Décidément mystérieux, le BLOB pourrait-il nous parler de l’aventure humaine ?

Si singulier, qu’il mobilise l’attention conjuguée des biologistes et des éthologistes, si prometteur, qu’il intéresse vivement la recherche sur le cancer, cet organisme pour le moins étrange, ne saurait être rangé dans une case, ou alors il s’en échappe, dans les deux sens du terme, jusqu’à jouer le rôle d’un Alien dans un film de science-fiction qui lui donna ce nom si peu scientifique … 1

Toutefois, si, depuis quelques années, La Porte des Lions s’y intéresse, c’est pour un tout autre motif !

En effet, ce que révèle petit à petit la recherche scientifique du comportement de cette cellule mystérieuse et prolifique, nous permet enfin de parler d’aspects jusqu’alors incommunicables de notre évolution psychique !

En quelque sorte, si la providentielle physique quantique commence à nous faire dé-coïncider de notre fameux bon sens, le BLOB silencieux, pourrait bien, quant à lui, être une allégorie de l’aventure humaine ! …

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A chaque époque son leitmotiv, aujourd’hui c’est le réchauffement climatique !

Est-ce une vraie question ou un alibi, ou les deux à la fois ?

Et si ce n’était qu’un alibi, pour qui tout d’abord : pour ceux qui mobilisent ou pour ceux qui, en panne de reconstructions d'envergure, s’apprêtent à investir ?

Nous ne sommes pas à même d’en juger, mais, à la place qui est la nôtre, nous mettons à l’encan une question en apparence inopportune : l’écologie est-elle consciemment, ou inconsciemment millénariste ?

Et puisque nous y sommes, était-il nécessaire de créer un parti politique, de l’ancrer à de vieilles luttes qui, pour être légitimes, n’avaient pas le climat pour priorité, de recourir à un discours apocalyptique pour mobiliser des consciences unanimement acquises, mais qui se tiennent en retrait au regard de cette usurpation comme de ces méthodes infantilisantes ?

Le temps de l’oubli des alibis viendra peut-être, nous nous sommes bien désaccoutumés de l’omniprésente tragédie du jardin d’Eden, en passe d’être aussi méconnue que celle de la plaine de Mékonné ! 2

Est-ce à dire que l’idée même d’un Homme céleste ne nous tente plus, que nous avons troqué sa chute hypothétique contre la certitude de descendre du singe, paradoxalement plus valorisante, en ce qu’elle suppose une ascension, un différentiel d’intelligence ?

Exit donc Moïse et Hésiode : vous ne nous faites plus vibrer, vous n’avez pas su nous donner foi en nous-mêmes !

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L’Homme céleste, l’homme d’avant Adam 3, celui qui, installé au banquet des Dieux, ne mourait pas mais s’endormait à table, avant d’en être chassé par Zeus, qu’en savons-nous désormais ?

Il est si lointain ce soi-disant ancêtre, et si peu valorisant !

Moïse avait entendu des voix !

Seul Hésiode, parmi ceux qui s’intéressaient encore à notre origine cosmique, s’était invité aux coulisses du banquet par l’entremise des muses, en ce temps où les aèdes pouvaient encore se rendre "présents au passé" au moyen de la mémoire rythmique, entraînant progressivement cet "enthousiasme", cette clairvoyance convoquée que nous qualifierions désormais de transe !

Comment prendre au sérieux ces histoires à dormir debout qui défient notre intelligence, si généreuse en l’occurrence, qu’elle couvre de sa notoriété autosatisfaite notre bon sens, dont on sait désormais ô combien il peut être félon ?

Homère, Hésiode, me direz-vous, c’était bon pour les petits grecs bien nés afin qu’ils puissent apprendre leur langue, ou, sur le tard, pour les fils de la bourgeoisie du XXème siècle qui pouvaient ainsi faire leur "Grand Tour" tout en restant assis sur les bancs des collèges de l’élite !

Alors le Blob, ce corps sans âme, au moins apparemment, en quoi peut-il nous être utile pour tenter de reconsidérer cette âme sans corps, si ce n’est archétypal, qu’était l’Homme céleste ?

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Pour nous faire une idée du cosmos comme de l’Homme, nous préférons désormais l’extrapolation à la révélation ; ce n’est peut-être pas un gage de vérité, mais c’est bon signe quant à l’évolution de notre psychisme !

Cependant, depuis que, libérés de toute révélation, de tout argument d’autorité, nous nous appuyons sur nous-mêmes pour juger de la situation qui nous est faite en ce bas monde, le ver est dans le fruit ; pour le dire autrement, le doute est consubstantiel à notre raisonnement ! 4

N’ayant plus de révélations transcendantales à nous mettre sous la dent, lorsque pointe le bout de son nez une nouvelle théorie, certes, il n’y a plus d’inquisiteurs pour entasser les fagots, mais l’omerta de l’Ecole en dit long sur ce qu’il convient de dire …

Prenons la cosmologie, la chose était entendue, et l’est encore pour nombre d’entre nous : compte tenu de l’expansion de l’univers observée il y a un peu moins d’un siècle, les enfants ébahis des projections des frères Lumière eurent l’idée de passer le film à l’envers, d’où résulta, après nombre d’approximations concurrentes, une improbable datation à 13,7 milliards d’années !

