Contre-intuitif !
En deux mots comme encens, voilà le leg de la physique quantique à ceux qui croient encore à l’infaillibilité du "bon sens" !
Mais, qui le sait ?
On n’a déjà pas la moindre idée qu’on lui doit le téléphone
portable, le GPS, le laser, l’IRM etc. ?
Au fond, cette révolution, plus importante que la Révolution
française, dès lors qu’il ne s’agit pas, bien entendu, de notre asservissement béat aux objets de notre quotidien désormais sous surveillance, mais de notre liberté de penser, ou plus exactement, de l'obligation qui nous est faite de penser autrement, n’a finalement pas fait couler beaucoup
d’encre, encore moins de sang, pas même celui du chat de Schrödinger qui, loin
de nos représentations effarouchées, coule des jours paisibles au paradis des
expériences de pensée ! …
Elle n'attend plus qu'un nouveau visionnaire charismatique, en phase avec l'esprit du temps qui s'annonce, décidé à couper la tête d'une foule d'idées reçues, complice involontaire des marchands de paniers …
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Quelques heures avant sa mort, Socrate prononce ces quelques
paroles qui pourraient introduire, sans coup férir, nos actuelles conférences de
physique quantique ou d’astrophysique !
« Le corps est-il, ou n’est-il pas une entrave quand
on le prend comme associé dans la recherche ? Est-ce que la vue, aussi
bien que l’ouïe, apportent aux hommes quelque vérité ? ou bien en est-il,
comme ne cessent de nous le rabâcher les poètes, que nous n’entendons ni ne
voyons rien exactement ? … »
"Les poètes", avez-vous dit, mais à qui donc pensiez-vous ? …
Homère!
Certes, il peut y prétendre, mais pourquoi le convoquer ici, serait-ce pour lui rappeler que lui aussi fut largement oublié, incompris, ne nous ayant laissé, qui plus est, pas le moindre objet utile !…
Soit, il y a bien ces deux textes qui permirent aux petits grecs bien nés d’apprendre à lire, mais sûrement pas à raisonner ! …
Ne parlons donc pas de l’Odyssée au cours de laquelle les déplacements invraisemblables des bateaux se font selon les lois de la relativité restreinte ; quant à l’Iliade, comment imaginer ces batailles titanesques dont le sort dépend de l’humeur d’un seul, mais plus encore de celle des compétiteurs de l’Olympe, les yeux rivés à leurs consoles de jeux …
Près de trois mille ans séparent les visions de ceux qui
s’entraînaient à la transe rythmique dans les chambres basses et obscures, à voir "les yeux fermés", c'est-à-dire "en esprit", de ces quelques extravagants qui s'endorment sur la paillasse et ne voient plus le
monde qu’au travers des équations !
Ainsi, nos yeux de chair, ces merveilles solaires, sont à nouveau délaissés, mis au rancart, après avoir dicté leur loi pendant plus de deux mille ans, il est vrai, ce qui ne va pas sans certaines erreurs ! …
Il est tout aussi vrai de dire que cette lumière visible par eux perçue, n'est que la portion congrue de ce qui nous
parvient du fin fond de l’univers …
Charge à nous d’y mettre des couleurs, quitte à contredire un de nos actuels poètes occitan : désolé Francis, cela ne se passe pas dans la cabane au fond du jardin !
Bonheur ou malheur ?
Si nous étions sensibles à d’autres longueurs d’onde,
l’univers ne nous éblouirait-il pas, serions-nous vraiment libres ? …
Nous ne pouvons déjà pas fixer le soleil plus de quelques
secondes, alors imaginons que la voûte céleste en contienne des milliers, ce
qui est le cas, et bien plus encore, mais, en cette hypothèse, à même distance, c’est-à-dire à huit
minutes chrono du feu céleste !…
Juste le temps de dicter ses dernières volontés, pour qui a
la chance de déjeuner ce jour-là avec son ami notaire …
Le mythe savait tout cela, cette sagesse de l’univers
qu’il convient de ne pas de transgresser :
Sémélé, simple mortelle, mère du premier Dionysos, s’était
mise en tête de voir Zeus, son amant, dans son apparence céleste, mais, quand
celui-ci céda enfin, elle fut foudroyée sur le champ ! ...
Il y a aussi Demeter, dans les mystères d’Eleusis, qui
expose secrètement chaque nuit l’enfant dont elle a la garde, au feu de l’esprit,
espérant ainsi le rendre immortel, mais doit bientôt renoncer à ce projet
téméraire, car l’Homme est ainsi fait, ayant gouté aux plaisirs éphémères
d’ici-bas, qu’il ne saurait survivre bien longtemps à une telle exposition …
Et puis il y a ce mystère central, le rapt de Perséphone par
Hadès, le dieu des enfers, Pluton chez les romains, notre corps en vision occulte, qui prend fin, non sur une intervention
du RAID, mais grâce au talent de négociateur de Zeus et à la rouerie de
son frère Hadès : Perséphone, notre âme, devra, au terme de cette négociation cosmique,
réintégrer l’enfer, la vie humaine, à tiers temps ! …
Bouddha, nettement plus radical, intimera aux hommes
d’utiliser ce laps de temps de la vie ici-bas pour se déshabituer à jamais des
fruits de ce monde éphémère, symbolisés en Grèce par la grenade, offerte insidieusement
par Hadès à Perséphone, en vue de sceller le deal de cette alternance que nous
nommions réincarnation, avant de tout oublier, et jusqu’à notre oubli ! …
La parenthèse ouverte par Aristote, pour être nécessaire, doit nécessairement se
refermer !
Peut-on, aux fins de la verrouiller définitivement, citer
deux ou trois télescopages bien inconnus ?
C’est tout d’abord Héraclite qui affirme : "Le chemin droit
et le chemin courbe sont le même!", n’étant pas suspect de plagier la relativité
générale …
C’est Platon qui, dans le Timée, témoigne d’un doute qui,
plus que jamais, nous est familier : "… pour nous donc, qui nous apprêtons
à discourir sur l’univers, à dire comment il est né, ou encore s’il n’eût point
de naissance …"
Pour s’orienter dans ce mystère, il invoquait l’assistance des dieux, tandis que nous réquisitionnons les équations et le retour sur investissement du James Webb !
Qui nous donnera jamais la solution ?