Du Banquet à la Cène ! … Pour une autre anthropologie !

Avertissement.

Non, le mythe n’est pas l’habillage baroque d’un concept qui aurait trouvé ce moyen pour mieux se faire comprendre, alors que précisément, pendant toute la longue période où il se transmettait oralement, la pensée conceptuelle n’était pas née au front de l’Homme !

Par contre, il était bien placé pour voir et décrire la naissance de cette nouvelle relation au monde qui allait décider de notre civilisation …

De cette période merveilleuse, prolifique, il nous reste quelques noms épars, des images floues dont nous ne savons plus le sens, tant notre intérêt amusé, voire notre mépris, tint à injuste distance ce savoir de nous-mêmes dont nous ne savons plus rien …

Certes, Hercule, Prométhée, Jason et la toison d’or, nous parlent encore, mais de quoi ? …

Le mythe résulte de rencontres entre le monde suprasensible et le psychisme de nos lointains prédécesseurs, dont il s’accommode, à l’aide d’images empruntées au quotidien des hommes, susceptibles en cela de leur parler …1

Cette pédagogie céleste, nous l’avons oubliée, condamnant en cette indigence qui s'attarde, le soi-disant anthropocentrisme de ces neuneus bavards qui eurent l’outrecuidance de colporter, puis de mettre par écrit ces histoires à dormir debout !

Notre insistante méprise, dans les deux sens du terme, concernant le mythe, ce savoir supérieur qui sut s’adresser en temps voulu à ceux que nous estimons inférieurs, a plusieurs causes !

En cette délicate affaire, quand bien même l’heure n'est toujours pas au "mea culpa", nous n’avons cependant pas tous les torts !

Afin de remettre les choses en perspective, il faudrait tout d’abord analyser les raisons de notre rejet fasciné, dopé, à notre insu, par notre anachronisme congénital !

Ce chantier attendant son permis, nous pouvons au moins, dans l’intervalle, citer à comparaître les principaux responsables de notre oubli organisé !

A la charnière des temps, curieusement, ils furent ennemis, et tout à la fois complices …  

Bien entendu il y eut ces forgerons de la première apologétique chrétienne ayant, il est vrai, fort à faire pour imposer ce que les lettrés perplexes de l’antiquité considéraient comme un nouveau mythe, le sexe en moins, la morale en plus !…

Mais, avant eux qui se démenaient comme de "beaux diables", il y avait eu cet insaisissable Platon, transfuge ou passeur, la question reste ouverte ? … à tout le moins génial détourneur du mythe, qui en garde la forme mais y loge un concept !…

Son forfait n’avait certes d’autre but que de se faire comprendre des attardés de l’époque, cela dit sans mépris, car il s’agit ici d’évolution, et non de psychiatrie, quand, à l’évidence, elle ne se fait jamais au même rythme pour tout un chacun.

Jésus lui-même, peu suspect de mépris à l’égard de qui que ce soit, utilisa plusieurs modes d’expression, ayant souvent recours aux paraboles, quand l’auditoire lui semblait plus à même d’accéder à son message par ce biais.

Dans son rejet névrotique du legs de nos anciens, dans sa frénésie de gratter le sol à la recherche de quelque os emblématique et autres tessons de poteries, tandis qu’il laisse inexploitée la mine à ciel ouvert du mythe, ce savoir supérieur, l’Occident, une fois de plus, cultive le paradoxe !

Les Pères de l’Eglise n’auraient su revendiquer le concept de "la table rase", Aristote était déjà passé par là, mais ils eurent tôt fait d'en voir les avantages !

Pour exemple de notre ignorance quand nous pointons celle de l’anthropomorphisme, et si nous oublions un instant la mythologie grecque, cela fait plus de neuf siècles que Maimonide tenta d’expliquer aux hommes de son temps, jugés par lui plus évolués, capables donc d’abstraction, que lorsque le bras du dieu de la Torah s’abat sur tel ou tel, cela ne veut pas dire que Dieu a un corps, mais qu’à ce moment de l’évolution psychique où Moïse s'en fit l'interprêtre, "il fallait qu’il en ait un", ne serait-ce que pour s’imposer au milieu des idoles, qui avaient pris corps dans les représentations des hébreux 

Alors, plutôt que d’observer rétrospectivement notre évolution psychique, nous avons préféré condamner, et le(s) dieu(s) de cette époque, et les hommes qui s’en faisaient ainsi une petite idée !…

La nôtre est-elle bien plus grande ?

