"Chez Platon, tout est bon !" ...
Certes, mais chacun a son morceau préféré !
L'un d'entre eux avait suffi à nourrir un discours qui, pendant des siècles, nous fit courber l'échine !
Il s'agit seulement de l'entame d'une allégorie "connue" sous le nom de mythe de la caverne ...
Puis, comme on ne peut vivre éternellement sans se redresser, on avait fini par oublier ce lavage de cerveau avant d'avoir à prendre position dans l'interminable débat qui opposa les Darwinistes et leur progéniture créationniste ...
Quand, dans ce brouhaha qui n'en finissait pas, l'hypothèse glacante d'un philosophe venu du nord vint subitement refroidir les ardeurs ...
La question de notre origine, lui, il l'avait tranchée façon jambon d'York : la "simulation", voilà notre véritable mère primordiale !
Ainsi, braves gens, ne cherchez pas plus loin : de notre origine céleste, ou à tout prendre terrestre, que nenni, rien de tout cela ne subsiste !
Chaque époque a ses révélations, ou celles qu'elles méritent diront les grincheux, et la dernière en date fut faite à un programmeur perdu en plein désert des connaissances ...
Selon ce qu'en son extrème solitude, il se dit alors, une intelligence plus précoce que la nôtre avait eu l'idée saugrenue de nous imaginer et, pour ce faire, de nous encoder, juste pour le fun, pour voir comment nous allions nous dépêtrer de situations inextricables, dans cet immense jeu vidéo que nous prenons pour la vie !
Dans sa vision fulgurante, l'écran avait remplacé la caverne ! ...
En revenant à lui, parmi ses contemporains, ainsi requinqué mais redoutant la possibilité de sourires narquois, il éprouva le besoin de lester son hypothèse quelque peu légère d'une référence à la "célèbre" allégorie intitulée : "mythe de la caverne" !
En réalité, pressé de retourner à sa console, il s'était contenté à son tour d'un tout petit bout de ce morceau par trop difficile à digérer, de cette entame qui avait revigoré des générations de prédicateurs, confiscateurs déjà de notre liberté !...
Que restera-t-il de cette nouvelle chapelle dans quelques dizaines d'années ?
Mystère et boule de gomme ! ...
Quels étaient ces prédicateurs qui faisaient écran à la vérité ?
Ancienne secte, persécutée, souterraine le cas échéant, devenue institution ayant pignon sur rue, l'Eglise romaine a utilisé pendant des siècles, et en contradiction totale avec la parole qu'elle était censée propager, cette prise de distance avec le monde sensible du dernier des orientaux échoué à Athènes, ce, pour culpabiliser ses ouailles, "le vulgaire" comme il se disait en haut lieu, prisonniers tout à la fois de ce monde et de la "chair immonde" ! ...
Ne vous déplaise, ennemis de la liberté d'hier et d'aujourd'hui : Platon n'est pas à vendre à la découpe !
Puisqu'il semble bien, qu'après avoir été longtemps discrédité par son élève Aristote, à son tour laissé sur le bord de l'assiette, l'option Platon est à nouveau sur la table, le temps nous semble donc venu de rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui lui a échappé !
Contrairement au mythe, cette relation onirique au mystère du monde où la raison n'intervient pas encore pour empêchement cosmique, l'allégorie de la caverne est un concept mis en image, afin de mieux se faire comprendre de ses contemporains dont le psychisme n'est pas encore le nôtre mais n'est plus celui de leurs prédécesseurs. De la même manière, un peu plus tard à l'échelle de l'évolution, le Galiléen s'adressera aux foules accourues au moyen de paraboles !
Le message fondamental de cette allégorie, négligemment escamoté par ce simulacre d'analyse des tenants de la matrice, tente de rappeler aux grecs de son époque qui n'ont, mutatis mutandis, plus commerce avec le monde spirituel, ces "pauvres en esprit" évoqués un peu plusbtard par le Galiléen ... de rappeler, disais-je, la permanence invisible et désormais muette d'un monde intelligible, d'un monde des archétypes dont le monde sensible n'est qu'un pâle reflet, une ombre !
Si l'on ne reste pas à la surface des choses, il semblerait bien que la découverte de cette bouteille à la mer à nous adressée par ce dernier des initiés, puisse remédier à notre incompréhension rédhibitoire de la Genèse ! ...
Ainsi, dites-vous, la Genèse est désormais disqualifiée, soit, mais alors laquelle ?
Préambule !
Les bâtards du Roi étaient nommés "Fils de France", avec les prérogatives qui s'y attachaient ...
