Qui le sait ? ... le matérialisme est né au sein même de l’Eglise alors toute puissante !

 

Il est temps d’en finir avec la vision simpliste d’un combat qui opposerait le matérialisme et la religion !

Il y a belle lurette, ce qui nous fut caché par les uns et par les autres, que le "ver est dans le fruit" !

Comme souvent, ce qui semble facile à comprendre n’est qu’une demi-vérité, et pour ce qui nous occupe, une reconstitution anachronique, "manichéenne", propre à mobiliser les antagonismes, à obliger chacun à choisir un camp, ce réflexe fossile du groupe qui se reconstitue et entend exercer sa pression sur l’individu.

En dehors des horreurs que nécessairement elle charrie, la guerre nous fait régresser de plusieurs millénaires, vers ce temps où seules comptaient la tribu et la loi du sang.

Ainsi, nous sommes persuadés que la frontière entre ces deux camps fut délimitée au temps des Lumières, et stabilisée par un XIXème siècle positiviste, vainqueur par KO, qui affirma urbi et orbi avoir tout compris …

Dieu est mort, vive le hasard !

Les chercheurs de ce XXIème siècle se réclament souvent du principe de parcimonie, moins souvent du "rasoir d'Ockham", théologien anglais du XIVème siècle, dont il est dérivé !

Du passé, faisons table rase, surtout quand nos origines sont infamantes ! ...

Le mouvement woke a de qui tenir !

De quoi s'agit-il ?

Tout simplement, comme ici-bas, l'on a tendance à choisir le plus court chemin pour ménager notre monture, nous décidâmes un jour, accablés par l'inextricable superposition des causalités, de ne point nous en laisser conter, d'enfourcher la plus simple, ne serait-ce que pour ménager notre opinion surchauffée!

Cette révolution conceptuelle a si bien prospéré, bien au delà des milieux scientifiques, que son contraire fait toujours et encore l'objet d'un trait d'humour qui confère une certain prestige à celui qui le distille à point nommé : " Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?"

Ainsi, pourquoi s'embarrasser d'un dieu qui ne répond pas, alors que la matière a le bon goût de le faire, et dont, finalement, on ne sait rien : ineffable, innommable, tour à tour vengeur, jaloux, indifférent, miséricordieux, personnel, ensorcelé, hors d'atteinte, transcendant, immanent ..., sans compter ces hiérarchies célestes dont l'Eglise elle-même renonça il y a peu à défendre la complexité, quand, confrontés à une énigme, il suffit de sortir le "hasard", ce joker magique, simple, pratique, apparement indéniable?

Pour les descendants de Darwin qui tentent toujours de comprendre le mécanisme de l'évolution, ce hasard a un nom et donc une fonction : "l'essai-erreur" !

A les entendre, il y en eut des milliards, simplement on ne les voit pas car, précisément, ils conduisirent à une impasse évolutive ...

Pourquoi pas ! c'est un peu comme l'anti-matière !

Tout cela n'est d'ailleurs pas incompatible avec notre manière de voir les choses, nous y reviendrons ! ...

En astrophysique, par contre, l'on constate que les conditions de notre apparition sur Gaïa sont d'une infinie complexité, résultat d'un réglage hautement improbable et dans un certain ordre, de lois dont on ne connait pas le statut, mais que l'on peut constater ...

Un tout petit dérèglement, volontaire ou involontaire, de l'une de ces lois tutélaires, et hop ! vous ne seriez pas là pour lire ce blog qui d'ailleurs n'existerait pas !...

Cependant, chez nos contempleurs d'immensité, l'acharnement à se passer des services de Dieu aidant, la tentation est grande de remplacer "l'essai-erreur" par le concept de multivers !

Cet escamotage militant des causes divines, aux fins de leur substituer des causes tangibles, a son origine dans l'Eglise du XIème siècle qui tenta de contenir tant bien que mal les assauts du nouvel esprit du temps, dissimulé derrière ce que l'on appela la crise nominaliste ! ... 

L'exil occidental !

Après une première migration, horizontale, de l'Orient vers la Grèce ancienne (le mythe d'Europe s'en souvient !), au XIème siècle, une nouvelle étape fut franchie au sein même de l'Eglise !

Verticale celle-là, qui vit le doute "en eux s'immiscer", quant à la véracité de leur manière de décrire le monde !...