Le temps, en effet, n’est toujours pas venu en occident du monde imaginal qui n’a rien d’imaginaire, de ce monde intermédiaire entre le monde intelligible et notre monde sensible, cher aux initiés antiques comme aux mystiques iraniens, où le divin se montre sous telle ou telle forme, sous telle étendue, aurait dit Descartes - si toutefois il y eut été admis ! - en fonction de l’état d’esprit de l’heureux élu, ou de celui du mystique laborieux …

Et pour finir, nos représentations furent engendrées un jour, et devront, comme tout ce qui existe, mourir à l’occasion d’un autre, à ceci près que, discrètes, perverses, manipulatrices, elles taisent leurs sources !…

Nous venons de le voir avec le détournement platonicien du mythe - son réemploi pourrions-nous dire ! - si subreptice que personne ou presque n’en parle plus ! …

Mais, sans remonter aux calendes grecques, que savons-nous de l’emprise sur l’opinion occidentale du commandeur des dîners en ville ?

Spinoza, oui, Spinoza, l’homme qui jeta le bébé avec l’eau du bain : le dieu de la Torah, à ses yeux décidément humain, trop inhumain, pour tenir ce rôle exigeant, avec le clergé opportuniste qui, de tout temps, fit son miel de ses emportements, de sa colère annoncée, justifiant ainsi son pouvoir, du Temple de Jérusalem au temple de La Haye …

Lecteur assidu de Maïmonide, pourquoi persista-t-il dans son rejet du dieu de ses aïeux, à tout le moins de l’image qu’ils pouvaient s’en faire à ce stade de l’évolution ?

Son aversion fut-elle plus forte que sa raison que, paradoxalement, il mettait au-dessus de tout, pour ne pas dire qu’il l’avait déifiée ?

 

*

*        *

Le banquet qui nous rassemble ici n’est pas celui au cours duquel les invités de Platon dissertent sur l’amour entre humains, mais cet autre, oublié plus encore, chanté par Hésiode, et qui s’achève sur le désamour des dieux pour les hommes.

Quand bien même la cote de Platon était tombée au plus bas, il y a peu encore, avant que de frémir de nouveau au box-office de l’opinion qui fait l’opinion, son banquet bénéficiait toujours de l’aura de ce sujet inépuisable, objet de notre douloureuse perplexité !

Il y a belle lurette que celui qui fut relaté par Hésiode, fut mis à la benne, revêtu, à l’attention du tri sélectif de nos idées, de l’étiquette disqualifiante de "mythe", ce produit de l’imagination humaine dérèglée, déclaré obsolète par les prédicateurs romains pressés de s’installer à leur tour dans les esprits, et, plus récemment, par le troupeau des moutons positivistes qui pensait leur avoir échappés ! …

Le temps du matérialisme, qui encombre nos représentations depuis près de deux siècles, est manifestement sur le point de s’achever; la physique quantique n’ayant pas peu contribué - à son corps défendant, il est vrai ! - à cet ébranlement de notre relation au mystère du monde … 2

L’antédiluvien banquet auquel Hésiode, simple berger, enlevé par les muses, assista en esprit, réunissait en cet âge d’or, Cronos, ses frères et sœurs, les titans, tous enfants de Gaïa et d’Ouranos, enfants eux-mêmes de Chaos, fond sans fond, abîme sans lumière, et les hommes, dont le mythe ne précise pas l'origine, ni par qui ils furent invités ! … 3

Le regard d'Hésiode se porte plus volontiers sur la génération des dieux - sur le surgissement de l'ordre du chaos initial, dirions-nous désormais ! - pour ne s'intéresser aux hommes, qu'à partir du moment où Zeus, géomètre cosmique,  garant des hiérarchies, décide de nos limites, après que son père Cronos, laxiste, sans ambition particulière ni jalousie pour ces hybrides, vraisemblablement issus de la pensée des dieux, les ait admis à sa table ...