Et des poussières, qui eurent le bon goût de s’associer pour nous permettre d’exister !…

Tout était dit, l’affaire était dans le sac, à moins qu’il ne s’agisse d’un cul-de-sac !

En effet, la constante d’expansion se révélât bientôt inconstante, et la relativité générale, toute relative, dès lors qu’il s’agit d’étendre sa loi à d’autres galaxies … 5

Quant au big bang fondateur, il semble bien qu’il soit en voie de déboulonnage, sans que pour une fois, l’agitation woke n’y soit pour grand-chose …

Pourtant Einstein, l’ogre aux pieds d’argile et à la langue bien pendue, avait, de notoriété publique, voulu coloniser tout à la fois l’espace et le temps !

Le modèle du big bang est peut-être en train d’imploser sous nos yeux, mais pour autant, aucun occidental digne de ce nom, n’oserait jeter un cil sur le Pralaya des anciens hindous, instant cosmique où tout disparait, reste en mémoire et se redéploie sur un autre mode …

Même le big bounce qui pourrait y faire penser, nécessite de la matière !

Où avaient-ils l’esprit ces hindous qui le voyaient partout sauf là où il réside vraiment, dans la conscience de l’Homme occidental ?

Comme pour la pomme sur le plancher des vaches, c’est-là son lieu naturel, sa destination, aurait dit Aristote, s’il avait osé braver les siens pour qui la pensée n’était pas encore une production mais une perception …

Pour le magistral hold up sur cette apparente activité de l’Homme, il faudra attendre Descartes, Arsène Lupin de la philosophie qui s'avança, masqué de son cogito - devant un public conquis d'avance ! - point final de la tragédie mise en scène à Eleusis d’après l’affiche énigmatique du rapt de Perséphone ! …

Pour l’origine temporelle de l’Homme, il en va autrement, on ne compte pas sa valeur au nombre des années, la seule contrainte étant qu’il soit plus jeune que la Terre, cela va de soi, le contraire n’étant ni envisageable, ni envisagé, puisque les détracteurs de la Genèse ne sauraient entendre parler d'un homme qui ne soit pas fait de boue, signification du mot Adam !

Pour son origine - exclusivement physique ! -, on procède de même que pour le cosmos, on observe ce que l’on a sous les yeux, toujours plus précisément, les variations ne nous échappent plus, la sélection ne fait plus mystère, et, forts de cette conquête que nul ne saurait ignorer, on extrapole !…

Comme pour le cosmos, on postule des lois immuables dont on ne connaît ni le statut, ni l'origine ... 

L’ultime discussion, après tant de certitudes,  portant sur le point de savoir si nous descendons du singe ou bien d’un ancêtre commun; si celui qui nous observe en silence, est un frère ou un cousin ?

Pas plus que la cosmologie occidentale ne saurait se souiller en étudiant le Pralaya des anciens hindous, l’anthropologie ne saurait envisager, ne serait-ce qu’un seul instant, l’énigme du sphinx !

La véritable origine spatiale de la population qui sculpta ce résumé de la genèse de l’Homme, reste en discussion …

Ce qui ne saurait être mis en doute, c’est son origine temporelle sur le plan psychique qui signe, par cette transcription minérale, un accès à la mémoire cosmique, nommée en d’autres contrées, mémoire akashique …

Que tente-t-il de nous dire ce sphinx qui n’a que faire du temps, comme de nos sourires fugitifs, si ce n’est que l’Homme n’est ni ce taureau qui rumine son passé, ni ce lion à l’orgueil dévorant, ni cet aigle, qui nous emporte en rêve loin de toute gravité, mais qu’il a harmonisé les différentes forces cosmiques et telluriques qui présidèrent à l’évolution, pour rejoindre l’image qu’il se faisait de lui-même alors même que Gaïa se cherchait encore un destin …

Microcosme et macrocosme !

Si cette formule fantomatique ponctue encore la monotonie de quelques dîners interminables ou enflamme les estrades approximatives, qu’est-ce qu’au-delà des postures, cela peut bien vouloir dire concrètement ?

Plus proche de nous dans le temps que le sphinx, bien que répudié par notre mémoire toujours plus encombrée d’inutile, il y a Anaximandre !

