L'Occident serait-il en train de redécouvrir le karma ?

"Redécouvrir", me direz-vous, suppose un savoir enfoui, oublié !

On dit des grottes ornées que tel ou tel les ont "inventées", alors qu'elles attendaient notre visite depuis des dizaines de milliers d'années ...1

Parmi les philosophes les plus influents de ce que nous appelons la "modernité", et qui, par conséquent, s'attardent clandestinement dans nos représentations, figurent, dans l'ordre d'apparition à la surface de Gaïa : Descartes, Spinoza et Kant !

Comme des rats en cage, ils ont tous bataillé, avec l'indéniable talent qu'on leur connait, autour du concept de liberté, de libre-arbitre, après que l'Eglise qu'ils craignaient plus que tout, comment ne pas les comprendre?... avait depuis belle lurette succombé aux charmes de la pensée aristotélicienne, au moins depuis que l'Orient alors avide de nouveaux savoirs nous avait resservi ce plat quelque peu refroidi !

Mais la Scolastique, cette manifestation scintillante d'un "Moi" encore balbutiant, avait faim, avait hâte de desserrer l'étau de "la foi à tout faire", de pousser un peu plus loin, fut-ce avec la logique un peu rance du Stagirite, livrée via l'Espagne par Averroès, cet attardé, ce prophète du passé pour qui l'individu n'avait pas encore droit de cité ! 

Pas de vies antérieures, pas de karma !

Aristote l'éteignoir, cet élève indocile de Platon, dernier des orientaux, avait décrété, du haut de son intelligence certaine, aux conclusions volontiers incertaines, que l'âme individuelle n'existait pas avant que de prendre forme dans ce corps de chair éphémère, appelé à se déliter ...

Voilà Platon rhabillé pour un hiver qui sera très long !

A Pythagore restait le théorème, à Empédocle, une forme de folie, et aux occidentaux, la vie "à un coup" malmenée par les ratiocinations des penseurs laissés à eux-mêmes, s'entraînant, incertains, sur les concepts évanescents de liberté et de libre arbitre !

Cependant, il semblerait que la traversée du désert de Platon dans les représentations arrive à son terme, et, une fois de plus, c'est la physique, une fois passée par le sas de purification quantique, qui réhabilite une vision oubliée !

Ecoutons Roger Penrose, prix Nobel de Physique 2020 :

« J'imagine que chaque fois que l'esprit perçoit une idée mathématique, il prend contact avec le monde platonicien des idées […] Quand nous "voyons" une idée mathématique, notre conscience pénètre dans ce monde des idées et prend directement contact avec lui ! » 

Platon ce n'est pas que le monde des Idées, des archétypes, c'est aussi le mystère du cycle des incarnations !

Pour se faire comprendre des hommes de son temps, en chemin vers une pensée conceptuelle mais encore tout empreints de l'image du mythe, il reprend et allège l'allégorie de l'attelage composé d'un char, de ses chevaux et bien entendu du maître de char, alias notre âme, que l'on peut retrouver dans le récit fantastique du Mahabharata ...

Alors, ne serait-il pas temps de se débarrasser, oies que nous sommes, de l'empreinte de cette logique à tout faire de son élève incrédule, de ce "maître de ceux qui savent" comme nous le désigna ce moyen âge qui nous fait sourire en douce, mais est sur ce point, ancré dans nos représentations? 

Et partant, d'envisager le paradoxe de cette spéculation métaphysique du Stagirite, tout à la fois bancale et nécessaire, qui signale le départ de l'aventure occidentale ?


1 Henri Cosquer a laissé son nom à la grotte toujours submergée. La marée aristotélicienne, quant à elle, semble se retirer, abandonnant quelques cadavres d'idées reçues, et laissant certaines de nos représentations à une saine incertitude ! ...



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