De la période chaotique qui précède l’avènement de Gaïa, image onirique d’une première organisation, "cosmos", en grec dans le texte, bref, d’un endroit où l’on peut poser un pied, pour peu que l'on veuille bien enjamber les myriades d’années, de siècles et de millénaires … du haut de notre intelligence, l’on parle désormais avec d’autres mots !

S’il s’agissait de rapprocher ces deux relations au mystère du monde, ce surgissement de Gaïa pourrait évoquer, en première approximation, le chaos primordial auquel mit fin, 380 000 ans après le Big Bang, le découplage de la lumière et de la matière qui permit à cette dernière de s’organiser …

Mais rien ne nous autorise à penser que notre actuelle relation au mystère du cosmos, analytique, froide, conceptuelle, soi-disant décontaminée de nos projections, est meilleure, voire définitive !…

Pour en revenir à ce banquet primordial qui battait son plein à l’âge d’or, la génération des titans, y faisait bon ménage avec l’Homme, dont la différence, que seul son nom signale au regard rétrospectif d’Hésiode, ne semble pas poser de problème …

D’ailleurs, avec les titans, l’Homme partage l’insouciance des immortels, sans - faut-il le préciser ? - consommer d’autres produits que le nectar et l’ambroisie ! …

Si le masculin et le féminin existent dans le monde des dieux, l’homme assis au banquet ne saurait être né du ventre d’une femme, puisque celle-ci n’existe pas encore !…

Cet homme du banquet, sans limites spatiale ou temporelle, sans corps de chair, peut, en première approximation, faire penser à l’archétype de Platon ou à l’Adam Kadmon de la Kabbale, retirant au mythe son originalité sur le fond, mais lui laissant la forme, la manière d’en parler, plus chaude, plus accessible, que ces concepts qui n’eurent pas l’heur de séduire au-delà de certains cercles …

La vengeance de Zeus n’a, à ce moment cosmique d’indistinction, de béatitude non consciente d’elle-même, pas de raison d’être …

L’Homme expulsé du banquet est un "semé", un peu comme Aphrodite, née du sperme s'écoulant du sexe amputé d’Ouranos !…

Pur produit, par conséquent, du cosmos que les Grecs savaient encore intelligent !

Lorsque Zeus eut fini de distribuer à ses frères les honneurs, les possibilités d'influence : le souterrain, la mort, à Pluton, les forces telluriques à Posséidon, il nous abandonna à la surface des choses, à la surface de Gaïa !

 

*

*        *

 La Cène !

Ravalée au rang d’une photo de famille jaunie par le temps, elle recèle des secrets que nulle psychanalyse ne saurait mettre à jour !

Sujette longtemps à des controverses acharnées, elle est en passe d’être oubliée du plus grand nombre qui, il est vrai, n’y fut pas admis au moment où elle se tint …

Il nous faudra y revenir !

Reste, dans nos mémoires sélectives, quelques mots mystérieux, d’autant plus facile à retenir qu’ils contredisent tout bon sens !

En notre époque, qui plus est, où, lassés des arguments d'autorité, le rire et l'absurde restent apparemment nos seuls moyens d’accéder à la vérité !

Ceci est mon corps, ceci est mon sang !

Combien furent-ils, et pendant combien de siècles, à se déchirer sur ce qu’il convenait de penser de cette curiosité, qui, si elle venait de celui qui savait ce qu'il en est réellement du "Moi", n'allait pas de soi ?

Que penser, qui plus est, de ce tour de magie inédit puisqu’il aurait lieu en l’absence même du magicien ?

