Proclus, ce néoplatonicien qui rendit sa dignité au monde ! ...
Proclus, philosophe néoplatonicien du Vème siècle, à l'inverse de son lointain et vénéré maître, comme de l'Eglise romaine utilitariste qui usa et abusa du rejet de ce monde pour de tristes motifs, lui rendit sa dignité, sa beauté, mais plus encore, sa nécessité, en ce qu'il permet à chacun de jouer sa propre partition dont le cosmos, qui nous fit et nous attend, est particulièrement gourmand !
Décidément en avance sur son époque, et sur nous-mêmes qui nous croyons libres mais sommes conditionnés par un discours plus de deux fois millénaire, nul autre que lui ne parla aussi bien des mythes, bienveillant, admiratif, reconnaissant, à l'égard de cet antique déchiffrement du mystère de l'univers, alors que la pensée conceptuelle attendait son tour sous l'horizon de l'histoire ... (1)
Que dire alors de sa description du chemin des âmes, du rôle spécifique de chacune d'entre elles, une fois arrivée ici-bas, au terme de la procession, que ne saurait moquer aucun biologiste, aucun généticien ?
Ce pourfendeur d'idées reçues, mais plus encore de celles qui s'attardent, était-il raccord avec l'esprit du temps ?
Certainement plus que l'Eglise d'alors qui avait reniflé la bonne affaire dans cette atmosphère délétère que se partagaient les contempteurs de ce monde, platoniciens radicaux et gnostiques empressés ...
Devenue romaine dans l'âme, oublieuse de sa vocation première, celle-ci avait promptement saisi l'opportunité de culpabiliser le vulgaire, en attendant de le convoquer bientôt au guichet des indulgences ...
Rejet du monde que le crucifié n'avait à l'évidence pas partagé, et pour cause, si toutefois ceux qui se réunissaient alors en son nom avaient eu ne serait-ce qu'un brin de jugeote ! ...
Coté "païens", Plotin, obnubilé par le mystère de l'Un, tel que vénéré par ces Brahmanes que le destin ne lui permit pas de rejoindre dans cette incarnation qui le fit connaâtre, désigna la matière dont ce monde est fait comme la source de tous nos maux ..., quant à saint-Augustin, manichéen mal décontaminé, commandeur des "prédestinés" (ces croyants pour le moins curieux, tout bien considéré ! ...) ne s'avisa-t-il pas de refuser aux âmes individuelles l'aventure de la liberté, du "moi" qui s'affirmait toujours plus bruyamment, au détriment des arguments d'autorité qui les parquaient ici où là, selon leur supposé destin ...
Bombardé Père de l'Eglise, malgré sa cécité, ou en raison de celle-ci, on oublia bien vite le pétard mouillé que fut ce moine Pélage qui, certes, avait compris ce message essentiel et libérateur du crucifié, mais aurait dû le taire en ce qu'il ne faisait pas l'affaire de ces hommes avides de pouvoir ! ...
(1) ... "Les mythes, qui figurent l'indivisible par les divisés, les êtres éternels par des processus temporels, les intelligibles par les sensibles, représentent de façon matérielle l'immatériel, de façon étendue le non étendu ..."
Proclus, "Commentaires sur la République de Platon ".
Pour le texte complet : Proclus, "Une vie une oeuvre", sur France Culture le 26/03/1987, ou You Tube "Rien ne veut rien dire ! "6/05/2017.
La suite dans les tout prochains jours !