Vous avez dit "Exil occidental " ! ...

Avant, bien avant que "l'esprit scientifique" ne s'empare de nos croyances, reléguant bien vite ce qui n'était plus à nos yeux que "vues de l'esprit", au XIIème siècle, en Perse, on parlait déjà de "l'exil occidental"! ...

Mais, tout bien considéré, malgré l'annonce de ce qui pourrait être un récit nostalgique, voire d'un reproche de la part de ceux qui sont restés, il ne s'agissait pas de nous, au moins en apparence, car ce récit initiatique de Sohrawardi décrit le retour de l'âme qui, issue de la lumière d'orient, avait cheminé jusqu'à cette ténèbre appelée occident, puits sans fond, prison faite de chair et de matière éphémères ...

Paradoxalement, l'influence occidentale, néoplatonicienne en l'occurrence, peine à se dissimuler sous le coté vintage de ce récit auquel nous n'entendons plus que couic ! ...

Une autre manière de se l'approprier, l'heure étant pour les uns au développement personnel, et pour les autres au dessillement, serait d'y voir une analogie avec l'aventure occidentale !...

Mais l'Occident utilitariste, opportuniste en diable, souvent fait feu de tout bois, revit de ses cendres, et l'appel du muezzin entendu par certains de nos intellectuels au début du siècle dernier, dut bientôt laisser la place aux sirènes du Gange !

*   

Mais, trève de balivernes, au diable Vauvert les néoplatoniciens expulsés d'Occident par un chefaillon né à la fin de ce Vème siècle défait, nostalgique de l'empire, et qui décida que la théologie était chose trop sérieuse pour être confiée à des théologiens !

Table rase fut faite de ce monde spirituel qui ne nous voulait plus, ou dont nous ne voulions plus, qui pourra jamais le dire ?

Bref, de ce consentement mutuel naquit une possibilité nouvelle : la voie était ouverte à un autre type de recherche,  prometteuse quant à elle, de résultats tangibles : la matière honnie ne représenterait plus un terminus pour l'âme, une forme de déchéance qu'il s'agit de fuir au plus vite, mais, nouvellement habillée de mystère, retrouvant quelque dignité, l'occasion rêvée de faire croître notre cerveau !

Qui pourrait nous blâmer de ce tour de passe-passe, de ce magistral coup de poker joué par l'Occident au grand casino de l'évolution ? 

A l'Occident il faut désormais du concret, du palpable, de l'observable ... la chasse à l'esprit est ouverte, et jusque dans une théorie, fût elle élégante, voire pratique, si l'observation ne peut l'adouber !

Prenons l'exemple de l'insatisfaction d'Einstein devant cette loi de la gravitation mise en équation par Newton, et qui pourtant fonctionnait presque parfaitement !

Ce qui ne plaisait pas au disciple de Spinoza, et nous valut la Relativité générale, c'est cette action à distance, quasi magique; sans compter peut-être l'emploi du mot "attraction", suspect d'anthropomorphisme, comme si quelque désir infestait le cosmos ! ...

De surcroît - mais le savait-il ? ce penchant de Newton pour l'Alchimie n'était-il pas suspect ?...

Dieu ne joue pas aux dés !

Il est vrai que, eu égard au temps limité qui est le nôtre, sans parler de l'indigence endémique de nos moyens financiers, jouer est pour le moins irrationnel !

Mais en l'occurrence, il ne parlait pas du petit joueur du samedi soir, ou de celui qui perd son argent au petit trot, voire au grand gallop, mais du grand maître occulte des probabilités, au moins selon les nouveaux adeptes de la théorie du multivers, ignorants souvent de ce que les anciens hébreux avaient dit de cet enfant qui crée des mondes pour les casser bientôt, et plus encore de ce Vishnou qui s'endort sur le résidu d'un univers effondré, avant de confier les clés du prochain à de nouveaux dieux, pour une autre aventure !

Niels Bohr, partisan de laisser une certaine liberté sous forme d'indétermination à ce qui échappe à notre regard, acquis peut-être à l'idée d'un Dieu ineffable, le remit sèchement à sa place : "Qui êtes-vous pour dire à Dieu ce qu'il doit faire ? "

Peine perdue, Einstein, ne croit pas aux forces, aux actions à distance, à tout ce qui lui paraît irrationnel, cette porte ouverte à une intervention divine que récusait vivement son maître à penser, celui qui, en rupture de ban, emporté par sa saine colère contre les religions manipulatrices, avait fini par dénier à Dieu tout désir, toute volonté, toute possibilité d'intervenir "ici bas, comme au ciel" !...

