse acquise ?

En un certain sens, il vaut mieux qu'une grande partie de l'univers nous soit interdite d'accès, car comme avertissait le mythe : Sémélé, simple mortelle, mère de Dionysos, ayant obtenu de voir Zeus son amant, dans sa réalité cosmique, fut consumée sur le champ ! ...     

Et si l'on transpose avec ce que nous savons maintenant, qu'en serait-il de nous si nous pouvions percevoir soudainement l'intégralité du spectre électromagnétique, et non la seule lumière visible, identifier ces milliards de neutrinos qui nous traversent sans crier gare ?    

Qui a jamais étudié l'influence du cosmos sur l'embryogénèse ?

D'une manière plus "terre-à-terre", un "nez" dans le parfum, capable donc de reconnaître jusqu'à plusieurs milliers d'odeurs différentes, fut un jour transporté dans les couloirs du métro, discrètement harnaché d'un micro caché, et témoigna alors de sa terrible épreuve par quelques descriptions que je vous épargnerai ... 

D'une manière plus générale, on commence à savoir que l'hypersensibilité est souvent synonyme de souffrance psychique !

Il faut donc s'y résoudre : y compris dans le monde sensible, un créneau nous est réservé, et il s'agirait peut-être de tenter de comprendre le pourquoi de cette restriction !

Sans compter que ce créneau est ouvert aux seules heures comprises entre notre réveil et notre endormissement ...

Comment relire ce passage de "Jésus marchant sur le lac" à la lumière de la sagesse d'Orient ramenée à bas-bruit par Henri Corbin ?

Ce qui est décrit là par l'évangile, ne s'est pas produit dans le monde sensible, mais dans l'astral, ce qu'Henri, notre passeur providentiel, décrit comme un intermonde, ou monde imaginal, qui n'a cependant rien d'imaginaire, mais auquel certains peuvent accéder au moyen de l'imagination active,  éteinte par conséquent chez la plupart d'entre nous, à commencer par votre serviteur ! ...

C'est un monde intermédiaire entre notre monde sensible et le monde intelligible des Dieux dont quelques soufis célèbres ont fait l'expérience, souvent contrastée, en raison de leur degré d'évolution spirituelle ... 

Pour parler comme Descartes, si toutefois son intelligence ne l'avait pas condamné à rester à l'extérieur du mystère, c'est un lieu où la pensée se donne à voir dans l'étendue !

Bien évidemment, ces quelques mots ne suffiront pas, et pour ceux qui, de bonne foi, cherchent la vérité, il faudra écouter l'enseignement de Celui qui était parti pour découvrir Heidegger et se retrouva en Perse islamique !

Comme quoi, tous les chemins ne mènent pas à Rome !

En attendant, et à ce moment du mien, j'en suis arrivé à comprendre que la scène du lac est une préfiguration de celle de la résurrection, une initiation en somme !

Son lieu étant (les mots ont plus ou moins d'importance, à tout le moins ont évolué de concert avec notre psychisme, de l'image au concept ), dans l'astral, ce que Henri Corbin, intellectuel du XXème siècle, a conceptualisé sous la forme d'un intermonde ...


 

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