D'un miroir l'autre, qui sommes-nous ?
Elle y aura mis un certain temps, mais notre origine céleste a désormais fait long feu, remplacée à la va-vite par le singe qui s'attarde encore dans les représentations de la plupart d'entre nous !
Mais l'heure n'est plus aux Elohim, au mythe ou à la spéculation, car notre moderne géniteur, c'est l'algorithme !
Anthropomorphique certes, puisque c'est nous qui l'avons créé, mais prometteur en diable d'une nouvelle absence de liberté !
Donc, après des milliers d'années à nous remettre de la chute ou de l'expulsion, après quelque deux siècles à faire cavalier seul dans des étendues dépourvues du moindre arbrisseau, nous voilà désormais observés par une intelligence qui nous aurait devancés dans l'art de la simulation, autrefois réservé à ceux qui voulaient échapper au service militaire obligatoire ! ...
Flash back !
Quand bien même cela provoque chez nous un sourire idiot, il faut se rendre à l'évidence : ceux qui nous ont précédés pendant des milliers d'années à la surface de Gaïa, étaient intimement persuadés que notre origine est d'ordre extra-terrestre, avec quelques variantes, bien entendu, selon les récits qui en furent faits !
Pour peu que l'on veuille bien en venir à la conclusion exécutoire de ces différents récits, on ne peut que constater une expulsion : du banquet partagé avec les dieux, selon la décision unilatérale de Zeus, ou du paradis, selon le désir égoïste d'Adam ...
Victimes des dieux ou victimes de nous-mêmes ?
A l'heure où il est bon de revendiquer ce statut, cette question mérite que l'on s'y attarde, notamment à cette hypothèse d'une simulation auprès de laquelle l'esclavage fait figure de liberté ! ...
Mais, revenons à nos moutons, qui, mutatis mutandis, s'interrogent désormais sur ce qui les meut ! ...
Assistons-nous à la rencontre improbable de Platon et de l'ordinateur quantique ?
Si le premier avait cessé d'exister depuis belle lurette dans nos représentations, le second semble se dessiner toujours plus nettement à l'horizon des évènements ...
Ce singulier télescopage vient de ce que le premier avait tenté de nous dire plus de deux millénaires avant les congrès Solvay, que ce que nous appelons le réel n'est pas la réalité, en d'autres termes, avant même de nous payer de mots, nous nous payons d'images : ce monde, ou du moins la perception que nous en avons, est une illusion !
La vérité, ensevelie avec l'enseignement occulte de ce dernier des orientaux, ce sont les archétypes, dont l'accès nous fut progressivement interdit par la dernière née au front de l'Homme, la pensée conceptuelle, exclusive, ce coucou qui bascula la clairvoyance atavique hors du nid !
Utilitaristes décomplexés, les adeptes de la simulation, notre nouvelle matrice, eurent besoin pour leur démonstration, de remettre à l'honneur notre tragique fourvoiement intelligemment illustré par le mythe de la caverne ...
Prétendant à la rupture décisive, au happening, comme toute idée nouvelle qui entend s'imposer dans le bruit informationnel de nos sociétés, ils ne sauraient avouer, ou s'avouer, qu'ils ont tout bonnement remplacé les archétypes par le paramétrage et, dans la foulée, déchargé les dieux de cette tâche désormais confiée à une civilisation avancée ...
Privée de sexe, la psychanalyse n'est pas grand chose, mais peut-elle au moins nous permettre de comprendre pourquoi ceux-là veulent se livrer pieds et poings liés à une intelligence perverse qui avait tout prévu, y compris d'apparaître à notre conscience par cet effet miroir ...
Donc, après l'expulsion, après l'émancipation, vient le temps de la captivité, vient le temps du bocal dans lequel nous nous agitons, en désespoir de cause !
Chacun est libre de s'attarder devant l'un ou l'autre de ces miroirs déformants, comme cela est possible aux aficionados du musée Grévin ! ...
Epilogue !
A ceux qui seraient choqués par cette qualification de la Genèse, précisons que ce n'est pas la Genèse qui est un miroir déformant, c'est l'explication qui nous en fut faite aux fins de nous culpabiliser, alors que cette entité que nous appelons l'Homme personnifie l'ultime pari de l'intelligence cosmique : la liberté !
De fil en aiguille !
Les tenants de la simulation ne sont pas les premiers à exploiter ce qui chez Platon peut conforter leur thèse!
Cette église naissante n'a, à l'évidence, pas souvenir de cette autre qui se servit sans vergogne pendant des siècles de la dévalorisation du monde sensible, distillée par ce derniers des orientaux, ce, non pas pour relativiser leur pouvoir, bien au contraire, mais pour tenir sous le joug les êtres de chair, accourus au son de la cloche rassembleuse et qui courbaient humblement l'échine sous les vociférations tombées de la chaire !
La Porte des Lions aura à coeur de rétablir le véritable discours de ce faire-valoir, dans son intégralité et son intégrité, notamment pour débrouiller le paradoxe escamoté des deux Genèses, ce qu'aurait dû faire l'Eglise romaine, si toutefois elle avait été réellement au service du crucifié !