Atlantide, Déluge, vous avez dit décohérence ?

Préambule

Les physiciens ont apparemment coutume d’utiliser des mots qui défient notre bon sens !

Non que ceux-ci soient abscons ou incompréhensibles, mais qu'ils décrivent tout autre chose, voire le contraire de ce à quoi nous pourrions penser spontanément !

Tutoyant quotidiennement l'impossible, l'impensable, veulent-ils, ces observateurs de l'invisible, s’affranchir du sens des mots de ce monde, ou bien, leur ambition secrète serait-elle de nous préparer à prendre quelque distance avec la dictature sournoise de nos cinq sens, de nous proposer de regarder ailleurs, autrement ?

"Décohérence", "recombinaison" .

Dans leur jargon apparemment accessible, le premier terme n’indique-t-il pas, contre tout bon sens, le passage d’un état du monde, chaotique, superposé, transformiste, non local, imprévisible, indécis, incertain, indéterminé, à celui quotidien, sur lequel nous posons notre pied et notre regard, estimons cohérent pour cette seule raison, rassurant car rythmique, toujours au rendez-vous (ou presque !), organisé, et pour tout dire local, ce à quoi s'en tenaient nos ancêtres depuis belle lurette, et jusqu'au grand Einstein lui-même!

Le second - va savoir pourquoi ? - désigne, non une répétition, mais le tout premier passage envisagé d’un chaos initial à une forme d’organisation …

Toujours est-il, qu’à ce jour, la "décohérence" reste, malgré quelques tentatives créatives et autant de silences gênés, inexpliquée !

Inexpliquée, à tout le moins inattendue, parce que nous avons la mémoire courte !

Si nos physiciens n’avaient pas été "élevés" dans un confinement culturel sournois, dont l’épisode du COVID devrait démontrer à lui seul le pouvoir du tout petit nombre, dès lors que déterminé, il s’adosse à l’exploitation scientifique de la peur, selon une recette éprouvée dont l’Eglise romaine devenue machiavélique, usa et abusa, aux fins d'affronter l’incessante érosion d'un dogme si fragile, et tout ce qui aurait pu la submerger ! …

Que la mesure, notre mesure, gouverne le monde, à tout le moins celui restreint et provisoire où nous nous mouvons, comme l’avait souligné Protagoras, dépasse l’entendement !

Que ce qui apparaît stable, indestructible, soit en réalité, à l'abri de notre regard sensible, sauvagement agité, Héraclite et, un peu plus tard, Plutarque, l’avaient dit à ceux qui déjà avaient des oreilles pour ne pas entendre !

Que le monde macroscopique ait, à une certaine époque, spontanément réalisé sa "décohérence" pour nous permettre d’aller vers nous, de devenir ce que nous sommes, de nous connaître nous-mêmes, est une proposition qui aurait valu à votre serviteur d’être brûlé au XVIIème siècle, ou enfermé au XIXème ! …

... Et achèvera de me discréditer aux yeux de certains d’entre vous !

Là est bien ma peine, mais ma consolation réside dans cette loi que, ni vous ni moi, ne pouvons modifier : ce qui est dit est dit !

Du prologue de l’évangile de Jean au top-là "sacral" des marchands au cul des vaches, en passant par la parole transparente des diamantaires d’Anvers, chacun sait, à son niveau, que le logos précède tout ce qui se fait, et ne s’aurait s'absenter lorsque tout se défait !

Pour nous acclimater à cette déflagration dans nos représentations, je préfère, avant de la reprendre, laisser la parole à Emile Bock !

La scène, qu’inspiré il commente, se passe à la fin du déluge mis en scène par la Bible : l'eau se retire, de nouveaux continents apparaissent, les éléments semblent "revenir à de meilleurs sentiments" :

« La Terre entière semble changée en un grand Manoah (le lieu du repos). A la place d’un monde perpétuellement mouvant, se formant et se transformant sans cesse 1, il y a maintenant une réalité stable, permanente ... 

Les puissances qui, dans le monde suprasensible, régissent le domaine des éléments terrestres se retirent du champ d’action où, jusque-là, elles déployaient une activité intense. Elles se cachent derrière le voile du monde des sens, où se dessinent les couleurs et les formes précises qui nous entourent aujourd’hui. Le monde se structure selon les lois de la nature : nombre, poids et mesures entrent en vigueur. La vie de la nature s’ordonne selon des rythmes réguliers. Tout se passe comme si la pensée ordonnatrice avait été semée simultanément dans l’âme de la Terre et dans celle de l’Homme ! Au moment même où l’Homme acquiert la faculté de comprendre, la nature commence à être compréhensible.

Et d’ajouter : aujourd’hui, tout ce qui reste de l’antique imprévisibilité des éléments, ce sont les éruptions volcaniques et les phénomènes atmosphériques ! » 2 

Comment ne pas rester coi devant cette interprétation magistrale de l’épisode du déluge, et partant de l’Atlantide, si l’on sait la résignation de Heisenberg devant tout ce qu’il découvrit d’incertitude ou d’indétermination dans ce monde devenu souterrain, désormais hermétiquement interdit à nos yeux, fossile vivant, vibrionnant, d’un monde qui était le nôtre alors que nos yeux de chair n’étaient pas encore ouverts, ou du moins, n’avaient pas encore le monopole de notre représentation du monde ?

Depuis cette éclaircie, depuis cette accalmie, l’univers que nous disons réel est à notre mesure, c'est-à-dire que nous pouvons le mesurer, comme "l'univers observable" correspond - nous avons gagné en humilité ! - à ce que nous pouvons observer !

Alors, pour ceux qui gambadent dans les paysages variés du savoir, traversent allégrement les cloisons entre lesquelles quelques intrigants assoiffés de pouvoir aimeraient bien nous enfermer, le temps est venu de secouer le joug du véritable obscurantisme!

 

 1 Aux amateurs de voyages en terre inconnue, de "reset" culturel, je recommande de lire et relire, attentivement, pas à pas, "Histoire des origines", de l'érudit et non moins talentueux Emile Bock, paru chez "iona" en 2004.

Nous pourrions ajouter, quant à nous, que si le monde quantique jouxte ce monde que nous disons réel perceptible par nos sens, il serait intéressant d'envisager qu'il ait pu le précéder ! ...

 

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