Ca, c'était avant ! ... une fois les bûchers de l’inquisition éteints, vinrent les courageux d'opérette qui se moquèrent ouvertement de ce qui, au fil des siècles, était devenu un mantra pour le gibier des curés, avant que les psychanalystes ne réclament leur droit de chasse ? …

Le temps n’est plus à décrire les querelles des uns, comme les séquelles de leur incapacité à reconnaître la nature cosmique du message de Celui qui s’apprêtait à quitter le corps de Jésus !

Si l’on veut bien se donner la peine de lire les évangiles, un mystère peut en éclairer un autre !

Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église !

Là aussi, autour de ce baptême étrange, la querelle fut intense !

Avait-il bien dit ce qui apparut comme un blanc-seing donné par avance à l’omnipotence de Rome ?

Cela certes faisait l’affaire des "pignon-sur-rue", mais pas de ceux qui voulaient la place ! …

Qui se souvient que Pierre se nommait Simon, un petit gars du lac de Tibériade, clairvoyant à ses heures, alors qu’il n’en était plus l’heure à l'échelle de l'évolution, trouillard quand ce don l’abandonnait, affublé par le galiléen de ce qui pourrait, de nos jours, apparaître comme un sobriquet, un drôle d’attribut à tout le moins, pour celui dont le destin l’avait amené à pêcher un poisson beaucoup plus gros que lui !

Cette scène fait partie de celles nombreuses que nous ne sommes plus à même de comprendre, oublieux que nous sommes de l’incessant effort des théologiens pour débarrasser le cosmos, la nature et l’Homme - tant qu’on y est ! - de tout esprit !…

Ayant oublié également que les positivistes et autres matérialistes, se déclarant "urbi et orbi", affranchis de ces prédécesseurs honnis, n’ont fait que confirmer cette émasculation de notre géniteur céleste …

Oh, depuis peu, nous revenons penauds, "poussières d’étoiles" - dit-on ! - mais c’est pour mieux mettre sous le tapis notre ignorance crasse de nos véritables racines …

Ces artisans de la "table rase" avant même Descartes "au gros rabot", ont fait merveille, au point que rappeler que, pour nos lointains prédécesseurs, s’alimenter était chose sacrée, nous vaudrait la camisole, si les fous qui gardaient les hôpitaux du XIXème siècle, avaient encore ce pouvoir !…

Pourquoi avaient-ils cette attitude "naturellement" sacramentelle, comment auraient-ils su qu’à l’issue de cet acte, qui accessoirement nous permet de survivre, nous produisons de la lumière, oui la lumière, celle qui, issue du désordre, permet à l’ordre d’advenir ?

Qu’auraient bien pu penser de notre astrophysique, ceux qui organisaient, à Eleusis ou, sur le tard, à Vauvert en Languedoc, le spectacle mystérieux des forces à l’œuvre dans le cosmos ?

Nous auraient-ils pris pour des "neuneus" qui observons l’incessant ballet des formes, renouons timidement avec la musique des sphères, sans rien vouloir savoir d’un éventuel chef d’orchestre ?

Ou, moins condescendants que nous - l’exercice est aisé ! -, plus ouverts au mystère, ne seraient-ils pas fascinés par toute l’immense intelligence que ce théâtre d’ombres mobilise, par ces nouveaux Prométhée que sont les Galilée et autres pronostiqueurs du boson de Higgs ?

Flash-back sur le curieux baptême de Pierre !

Eut-il un doute ?

Toujours est-il que lorsque Christos, par la bouche du galiléen, demanda à son cercle rapproché ce que la foule pensait de lui, il entendit un certain nombre de choses, plausibles, résultant d’une attente devenue oppressante, humaine pour tout dire !

Le seul qui vit et proclama sa double nature, c’est Simon !

A la différence de Judas, l’intellectuel de la bande, le Prométhée hébreux, celui qui prévoit, avait vu tout le parti qu’il pourrait tirer du charisme du galiléen pour son projet nationaliste, Simon ne raisonne pas, sa clairvoyance ne lui en laisse pas le temps, il est encore inspiré !