Alors, certes ses yeux ne la voient pas, mais il va lui donner consistance (rêvée lors d'une sieste sous contrôle ou inspirée de feu Riemann, ou les deux à la fois ? ...) ainsi naquit la courbure de l'espace-temps ! ...

Au rythme où va l'univers, la Relativité générale, conçue, dans et pour un univers fixe, alors cantonné à notre galaxie, a montré ses limites depuis plusieurs décades ...

Faute de mieux, la fissure a été colmatée avec de la matière noire, nous en avons déjà parlé le 14 septembre 2020 ...

Mais, comme rien n'est simple et que tout est en évolution, il convient de remarquer que pour autant, la manne tombée du ciel des pensées d'Albert "à la langue bien pendue", est importante, et continue à stimuler la recherche : réglage du GPS, ondes gravitationnelles, réforme de l'Optique, trous noirs etc. 

La Porte des Lions, quant à elle, a reçu sa part du gâteau, et ce ne sont pas des miettes ! ...

Car, si la courbure de l'espace temps nous permet de reconsidérer les antiques visions d'Héraclite pour qui "le chemin droit et le chemin courbe sont le même !", la Relativité restreinte, indispensable à la Relativité genérale, nous permet, qui plus est, de revisiter les "légendes" d'Abimélech et d'Epiménide, ces voyageurs temporels d'un autre temps, momentanément absents de leur référentiel galiléen !

Oh bien sûr ! ... lors des dernières décades, il y eut quelques incartades par rapport à la pesante doxa du monde scientifique, ainsi, Oppenheimer, le 16 juillet 1945, vraisemblablement désinhibé par l'onde de choc atomique, libéré du regard des siens et qui s'identifie à Vishnou, le destructeur des mondes du Mahabharata, ou bien encore l'impertinent Shrödinger, n'hésitant pas à convoquer le savoir oriental du Rig-Veda sur la co-existence de l'être et du non-être pour tuer Parménide, le père de l'Occident, et envisager plus sereinement ce curieux couple "contre-nature" : onde-corpuscule ...

Alors, puisque l'heure semble enfin venue du décloisonnement spatial et temporel, qui pourrait résister à cette récente découverte de la vision oubliée de Démocrite, si peu matérialiste, qui affirma, le temps d'un jeu de mots philosophique ô combien dérangeant, que le non-être n'existe pas moins que l'être ! ... 1

*

Pour qui tente d'apprivoiser le jaillissement des nouvelles hypothèses, alimenté au fil des jours par l'insolent périple de James Web, il apparaît clairement que s'impose "sournoisement" une mise en abyme des révélations de l'hindouisme dans notre récit incantatoire de l'onomatopée ayant donné naissance à l'univers !  

Une fois n'est pas coutume, commençons par la conclusion, avant d'exhiber quelques télescopages pour le moins troublants : ce qui fut autrefois révélé, et faisait par conséquent fi de notre liberté, l'Occident est en passe de le redécouvrir, par l'intercession du matérialisme, certes, mais, comme dit l'autre, existe-t-il une seule voie vers la liberté ?

Big bang, big crunch, big bounce, et si nous demandions à Vishnou ce qu'il en pense ?

Pour James Web, la chasse n'est jamais interdite, et il semblerait bien que le big bang "à tout expliquer" sauf lui-même, ait du plomb dans l'aile !

Bien que son envol, tel celui de l'albatros, n'était pas gagné, il avait fini par survoler tous ceux qui n'étaient pas taillés pour traverser l'océan cosmique ...  2 

Alors, pour l'enterrer dignement et selon sa singularité, peut-être faudra-t-il convoquer une autre onomatopée !

"Pschitt" pourrait faire l'affaire,  si toutefois nous n'avions pas la fâcheuse manie d'encenser le mec ordinaire qui vient de passer l'arme à gauche, de l'ériger sur un piédestal alors qu'on vient de l'allonger dans une caisse !

Avant le libertinage de James, il y avait eu le pressentiment de Roger, Prix Nobel de Physique 2000, qui ne voyait pas le Big bang comme un trublion sorti du néant, mais comme le résultat d'une mère primordiale morte en couches ... 

Autre enfant de la Relativité générale, quoique tardivement reconnu : le trou noir !