N'avaient-ils pas subitement pris conscience, ces intelligents, ces "dignes de nous", que le lion n'existe pas, qu'il n'y a, tout bien considéré, que des lions, que nous avons regroupés sous ce nom, par commodité de langage ! 

Les espèces de la Genèse, les archétypes de Platon, tout cela n'existe pas, n'existe plus, tout au plus comme raccourci aux fins de ne point s'enliser dans la prolifération du singulier ... 

Ca, c'est pour la version qui nous arrange, et qui a toujours pignon sur rue !

Mais ce symptôme masque en réalité le vertige de l'individu toujours plus affirmé, depuis que Pélage l'avait salué, de cet accapareur invétéré qui, par contrecoup, s'interroge sur la valeur de ce qu'il pense ... 

Car c'est désormais, de toute évidence, lui qui pense, n'en déplaise à Averroès qui vint à contretemps rappeler à l'Occident que l'individu est une luciole, manifestation éphémère d'une intelligence séparée, transcendante, et que le "cela pense!" des anciens Grecs disqualifie par avance le "je pense" à venir de Descartes, ce héraut du Moi, de cette fiction définitivement installée dans les consciences !...

La tête dans les étoiles, mais les pieds bien sur terre, et plus particulièrement sur ce qui s'y déroulait, la Scolastique tenta de digérer les abondants commentaires du philosophe andalou sur Aristote, tout en laissant cette conception dépassée de l'Homme sur le bord de l'assiette !

Le problème de la connaissance est alors posé qui ne nous lâchera plus, jusqu'à ce que, fatigués de naissance, oublieux de qui nous sommes auraient dit les anciens Grecs, la plupart d'entre nous s'en remettent au fameux "bon sens", encouragé par la doxa, ce somnifère jamais encore envisagé par les laboratoires pharmaceutiques, encore que ! ? ...

"Doxa" le mot est parfait, il sonne labo, il n'y a plus qu'à le déposer à l'INPI et à produire un placebo propre à réduire ce virus de l'insatisfaction ...

A bonne distance spatio-temporelle, Socrate avait remarqué, lui aussi, que dans le monde sensible n'existent que des individus qui diffèrent "sensiblement" les uns des autres ...

Il en avait toutefois conclu tout autre chose !

"Si nous déduisons de l'observation du monde sensible : les espèces, les archétypes, si nous ajoutons au monde des phénomènes ces catégories non incarnées, c'est bien que notre esprit est apparenté au monde suprasensible" ...

Il est vrai que pour avoir une personnalité saillante, ô combien, il n'écoutait pas son Moi lorsque son Daimön lui parlait, jusqu'à décider de sa propre mort !

Par cette analyse, il était beaucoup plus proche, à son insu vraisemblablement, de la révélation de la Genèse que les clercs autosuffisants du nouveau courant nominaliste !...

La "question"de l'Un et du multiple, et son double anxiogène, celle de l'éternel et de l'éphémère, est une transversale spatio-temporelle que nous retrouvons aussi bien chez les hindous du Rig-Veda que chez les orphiques de la Grèce ancienne, chez les néoplatoniciens, mais plus généralement dans toute investigation philosophique, physique ou metaphysique ...

Si l'on y regarde de plus près, chaque époque opère son propre réglage sur cet "axe", sous l'égide de "l'Esprit du temps", cet archange de la modernité décidant de la notre nécessaire évolution psychique 

Toujours plus loin de l'Un, vers toujours plus de liberté !

Autant de contraintes occultes que, bien évidemment, notre époque ne saurait supporter !

Ce qui pourtant n'est en rien contradictoire, bien au contraire !

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Le concept "d'exil occidental" est-il né de la pensée de Sohrawardi ?

Toujours est-il que derrière Platon, le dernier des orientaux, il en avait une vision négative, exprimée par ces quelques mots terribles, glanés au fil de son récit apocalyptique : "la prison de la nature, l'entrave de la matière ! "...

Il manque à ce constat douloureux, la raison occulte, à nos yeux paradoxale, de cet enfermement que beaucoup, désormais à l'abri de l'imprécation hystérique, ne ressentent même plus, au moins consciemment, et qui est la nécessité de notre liberté !

Le véritable christianisme le sait depuis toujours, bien que longtemps contraint de se taire en raison des circonstances !