La vie après la mort ! ... Chaque époque eut son discours ! ... La nôtre aurait-elle dit son dernier mot ?

Pendant des millénaires, les prêtres, cette toute première forme identifiée de pouvoir absolu, détinrent jalousement la clé du mystère de ce monde invisible dont notre espèce aurait été chassée, expulsée, au moins selon les dires de la mythologie grecque et de la Bible, responsables longtemps, l'une et l'autre, de nos représentations craintives et douloureuses, désormais abandonnées au profit d'une hypothèse paradoxalement plus valorisante, en ceci que certes, nous serions des primates, mais ô combien évolués !

Père involontaire de cette fable récente, Darwin n'est plus parmi nous!

Imaginons alors cette scène où il retrouve Adam adossé à l'arbre de vie, inconsolable, l'apostrophant ainsi : "Pauvre pomme, ne sais-tu donc qu'un petit chez soi vaut mieux qu'un grand chez les autres ?"

Ca c'était avant, mais parle-moi de moi, y a que ça qui m'intéresse ! ...

... Et puisque je te tiens, laissons là ces contes pour enfants, et dis-moi plutôt ce qu'il pourrait bien advenir de moi, une fois privé de mon corps pour me déplacer et de mon cerveau pour penser ...

Tel est la traduction à peine caricaturale de la question que personne n'ose plus poser (à qui d'ailleurs ?), si tant est que pour nombre d'entre nous elle se pose encore ! ...

Sur l'avant et l'après de la vie, les prêtres avaient bien entendu un avis !

Quand bien même l'on peut y trouver certaines similitudes, y déceler les traces d'une tradition primordiale, leurs discours ont considérablement varié au fil du temps et des paysages ...

Seule, leur emprise sur les représentations ne souffrit aucune contrariété ! ...

Jusqu'à ce que l'Occident, ou du moins la "fille ainée de l'Eglise" sorte la tête de l'eau au XVIIème siècle, s'ébroue discrètement, bien décidée cependant à ne plus courber l'échine, avant, quittée par les bons esprits, de devenir à son tour sanguinaire, imitant sans la moindre pudeur les méthodes de l'Inquisition, à un détail près : sur la place publique des voyeurs assemblés, expéditive et pressée d'en finir, la guillotine "magnanime" avait remplacé le sadique bûcher ! 

Comme ceux des Grecs, le Dieu de la Bible est anthropomorphique !

Avec ou sans bâillon, ce constat, longtemps interdit de cité, enclencha l'exode massif de ceux qui, faute de pouvoir s'exprimer, votèrent avec les pieds ...

En tête de cortège, signalons quelques agitateurs talentueux tels que Spinoza, Voltaire et Diderot qui, ce dernier, enfant du scalpel et pressé d'en finir, désira mettre fin aux atermoiements, à la vitesse acquise des arguments d'autorité, par ces quelques mots vitrioliques : "Il est plus utile de savoir distinguer le persil de la cigüe que de croire en Dieu !"

Ils en avaient trop vu, tous ceux-là, trop entendu, de la part de ceux qui, sans vergogne, avaient trahi le message du Galiléen, pour prêter quelque attention à Maïmonide qui, au XIIème siècle, pensa le temps venu de disculper Moïse de sa présentation quelque peu anthropomorphique de Yahvé, afin de détourner, step by step, le regard de ses compagnons d'exil de leurs idoles, qui, tout bien considéré, ne ressemblaient à rien ( Non, ça c'est moi qui le rajoute ! ) ...

A l'évidence, lors de cette traversée du désert, propice aux hallucinations, ce passeur inspiré avait fort à faire, le temps n'étant à l'évidence pas venu du dieu ineffable, de la théologie négative, de l'addition soustractive !... 

Le monde spirituel ne se donne à voir qu'en fonction de notre état psychique !

Sur la Porte des Lions, souvent nous insistons sur cette "accommodation" du monde spirituel qui ne se donne à voir qu'en fonction de l'état psychique de l'Homme !

Au fil des siècles, cette vérité a disparu sous le fatras des images, des manipulations, des décisions conciliaires qui, dans leur folie anathémisante, le diable est dans les détails, oublièrent toutefois de censurer la prédiction du Galiléen à la Samaritaine, comme cet autre passage où il admonesta violemment les pharisiens, ces prêtres de palestine, pour avoir confisqué l'accès au monde spirituel aux seules fins de règner sur les hommes ! ...

Pire encore, au VIème siècle, l'Eglise romaine, récemment instituée, mais déjà fragmentée, en voie d'implosion, se donna corps et âme à Justinien, un militaire qui pensait que l'encadrement de la croyance était chose trop sérieuse pour être confiée à des théologiens ! 

Ce jour où l'Occident ferma l'accès au monde spirituel !

