Quel mystérieux rapport y-a-t-il entre le puits et l'Homme ?

Pour avoir de l'eau, la belle affaire, il suffit de tourner le robinet ! 

Cela coule de source, n'est-il pas ?

Il se trouve que nous avons oublié qu'il y a moins de deux siècles, seul ou presque, il pourvoyait encore à notre besoin vital !

Il serait par conséquent téméraire de rappeler que, pour ceux qui nous précédèrent à la surface de Gaïa, sous forme d'allégorie, il servit à étancher cette autre soif qui nous taraude !

Vu sous un certain angle, l'Homme est-il un puits ?

Avant même le langage qui trouva là une image parlante : puits de science, puits de lumière, puits d'amour ... les hommes qui, de tout temps, se penchaient sur l'Homme, en remontèrent une revivifiante allégorie !

Prison, puits sans fond dans les visions de certains de nos mystiques, symbole angoissant de la réincarnation pour les hindous du Mahabharata ...

Le dernier puits en date est celui autour duquel se noue un étrange dialogue entre le Galiléen et la Samaritaine, certes oublié, mais qui nécessairement revient sur le devant de la scène, se rappelle à notre attention, si l'on considère notamment les actuels déboires de l'Eglise romaine, mais plus encore l'inéluctable évolution de notre psychisme. 

Nous y reviendrons pour y puiser la signification nouvelle, mais pour autant non contradictoire, que le Verbe propose alors par la bouche du Galiléen, au regard de l'évolution des consciences sur la longue durée.

Trois autres puits, "antérieurs", ont attiré notre attention, c'est tout d'abord celui déjà cité plus haut que l'on retrouve dans le Mahabharata, puis celui dans lequel fut jeté le Prophète Jérémie ...

Enfin, il y a celui qu'évoqua Sohrawardi lors de ce récit très "oriental" qu'il appela "L'exil Occidental"!

*

Le puits du Mahabharata est typique de cette période psychique où la relation au monde, à son mystère, ne s'opère pas par le concept qui attend son tour sous l'horizon de l'histoire, mais par l'image (ce que nous appelons le mythe) qui, une fois venu le moment de la pensée rationnelle, cédera difficilement le terrain dans de larges couches de la population, en témoigne ce choix du Galiléen de s'adresser aux foules au moyen de paraboles ...

Avant que celles-ci ne deviennent, mutatis mutandis, un message codé à destination des humbles et des opprimés, au gré de l'immense talent de Jean de la Fontaine sous le regard d'Esope, sa muse attentive ...

Le puits représente ce corps dans lequel l'âme du réincarné, un brahmane en l'occurrence, va se jeter "la tête la première", tout est dit ! ...

"Naturellement", ce puits se trouve quelque part dans la jungle inquiétante, menaçante, dangereuse, figuration de notre monde ici-bas tel que nous l'expérimentons entre naissance et mort, le monde des oppresseurs tel que stigmatisé, nous y venons un peu plus bas, par Sohrawardi ...

Quant au miel qui y coule en abondance, il symbolise notre désir de revenir encore et encore !...

Dans le mythe d'Orphée, les choses sont dites un peu autrement, le puits est infernal, très fréquenté, c'est l'hadès, et il s'agissait pour lui de ne surtout pas se retourner alors qu'il était sur le point de s'en extirper, accompagné de d'Eurydice, son âme, afin de ne point se réincarner dans cet enfer qu'était devenu notre vie aux yeux des anciens Grecs, quelque part entre Homère et Socrate ...

"Courage fuyons!", la révélation du Bouddha faite aux hommes sur ce monde de douleur et d'ignorance, prélude au signal du départ, se précise alors en filigrane dans l'évolution des consciences ...

Le puits, la citerne, dans lequel fut jeté le prophète Jérémie, nous pose un problème insoluble, au moins si l'on considère sa conclusion qui réside dans l'aventure à dormir debout d'Abimélech, son sauveur, devenu le voyageur temporel dont nous avons déjà parlé sur le blog !

Voici la lecture que nous pouvons faire de cette histoire, à nos yeux indéchiffrable, à la lumière d'un récit initiatique de Sohrawardi qui s'intitule : "L'exil occidental!" ...

Pour commencer, l'initié est jeté au milieu de la cité des oppresseurs !

Par "oppresseurs" il faut entendre ce monde, la matière ...

Nous y reviendrons dans une prochaine communication, mais il est clair que l'influence neoplatonicienne affleure ostensiblement dans la vision du mystique, car, c'est bien d'une expérience personnelle qu'il s'agit, cela est dit à la fin du récit !

Ceux qui "jettent" Jérémie dans la citerne, sont des personnages en chair et en os, entourant le roi Sédécias; ils ne veulent rien entendre du conseil de ce prophète qui leur intime, paradoxalement, s'ils veulent avoir la vie sauve, de partir pour Babylone, captifs de Nabuchodonosor ...

En d'autres termes, d'accepter leur sort !

Alors, me direz-vous, quel est le rapport entre l'allégorie initiatique et un épisode historique ?

Si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle l'histoire n'est que le symptôme d'enjeux qui nous dépassent, les oppresseurs eux, n'en ont pas la moindre idée, n'acceptent pas que le dieu les enjoigne par la voix de ce falsificateur, de quitter Jérusalem pour rencontrer les successeurs de Zoroastre !

Ce dernier aspect est malheureusement occulté par la Bible, mais, et cela perdurera encore très longtemps, certains enseignements ne sont pas livrés à l'écrit !

Pour une approche exclusivement exotérique, mais pour autant opiniâtre, quelques traces de cette nécessité évolutive subsistent dans l'Avesta, dans le rôle décisif que Zoroastre entend jouer dans une prochaine vie, dans cette étoile qui guide les rois mages vers la Palestine !...

Pour en revenir au puits comme symbole tout à la fois du corps de l'Homme et de son incarnation, il y a cette contradiction du récit qui parle tout d'abord de jeter Jérémie dans le puits, pour préciser ensuite qu'on le descend au bout de cordes ...

Ce qui n'est pas sans rappeler cette aventure du brahman dans le Mahabharata qui tombe la tête première dans le puits, retenu toutefois par des lianes dont on nous explique qu'il s'agit des liens que nous entretenons avec Gaïa ...

Le Bouddha n'est pas loin qui va s'acharner à couper ces liens ! 

Rencontre autour d'un puits !

Sous le front de l'Homme, mutatis mutandis, les images s'estompent, laissant place aux concepts !

Prenant à témoin la Samaritaine pour les siècles à venir, le Christ, par la bouche du Galiléen va se servir de l'eau du puits, de cette eau d'ici-bas, de ce monde sensible, qui ne saurait étancher la soif de vérité  chevillée au coeur de chaque être humain, pour embrasser du regard plusieurs milliers d'années d'évolution du rapport de l'Homme au divin !

Le temps s'achève, lui dit-il, qui nous vit nous diriger vers la montagne ou bien encore vers quelque bois ou source sacrés; celui du temple de Jérusalem et donc des églises est compté; viendra celui où l'homme intériorisé entretiendra une relation directe, en vérité et en esprit, avec le divin !

Avis aux usurpateurs, votre temps s'achève dans ces soubresauts significatifs où la violence le dispute à la débâcle !


 

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