Nos "racines", ou quand les déracinés se raccrochent aux branches ! ...

L'époque est incertaine et l'Occident soudain s'affirme judéo-chrétien ! ...

C'est du moins le discours d'une petite minorité, mais ils n'étaient pas beaucoup plus il y a cinquante ans, quand il s'agissait de se débarrasser de ce qu'ils estimaient alors être des oripeaux ?

Qu'en est-il vraiment des racines judéo-chrétiennes de l'Occident ?

A ces beaux-parleurs qui, indisposés soudain par ce présent délétère, se raccrochent aux branches qu'hier encore ils n'hésitaient pas à scier par pur conformisme, faut-il commencer par rappeler que cette expression est un abus de langage, un raccourci qui ne mène nulle part, car, pour être exact, elle désigne, non point des racines, mais une racine et un premier greffon ...

Et puisque soudain inquiets d'un avenir si prévisible, ils s'intéressent à ce moment crucial de notre histoire, on ne saurait trop leur recommander de lire les épitres de Saul de Tarse, devenu Paul, principal propagateur de l'incroyable nouvelle, jardinier des âmes, nouveau prométhée, envisageant la promesse de cette nouvelle et deuxième greffe dont il avait la charge, de cette branche païenne qui avait prospéré jusqu'alors sans le sécateur de la loi en vigueur chez les siens !

Affirmer que l'Occident est né avec le christianisme est au mieux une contre-vérité idéologique, mais plus souvent un jugement indigent. Bien pire encore, c'est se condamner à ne rien comprendre au mystère du Golgotha ! 

Car, contrairement à ces idées délétères qui nous furent infligées, le Christ n'est ni un moraliste, ni un fondateur de religion et n'appartient pas au seul Occident, quand bien même l'exil et l'oubli qui s'annoncaient à cet endroit de Gaïa, juste contrepartie de la liberté nouvelle, réclamait au monde spirituel de prendre date !

Pour en revenir à nos tartuffes de plateaux, inutile donc, vous en conviendrez, de charger la barque un peu plus, de rappeler à ces indigents vindicatifs, le mythe fondateur d'Europe !

Autre temps autres moeurs !

Pour les "élites" occidentales des années 60, il s'agissait tout au contraire de se libérer de ces racines tentaculaires qui avaient fini par étouffer la liberté ...

"Il est interdit d'interdire !" avaient-ils brandi sous le nez d'une génération dessinée comme un jardin à la française !

Pour ces nouveaux théoriciens addicts aux congés payés, c'était désormais "sous les pavés, la plage!"  ...

IVème siècle après JC !

Une fois estompés les souvenirs contrastés, souvent douloureux, de la primitive église, celle qui fut adoubée sur le tard par Rome la pragmatique, entreprit de bâtir sa légitimité sur la fiction réductrice d'un Christ fondateur de religion ...

L'Occident n'était plus l'enfant rebelle de l'Orient en quête de liberté, en rupture de ban avec le monde des dieux, mais la créature de Rome, sa descendance, ainsi, cette "France" bombardée "fille ainée de l'Eglise" !

Reste à savoir, pour la petite histoire, quel était le statut des filles en ce temps-là, toujours est-il que l'arbre généalogique était redessiné et ses racines cultivées sous serre à Rome ...

Finalement, au fil des siècles, pour des raisons radicalement différentes, tous ont claironné et continuent à claironner à l'unisson cette contre-vérité !

Il est vrai que, en ce qui concerne la "culture", concept acceuillant ou l'erreur trouve aisément à se dissimuler et le fat à se pousser du col, cela ne se voit pas trop !

En horticulture cela reviendrait à confondre les racines et le greffon ! ...

Mais, contrairement aux théologiens fanés ou aux philosophes qui poussent sur les plateaux, l'horticulteur, lui, n'a pas droit à l'erreur !

"L'histoire est une aimable fable!", "toujours écrite par les vainqueurs!", chacun sait tout cela, aussi ne faut-il pas trop en vouloir aux usurpateurs de Rome comme à leur progéniture tout aussi péremptoire !

Sauf qu'il s'agit-là d'un crime contre la vérité, car, n'en déplaise à la doxa, ce placebo des représentations, si l'Occident n'est pas né avec le judéochristianisme, le Christ, quant à Lui, ne fut pas un fondateur de religion !

Dans un cas comme dans l'autre, nous n'aimons rien tant que les réductions, si pratiques, il est vrai, dès lors qu'il s'agit d'apprivoiser la complexité du réel !

Alors bien sûr, les gardiens du temple, alors encore très fréquenté, objectèrent aux lanceurs d'alerte de l'époque, la fameuse intronisation, sujette à controverse : "Pierre, tu es pierre et sur cette pierre ...!" 

N'entrons pas dans une controverse, dès lors que l'on sait ne pas pouvoir apporter de preuves à l'appui de sa thèse ! ...