Ici bas, son pouvoir d'accrétion s'exerce sur les théories à son sujet qui s'accélèrent et disparaissent aussitôt qu'apparues !

La dernière en date, mise à notre disposition par James "le fouteur de merde", c'est qu'il existait avant que de naître !

Afin que notre bon sens ne finisse pas en spaghetti, cette aporie mérite une petit explication, un rappel chronologique, au moins tel que, jusqu'à plus ample informé, l'envisage notre logique ! 

Après que le grand découplage ait signé la fin des électrons libres, s'imposa la nécessité de s'organiser, de se rassembler toujours plus, jusqu'à ces superstructures galactiques, mères primordiales, grosses bientôt de myriades d'étoiles, dont la nôtre, qui ne scintille pas au firmament, et qui, vraisemblablement vexée par cette concurrence nocturne de ses soeurs, les éteint une par une, ou par milliers, dès l'aube venue ...

En dehors de cette manifestation implacable de l'égo de notre locomotive cosmique, loin, très loin, de notre vue, se joue en permanence le drame de certaines de ces grandes instables, qui, toujours sur le fil du rasoir, pour certaines, ne tiennent pas le coup et soudain s'effondrent ...

Ne sachant que faire du souvenir fantomatique de ces grandes dépressives, de leur mystérieux rapport  au futur, en hommage au talent visionnaire de Gustave Courbet ou l'allégorie le dispute à l'anthropomorphisme, et le réalisme à l'imagination décomplexée, nous l'avons nommé, façon corps de garde, carabin éméché ou faute de mieux : "le trou noir" ! 3

L'oeuf et la poule !

Donc, si l'on en croit James, le trou noir dont nous croyons savoir qu'il est un enfant des galaxies, serait également à leur origine ! ? ...

Dans le Mahabharatta, nous voyons Vishnou, le dieu de la vie et de la mort, s'endormir sur le résidu d'un univers effondré, symbolisé par Shesha, le serpent de la connaissance 4, avant de confier "bientôt" les clés du prochain univers à de nouveaux dieux, pour une autre aventure ! 

A la fin restait le Verbe !

"Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas!"

Comme en écho au début de l'évangile de Jean 5, les trois autres sont unanimes à tourner leur regard vers cet intriguant propos, oublié de la plupart, mégalo pour certains, d'envergure cosmique pour quelques autres !

Et, pendant que nous en sommes aux échos, voici un passage du Mahabharata :

"...un feu dévorant, poussé par le vent, envahit ce monde déjà désséché ... l'océan déborde, les montagnes s'effondrent et la Terre aussi ... les nuages courent de tous cotés, s'effilochent  et disparaissent sur la voûte du ciel, et enfin, le Dieu né de lui-même, Brahma, qui repose sur le lotus primordial, boit ce vent terrible et s'endort ... seul reste alors un océan terrifiant ..."

Avis au peuple écolo : toute récupération hâtive est interdite !

Le chemin droit et le chemin courbe sont le même ! 

Héraclite, et pour cause, n'avait pas connaissance de la géométrie rimannienne, et moins encore de la courbure de l'espace-temps !

Alors ?

Alors, cet oracle, résultat d'une vision en esprit, pourrait nous faire douter de l'utilité de notre surmenage intellectuel, si ce n'est que la différence entre une révélation et la reconstruction conceptuelle de ce qui fut son objet, est de taille : l'enjeu, c'est notre liberté !

D'ailleurs, que pourrions-nous bien faire d'un monde auquel on aurait tout compris ?

Serait-il pour autant plus bavard sur ce que nous faisons là ?  




1  Ce, en contradiction avec Parménide qui lance l'aventure occidentale dans le couloir étroit de ce qui est accessible à nos sens !

Excepté notamment Jean-Marc Bonnet-Bidaud, astrophysicien français au CEA, qui, à contre-courant, a toujours dénoncé le "bricolage" du Big bang puis son "replâtrage" avec une matière noire pour laquelle nous manquons singulièrement de lumières. Il est vrai que, pour aggraver son cas, cet occidental de haut-vol ne méprise pas pour autant, l'autre, le tout autre, et encore moins leur passé !  

3 "L'Origine du monde" ... Cette oeuvre controversée ne fait-elle pas écho, au tollé, aujourd'hui oublié, que déclencha cette curieuse appellation de "trou noir" ?

4 Dont nous avons souvent parlé sur La Porte des Lions.

5 Au début était le Verbe, et le Verbe s'est fait chair ! 








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