La descendance clandestine de Robespierre, ce sont les philologues qui ont droit de vie ou de mort sur un texte, sur un auteur ...
Ainsi ont-ils rempli la charette tragique des têtes qui, à leur goût dépassaient par trop, tels que Moïse, Homère, Shakespeare, j'en passe et des moins bons ...
Tous destinés au cimetière de ceux qui n'ont pas vécu !...
Entreprise de démolition préférant l'échafaud à l'échafaudage, et forts de leurs succès auprès d'une opinion aux yeux injectés, ils s'attaquèrent à la Genèse, remarquant, fin limiers, que deux textes y faisaient allusion sans que pour autant leurs témoignages ne concordent ...
Laissons-là les efforts pathétiques des églises sérieusement malmenées pour y trouver coûte que coûte une cohérence, laissons-là nos anachronismes, nos oublis, et par dessus tout, nos représentations, empêtrées désormais dans le monde sensible, seul monde réputé réel !
Ceux qui voulurent conférer un peu de crédibilité à leur hypothèse selon laquelle nous évoluerions dans une simulation, ont zappé la conclusion du mythe de la caverne, c'est-à-dire l'essentiel !
Ceux qui ont zappé la Genèse au prétexte que deux textes en parlent sans dire la même chose, ne prennent même pas la peine de simuler une certaine ouverture d'esprit; à l'image de nos nouveaux geôliers, ce sont des idéologues qui s'ignorent ...
La scène au cours de laquelle "Dieu" crèe l' Homme à son image se passe dans le monde intelligible, il ne s'agit pas d'Adam, l'Homme terrestre, l'Homme fait de boue, mais de son archétype !
Cela est d'ailleurs précisé pour qui veut bien numéroter chaque élément de l'édifice avant de le déconstruire aveuglément ...
Survient un autre passage qui, a minima, nous laisse perplexe mais plus sûrement nous fait sourire : c'est celui où Dieu demande à Adam de nommer chaque animal !
Socrate avait répondu par avance à notre rejet prévisible d'un tel récit !
L'Homme n'existe pas plus dans le monde sensible que le lion, il y a des hommes, il y a des lions !
Seul l'Homme, être hybride, mais par conséquent spirituel, peut rattacher chaque être singulier à son archétype, désormais inaccessible à nos sens et bientôt à notre bon sens !
L'affaire fut pliée avec la crise nominaliste qui décida que le lion, l'Homme, était une commodité de langage !
Le monde intelligible de Platon était mis à la benne, le monde sensible d'Aristote venait d'emporter la partie, au moins provisoirement, jusqu'à ce qu'une volée de vieilles âmes se regroupe au tournant du siècle précédent, en vue de nous réhabituer à la considération de ces mondes que nous ne voyons plus !
Le lion n'existe pas !
La crise majeure qui affecta notre psychisme, et dont nous ne nous sommes toujours pas remis, est celle du nominalisme dont l'époque dite obscure et la dénomination abconse suffirent à éloigner notre mémoire avide de choses simples !
Flash back !
Le moine Pélage l'avait déjà signifié à Augustin, cet ancien manichéen mal décontaminé, qui ne voulait rien entendre de cette évolution, intéressant par-là diablement l'Eglise qui y vit un père potentiel, un intransigeant gardien de la culpabilisation : l'individu, cette conscience du "moi" en perpétuelle évolution, désirait désormais être maître de son destin !...
Au tournant du XIIème siècle, le "moi" en tant que conscience de lui-même est désormais installé, s'approprie tout ce qui bouge, l'enferme dans sa tête : la pensée, les représentations, le langage, mais, soudain seul avec lui-même, seul responsable, il commence à douter de ses productions !
Ainsi, tout bien considéré, le lion n'existe que par commodité de langage !
Pour cette bonne raison, la raison, happée par le chatoiement des phénomènes, se fait une raison de la mort des archétypes, tandis que le monde spirituel, tout à la fois inquiet et heureux, met un genou à terre !
Les théologiens de l'époque, accrocs à Aristote, n'auraient su trouver un seul instant pour Socrate, pour cette incarnation d'un "moi" précurseur, flamboyant, qui, pour être saillant, n'oubliait pas son surmoi, son daemon disait-il, jusqu'à lui obéir au moment de choisir de vivre ou de mourir !...
N'avait-il pas vu avant tous les autres, celui-là, qu'à l'évidence, le lion n'existe pas dans notre monde sensible, mais que pour autant, sa désignation signifiait, soit une réminicescence du monde intelligible, ou plus probablement à ce moment de l'évolution psychique, une construction conceptuelle saturée de mémoire qui attestait ô combien de cette partie spirituelle de notre nature hybride ! ...