Christos sait que ce don est appelé à disparaître, que la raison naissante et nécessaire devra se payer d’une descente dans la matière, le minéral …

C’est la raison pour laquelle il s’est incarné, juste avant qu’il ne soit trop tard, juste avant de devenir totalement inaudible, c’est la raison pour laquelle il baptise Simon, ce roc esseulé, moins sensible que beaucoup aux assauts de la raison …

Prométhée, c’est vous, c'est moi, au moins quand nous ne dormons pas les yeux ouverts, c’est celui qui pense avant !

C’est ce qu’avait vu le mythe, avant que nous n’ayons décidé de nous passer de ses services !

La Raison, née quelques cinq siècles avant le mystère du Golgotha, soumise à un repos bien mérité au moyen âge, n’a toujours pas, ou très peu, percé le mystère, mais contribue puissamment à l’évolution de l’humanité.

Cependant, il est une Loi occulte qui veut que, si l’on monte d’un degré, il nous faut descendre d’un autre, en l’occurrence, pour nous, ce sera le minéral !…

Si l’on veut bien se déchausser sur le parvis du mythe, ce temple du savoir, l’un des plus célèbres, celui de Prométhée, annonçait l’étrange baptême de Simon …

Pour avoir volé le feu céleste, celui qui ne s’alluma pas seulement sous la marmite, comme le pensent quelques historiens par l’odeur alléchés, mais, concomitamment, sous le crâne de l’Homme, Prométhée fut attaché au rocher, au minéral, car l’évolution devait en passer par là !

Le végétal rend témoignage à la lumière !

Si Jean était encore de ce monde, c’est vraisemblablement ainsi qu’il se serait exprimé, mais désormais l’on dit les choses autrement : la vie des plantes dépend de la photosynthèse !

C’est plus factuel !

Nous sommes éventuellement heureux de l’apprendre, mais en quoi cela nous concernerait-il ?

Ce que l’astrophysique nous dévoile, c’est qu’avant, bien avant, de faire le jeu des crèmes solaires ou des raisins exigeants, la lumière présida à cette organisation magistrale nommée cosmos par les Grecs, dont nous serions une secrétion ...

Mais, revenons-en à la Cène, banquet d'un jeudi soir d'Avril à Jérusalem …

Ce que l’on retint de cet étrange huis-clos, n’est pas l’absence de lapidation du traitre qui y fut désigné - de l’eau avait semble-t-il coulé sous les ponts depuis la séquence de la femme adultère ! - mais quelques mots qui restent incompréhensibles, au moins depuis que sous la houlette des milieux bien informés, nous avons expulsé l’esprit de la matière !

Pour les premiers chrétiens le mystère fut vraisemblablement d’un autre ordre, au lieu de cette énigmatique invocation du pain et du vin, n’eut-il pas été préférable de leur annoncer un prochain retour dans ce royaume dont il avait dit qu’il n’était pas de ce monde ?…

La nature cosmique du Christ, avant d’être mise sous le boisseau en raison d’un monothéisme d’autant plus étroit qu’il laissait toute latitude au bricolage conciliaire, était en effet connue des premiers chrétiens qui gravèrent le symbole des poissons dans les catacombes, illustrant le drame cosmique de son retour tant attendu ...

Nature cosmique connue de Jean et de Marc, comme, avant eux, du dernier Zoroastre qui incitait les siens à contempler Ahura Mazda, avant que nous n'ayons plus que nos cinq sens pour nous faire une idée du monde; sans parler des Mystères qui, ici et là, à la surface de Gaïa, virent sans y assister physiquement, le dénouement de leur attente silencieuse.

Mais son message fut tout autre, achevant de le discréditer auprès de ses détracteurs, semant le trouble chez ses défenseurs ... nous en reste l’écume des conciles empêtrés dans la recherche d’une définition qui soit définitive …

A ceux qu’il pensait avoir initiés, mais qui se sont endormis au moment fatidique, puis enfuis - "Il est venu parmi les siens, mais les siens ne l’ont pas reconnu !" - il laissa toutefois deux messages !

L’un qui remettait à l'honneur le sentiment ancestral des hommes quant à la fonction sacrée de l’alimentation.

Peut être serons-nous moins enclins à sourire, lorsque nous serons nombreux à savoir que notre métabolisme produit de la lumière ?