Si cette phrase a été prononcée, ce n'est, à l'évidence, pas dans le sens matérialiste dont l'Eglise s'empara avec gourmandise ...

Deux passages en témoignent : "pierre" est, selon le niveau de réception de chacun, une image minérale, paradoxale, énigmatique, si l'on sait comme Héraclite, l'agitation qu'elle dissimule, monde mystérieux, contre-intuitif, redécouvert par la physique quantique ...

Ceci n'excluant pas cela, on peut penser que Simon, fils de Jonas, clairvoyant atavique, fut rebaptisé "Pierre", en raison de sa résistance à la mainmise galopante de la Raison, née en Grèce et qui avait déjà atteint la Palestine par le nord, en passe de supplanter toute autre relation avec le mystère du cosmos ...

Simon avait en effet été le seul à reconnaître la présence du Christ en l'homme Jésus, lorsque celui-ci avait demandé à ses proches comment la foule se le représentait !

S'il en était besoin, il s'agissait de réunir une assemblée, au sens de communion, non de sculpter des pierres avec l'argent extorqué à la crédulité des dévôts ... 

Mais plus encore, pour s'extirper de l'ambiguité, la lecture de ce singulier baptème doit être faite au regard de la prophétie à nous adressée par l'intermédiaire de la Samaritaine !

Voir à ce sujet : "Jésus et les femmes ! Au delà des fantasmes, les révélations ! ...",  article paru sur la Porte des Lions, le 11 janvier 2024.

*

L'occident, cet enfant prodigue qui ne revient pas !

Avant que ne "se joue" le mystère du Golgotha devant un public absent, l'occident, depuis environ cinq siècles, est devenu l'enfant rebelle de l'Orient, l'enfant prodigue qui ne revient pas, l'exilé qui ne se souvient plus de sa terre natale, ni même d'ailleurs qu'il est exilé !

A cette époque charnière, la mythologie, bientôt relayée par la philosophie, mais pour ce court instant que Platon tentera en vain de prolonger, focalise sur l'oubli délétère, mortel, le léthé, s'interroge sur son étrange déplacement rétrograde dans les consciences ...

En effet, n'a-t-il pas subrepticement abandonné la porte du royaume des ombres, pour s'installer à ce moment précis qui précède notre naissance? 

Tout alors bascule, tout s'inverse, ce que nous appelons "la vie" est en réalité une mort, un oubli permanent de ce que nous sommes, de cet endroit d'où nous venons ! 

Au Vème siècle, la Grèce sait encore ce paradoxe, à tout le moins Pindare, le grand Pindare est là qui tente entre deux olympiades, de maintenir la flamme vacillante d'un monde suprasensible désormais évanescent ...

Il le dit avec ses mots à ceux qui ont des oreilles pour les entendre, mais le constat est implacable : lorsque nous nous éveillons le matin, c'est pour dormir ! 

A la même époque, Gautama connu l'éveil, et notamment la douloureuse prise de conscience de cet oubli !

C'est la relation entre ces deux évènements majeurs pour l'évolution de notre espèce, que nous allons tenter d'approcher ! 

Puisque, depuis Aristote, la logique est notre seul dieu, qui décide du vrai et du faux, seul médiateur entre nous et les mystères de l'univers, convenons que si l'entité que nous avions considéré un temps comme étant le Christ, sots que nous sommes, s'est incarnée, c'est bien qu'il s'intéressait au sort de l'Homme !

Oublions le pari de Pascal, petit joueur en la circonstance, pour nous intéresser au salut de l'humanité !

Pascal, il le dit lui-même, n'avait rien à perdre !

Quant à cette entité mystérieuse, qu'avait-elle à gagner en pariant sur les tocards que nous sommes ?

En ce cas, ne serait-il pas judicieux de savoir pourquoi ce fut à ce moment-là de notre évolution et à cet endroit-là de Gaïa ?

Nous avons vu que contrairement à la doxa habilement dirigée par Rome, le Christ n'est pas venu fonder une nouvelle religion, d'autant que, ce fut clairement établi au XIXème siècle, l'enseignement du galiléen nommé Jésus, son "porte parole" (a minima !), ne peut prétendre, n'en déplaise aux théologiens, à une entière singularité ...

Alors ?

Alors il faut faire le travail qui n'a jamais été fait depuis deux mille ans, si ce n'est par l'anthroposophie, cet étrange courant à contre-courant, il faut contextualiser cette venue totalement improbable parmi nous d'un immortel, à ce moment précis de l'histoire, de notre évolution serait plus exact !

Et, pour être plus précis encore : à ce moment oublié, passé sous silence, contre-intuitif, où la mort commence à poser un problème à l'espèce humaine !

Ce constat ne saurait être contesté : l'Ecole l'a établi là où il est richement documenté, en Grèce, quelque part entre Homère et Socrate !