Ceux des prélats accourus en nombre à cette mascarade, à ce qui devait aboutir à la mise en demeure comminatoire de rejoindre le dogme, étiquetée : "Deuxième concile de Constantinople", avaient-ils mesuré la détermination glaçante de celui qui, sitôt arrivé au pouvoir, avait fermé l'école platonicienne d'Athènes, voulait de surcroît clore le bec d'un mort encore trop bavard à son goût, de cet Origène qui désormais manque tant aux représentations des chercheurs de vérité ! ...

Ainsi amputé, l'Occident, après que le discrédit ait enfin été jeté sur les prédicateurs de l'enfer, sur les sadiques du purgatoire, tardivement mis sur le marché mais très productif, n'a désormais plus grand chose à dire sur le monde spirituel, "suprasensible" dirons-nous, pour ménager la susceptibilité de ceux que même ce mot irrite ! ...

Tout comme quelques habitants de Pompéi purent échapper à la fureur nivelante du Vésuve, cette haute spiritualité des néoplatoniciens qui nous fait cruellement défaut, fut alors transportée à dos d'hommes vers l'Orient, vers le berceau de Zoroastre, vers cette Perse féconde, appelée à conférer bientôt une tonalité particulière à la radicalité révolutionnaire de l'Islam ! ...

En éradiquant Origène de nos futures représentations, Justinien savait ce qu'il faisait, à tout le moins celui qui l'habitait : la négation de la tripartion humaine "corps, âme, esprit", dynamique, propice à la possibilité pour l'individu naissant, conscient de lui-même, de se mettre directement, mais surtout volontairement, en rapport avec le monde spirituel, en conformité avec la prédiction du Christ à la Samaritaine, permettait de mettre les ouailles sous le joug d'une dualité corps-âme qui, bien exploitée, était grosse de culpabilité, ce terreau du pouvoir, tandis que l'esprit restait l'affaire des prêtres !

Notons que Descartes, le soi-disant pourfendeur de la Tradition, des arguments d'autorité, le designer de la table rase, s'engouffra pour autant dans la brèche d'un dualisme réducteur, certes, mais offert aux opérations de la raison ! ...

Mais, il y a plus grave !

En contradiction totale avec l'enseignement du Christ à la Samaritaine, à sa condamnation sans appel et prémonitoire des pharisiens "hypocrites", l'accès direct au monde spirituel nous fut à nouveau confisqué sans vergogne par ces prêtres aux ordres du pouvoir, et partant, de leur propre pouvoir ...

Quant à ce que nous y faisions avant, ayant éradiqué Origène, ils n'eurent qu'à confirmer les assertions de leur maître à penser Aristote : "Pour toi désormais, point de réminiscences, il n'y a pas d'avant !" ...

Pour autant, les élucubrations du "maître de ceux qui savent" ne trouvèrent un large écho dans les consciences que dans la mesure où celles-ci s'étaient récemment obscurcies, n'avaient plus souvenir ...

Les anciens Grecs s'en étaient émus qui avaient déplacé Léthé, la déesse du mortel oubli, de l'entrée du monde des morts, du royaume des ombres, au seuil de la naissance ! ... 

Tout s'était inversé et l'Hadès s'était désormais établi ici-bas !

Tout, à l'échelle de la longue durée, s'était passé relativement vite ...

Ainsi en témoignait encore l'aveu d' Achille à Ulysse, de passage aux enfers : "Mieux vaut être mendiant sur la Terre que roi au royaume des ombres ! " ...

Cette inversion de l'état de conscience, cette métamorphose, Platon tenta de nous la rappeler au moyen de son allégorie de la caverne, qu'anachroniques chroniques, autosatisfaits, nous "réduisons"à  une réflexion philosophique, alors qu'il s'agit d'un "arrêt sur image" d'un temps fort de la tragédie de notre espèce ! 

La mécanique quantique, une nouvelle allégorie pour notre temps !

La perte de toute représentation de ce qui précéda notre naissance, comme de ce qui pourrait bien survivre à notre mort, est désormais quasiment totale !

Au point que, au moins en ce qui concerne l'avant, nous ignorons même en avoir perdu souvenir, quant à l'après, actuellement en jachère, difficilement remis du discours qui nous laissa une terre brûlée, il reste offert au plus offrant ! ...

Comme une cellule de notre corps bloque une très grande partie de son potentiel pour jouer le rôle unique que "l'organisation" attend d'elle, la vie cosmique, grosse de tout les possibles, se propage à la manière d'une onde de probabilités, puis soudain, rencontrant un regard, un instant interdite, elle va se contraindre à jouer un rôle, "discret" disent les physiciens ...

En effet, la vie de la plupart d'entre nous se passe dans l'anonymat le plus complet, n'ayant pas pris  conscience du rôle unique que chacun doit y jouer, non sous le regard des autres, qui souvent fait diversion, mais sous celui de cet autre nous-même qui, non local, nous attend à l'autre bout du temps accordé !







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