Il fait partie de cette génération de physiciens qui aident un monde fait de mythes, de mystères et d'images, à accoucher d’une pensée claire; tandis que Socrate, qu'il aurait précédé, va aider l’Homme, tributaire des siens, de la tribu, du regard des autres, de l'opinion, bref, de l’Autre, à accoucher de lui-même, à contacter ce qu'il sait de toute éternité, enfoui dans son infracosncient;  et pour tout dire, à devenir un individu à part entière ! 6

Anaximandre, comme tous ceux qui se sont incarnés en cette époque de grands bouleversements, avait pour mission d’exfiltrer quelques-uns de ses contemporains - step by step ! - du monde des images où il était retenu, au détriment de sa liberté, pour l’emmener au pays inconnu de la pensée abstraite, condition essentielle pour l’accès ultérieur à la conscience de soi …

Comme il était de mise à cette époque, il fit le "Grand Tour", dont on ne sait pas s’il fit une embardée jusqu'en Inde, mais dont on peut être assurés qu’il s’attarda en Babylonie, avant que de s’aventurer au contact des grands prêtres d’Egypte …  

Quoi qu’il en soit, la révélation du mystère de l’Un et du multiple que nous pouvons désormais retrouver - sans être purifiés ! - dans la lecture du Rig-Véda, restait centrale dans la cosmologie orphique, imperceptiblement présente dans cette génération de penseurs qui s’achèvera avec Platon …

Alors, comment aurait-il interprété, à supposer qu’il ne l’ait pas fait, cette image minérale du sphinx, si ce n’est comme le long cheminement de l’Homme archétypal au travers des formes, pour rejoindre celle qui lui est conforme depuis l’origine !…

Selon son explication qui doit encore à la clairvoyance et annonce la suite de la séquence darwinienne, son premier pas sur cette terre se fit sous la forme de la nage du poisson primitif; ce que savait encore la mémoire ésotérique des premiers chrétiens des catacombes …

Des grottes de Lascaux au Cloud !

Ou la saga de cette mémoire dont nous n’avons plus mémoire ! …

Comme l’Homme de Lascaux, le blob possède une mémoire externalisée !…

Pour le blob, il s’agit de ne pas emprunter à nouveau une chemin irrationnel - contrairement à l'Homme en ses tribulations, il va droit au but ! -, alors que pour le graphiste de Lascaux, il s’agissait de graver le souvenir de ce qu’il s’était passé à cet endroit, avant de vaquer à d’autres aventures …

La mémoire rythmique dont nous n’avons plus mémoire, état de transe, "d’enthousiasme" disait Platon, mi-figue, mi-raison, battait son plein au temps d’Homère, avant de s'éteindre sous l'étouffoir de l’écrit qui ne devait plus rien aux muses …

Le nouveau Lascaux, immatériel, c'est le Cloud, gage d’une nouvelle liberté dont l’avenir nous dira ce que l’on aura su en faire …  

Epreuve du labyrinthe : le blob après Thésée …

Après Thésée qui avait retrouvé son chemin grâce au fil d’Ariane - son âme dans le mythe, à un certain niveau de lecture ! -, les scientifiques imposèrent cette épreuve du feu au blob, ce corps sans âme, qui s’en sortit avec les honneurs …

Quelle entité l’a guidé en cette épreuve, alors que dépourvu de cerveau et de système nerveux central, il a résolu cette difficulté sans problème apparent ?

La science ne saurait répondre à cette question qu’elle n’a pas même l’idée de se poser !

 

 

1 Physarum polycephalum, comme on le nomme dans le monde tout à la fois feutré et conflictuel des paillasses de laboratoire, ORNI (objet rampant non identifié) qui fait perdre son latin à quiconque prétend l’observer, évoque, selon son bon plaisir, l’hydre de la mythologie à celui-ci, la marche implacable des fractales, pour cet autre,  

2 Hésiode, le mythe de Prométhée dans Les Travaux et les Jours et dans la Théogonie.

3 Adam veut dire littéralement l’Homme fait de boue ! Il est à remarquer que chez les Grecs, c’est Pandora, la première femme, qui sera issue de ce mélange …

4 Les traces de ce vertige fondateur de ce que nous appelons la modernité, usurpé par les lumières bien falotes du XVIIIème siècle, moisissent quelque part dans les annales du psychisme humain sous la rubrique nominalisme …

Cette époque charnière vit la naissance d’un nouvel Homme, d’une pensée autonome, au prix de la mise à mort de Platon et, partant, de l’idée qu’il se faisait de nos idées … Salutaire du point de vue exigeant de la liberté, mais pour autant provisoire, parce que, au bout du bout dont on ne voit pas le bout, un lanceur d’alerte inattendu signala le retour en force du maître resté silencieux, au profit de l’élève proclamé maître de ceux qui savent par le spécialiste de la descente aux enfers … le trublion  s’appelle Roger Penrose, prix Nobel de physique 2020.

5 « L’Age de l’Univers », de Marc Lachièze-Rey, astrophysicien au CNRS, chez HumenSciences, Comment a-t-on su ?

6  Pour cet aspect, voir les travaux du neo-platonicien Proclus.

 

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