Voir à ce sujet les remarquables travaux de Jean-Pierre Vernant, peu suspect d'une quelconque allégeance, ancien résistant, en rupture du parti communiste, pluridisciplinaire et athée !

La Porte des Lions revient souvent sur cette période tragique, et qui nous annonce !...

Depuis lors, qu'est devenu le Christ au fil de nos représentations ?

Selon les époques, ce qu'il en fut dit, ce qu'il en fut pensé, a beaucoup varié, jusqu'à s'estomper au cours du siècle dernier, au profit bien maigre et fugitif d'un homme nommé Jésus !

Soit, désormais, le Christ ne fait plus mystère !

La raison en aurait eu raison !

Reste alors à élucider celle pour laquelle se mobilisa une partie importante de l'humanité des premiers siècles, en dépit de l'adversité et au prix intériorisé d'une mort brutale annoncée ...

Ce, sans horizon clément, mis à part quelques répits, pendant près de trois siècles ! ...

Puis, soudain, vint la paix, et très vite le pouvoir !

Oublié le mystère, fini la clandestinité, l'émotion partagée, la fraternité, bienvenue au social, au paraître, et bientôt, pour partie, aux méthodes de l'oppresseur d'hier !

"Nous sommes si bien entre nous!", quitte à fermer les yeux sur l'incessante culpabilisation dont seul le vulgaire est dupe, mais dont nous savons bien qu'elle sert à financer le train de vie de Rome, sa passion mégalomane et nombriliste de l'architecture, ne faut-il pas que jeunesse se passe ? ...

Le Christ avant Jésus !

Ce que l'on sait moins, c'est que cette entité cosmique que nous nommons le Christ était connue de l'Inde antérieure au Veda, puis des mystères antiques, et ne faisait pas non plus mystère auprès de ceux qui écoutèrent religieusement les prophéties de Zoroastre et de ses successeurs !

En Grèce, conscients que la raison récemment apparue, explosive, envahissante, exclusive, tout à la fois rapprochait l'Homme de sa liberté future et l'éloignait du monde spirituel, prenant quelque distance avec les dieux de la cité dévalorisés à bas bruit par cette même raison, nombre d'initiés antiques tentèrent en catimini de réveiller le dieu qui sommeillait en eux, de s'exposer à la terrible épreuve de la mort initiatique, avec, cela perle ici et là, quelques résultats pour le moins "contrastés" ...

Cependant que quelques autres, tels les esséniens, soucieux du salut de tous, attendaient fébrilement le grand hiérophante céleste qui initierait ceux qui n'avaient droit qu'à la place publique, les inviterait à ne plus avoir peur de la mort, leur démontrerait qu'une autre forme de vie succède au délitement du corps !

Mais nous ne savons plus rien de cette attente fébrile de l'antiquité, diversement exprimée, selon qu'elle émanait d'un prophète au destin fragile, ou de certains puissants insatisfaits, en mal de déification ...

Il est vrai que ceux qui avaient à charge de nous expliquer le mystère, forts de leur tout nouveau pignon sur rue attribué par le persécuteur d'hier, le confisquèrent, pour se consacrer à des travaux, disons plus terre à terre ! ...

Les premiers chrétiens dont le psychisme n'est pas le nôtre, nous l'avons oublié, Darwin ne s'étant pas intéressé à cette péripétie, ne se posaient pas de questions, en tout cas pas les nôtres !

La double nature du Galiléen ne les tracassait pas plus que cela, tandis que, réplique envahissante de la déflagration aristotélicienne, la raison gagnait du terrain, à mesure que la clairvoyance atavique reculait ...

Les premiers conciles s'annoncaient !...

Désormais au pouvoir, la raison eut le plus grand mal à se dépétrer de l'ambiguité comme de la singularité de la relation entre cette entité cosmique et le simple mortel nommé Jésus, alors même que ses contemporains ne s'étaient pas reconnus dans ce miroir qu'il leur proposait !

Puis les siècles s'écoulèrent, durant lesquels les ouailles n'eurent d'autre choix que de suivre en silence leur espérance ou, au moindre atermoiement, de revenir prestement dans le rang sous la schlague de ceux qui, benoîtement, montaient en chaire, élevant soudain le ton contre ceux qui auraient quelque vélléité de penser par eux-mêmes !

Comment faire la part des choses entre la raison triomphante et la foi vacillante, cet improbable succédané de l'antique clairvoyance, que faire de ces mutants que le Christ visionnaire avait décrit comme "pauvres en esprit" ?

C'est-à-dire, coupés du monde spirituel !

Voilà qui occupa les plus beaux esprits pendant des siècles, de Thomas à Emmanuel, mais l'évolution, à l'aube du XVIIème siècle, au service de la nécessaire liberté, siffla la fin de la partie, et la raison, trébuchant de bûchers en Lumières, finit par imposer son exclusivité ! ... 


La suite dans les tout prochains jours ! ...


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