L’autre qui liait sa présence à notre destin car, d’origine cosmique, le végétal est indéniablement devenu terrestre !

Et comme, à terme, son sacrifice concerne tous les hommes, il évoque deux types de végétal, l’un , le blé, soumis aux cycles, identique à lui-même d’une année sur l’autre …

L’autre, le vin, qui a ceci de particulier qu’il se transforme, évolue, mérite un millésime ! ...

Messages destinés à l’orient et à l’occident, non pas géographiques ou culturels, mais aux prédispositions psychiques de ceux qui vont mettre le pied sur Gaïa ! 

*

*        *

La lecture littérale de la parole du Christ semble avoir très longtemps convenu aux croyants, puis, comme ce fut le cas pour les mythes, s’annonça une période de scepticisme qui, curieusement, concerna plutôt les théologiens qui se déchirèrent sur le sens symbolique de ces étranges paroles.

Hors de ces querelles d’un autre temps qui tentèrent d’expliquer une curiosité par plus curieux encore, revenons à notre tour sur l’aspect symbolique, allégorique qui s’impose, si l’on remet cet évènement en perspective !

Une scène étrange a précédé la Cène : on y voit Christos maudire le figuier, l'arbre de Bodhi sous lequel Gautama connu l'éveil - par ses "racines au ciel", il symbolise l'arbre invisible, suprasensible, contenu en chacun -, indiquant ainsi à ses proches, qu'évolution aidant, il ne porterait plus de fruits, l'accès au monde spirituel s'étant progressivement refermé.

L'heure est désormais à l'intelligence exclusive, à Prométhée, qui devra cependant de ce fait, rester attaché au rocher, au minéral, jusqu'à ce qu'il trouve à se libérer...

Le fruit, l'accès, désormais c'est Lui, appendu à l'arbre mort ! ...

"Christ en moi" avait dit Paul, sans prétendre à une quelconque exclusivité ! ...

Le pain de la pâque juive est traditionnellement sans levain …

Ceci "sera" mon corps ! ... vous comprenez la suite ! ... 

 

 

1  C’est d’ailleurs ce qu’il se passe toujours à notre insu pendant notre sommeil… mais, désormais, sitôt réveillés - "endormis" disait Pindare l'initié, à qui ses sens "ne la faisaient pas !" - notre raison reprend les choses en main ... ce qui produit ce sentiment d’incohérence ! Ne dites pas cela aux neurobiologistes ou aux psychanalystes, le temps n’est pas encore venu, et après tout, le business, c’est sacré ! …

 2 A ce bouleversement, j’ajouterais volontiers, s’il m’était permis, le début de la fin de la "méprise atomiste", vieille de plus de deux millénaires, au moins si l’on accepte de considérer enfin ce qu’a dit réellement Démocrite, ou plutôt ce qu’il a vu, et si l’on sait plus encore qu’il ne s’agit pas de spéculations, mais de restes de clairvoyance chez ces présocratiques, tous enfants des mystères, qui plus est en Thrace ! … Il ne s’agit donc pas de cette falsification polémique et malveillante qu’en fit Aristote, en raison de sa propre représentation du monde ! … L’esprit solitaire - ce diamant extrait à point nommé ! - qui jeta ce pavé dans la mare, ou plus exactement cette bouteille à la mer pour les générations à venir, s’appelle Heinz Wismann ! Il est vrai que l’on aurait pu avoir la puce à l’oreille, lorsque Max Planck, inventeur de la physique quantique, disait à qui ne voulait pas l’entendre que l’atome n’existe pas, ou encore Hegel qui avait vu que l'atome de Démocrite n'avait rien de matériel !

Enlevé par les muses ! … J’en entends qui ricanent, les mêmes vraisemblablement qui ont décidé que l’appel systématique aux muses d’Homère, avant que de déclamer, n’était qu’une "convention littéraire" … Pourquoi pas ? ... il faut s'en faire une raison, l’anachronisme est peut-être la meilleure manière de digérer ce passé qui nous étouffe ! ...

 

 

 












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