Quand deux mystères s’éclairent l’un l’autre !
A plus de mille ans d’écart, deux mystères, jamais éclaircis, se présentèrent tour à tour à la conscience des hommes …
Le premier agita longtemps le petit monde de ceux qui
faisaient la pluie et le beau temps sur ce moyen âge de tous nos fantasmes … gardiens
obligés du dogme, inquiets soudain de cette énième remise en question, issue, non des croyances plus ou moins solubles des populations barbares, mais de la haute spiritualité des
anciens grecs …
Cette résurgence, inactivée pendant quelques cinq siècles, menaçait
à l’évidence la maison commune, l’édifice patiemment construit …
Cela resta tellement confiné dans l’entre-soi des élites,
qu’aujourd’hui encore, rares sont ceux qui ont eu vent de ce bouleversement
dans les représentations de ceux qui avaient à charge de guider celles des
croyants …
Quant à l’autre, découvert beaucoup plus récemment par la
plus énigmatique des sciences, il nous est désormais (autre époque, autres mœurs !
…), livré sans vergogne, sans mode d’emploi, par ceux qui avouent ne rien y
comprendre eux-mêmes …
Pourquoi la physique quantique, grosse de nos nouvelles habitudes, des transistors, des
IRM, des lasers, des smartphones, et bientôt de l’ordinateur éponyme … s’échine-t-elle en vain à rappeler à qui ne veut pas l'entendre, ce qui y conduisit,
à savoir toutes ces questions restées sans réponse, cet inutile dont nous n’avons plus
le temps de nous embarrasser ? …
Ces deux mystères, il est vrai, ne suscitent, ni l’un, ni
l’autre, notre curiosité malsaine, notre voyeurisme atavique, mais dénoncent bien
plutôt notre aveuglement congénital à ce qui est là, tout proche de nous, en
nous, nous entoure, nous fait, et s’enfuit pourtant dès l’approche du couple pathologique
que formèrent, un jour de grande nécessité, notre regard et notre raison …
Mais, revenons à l’histoire !
Que s’est-il passé entre-temps ?
L’eau avait coulé sous les ponts, charriant pêle-mêle, les passions
oubliées, les débats enflammés, interminables, acharnés, et qui pouvaient se
terminer sur le bûcher … débats dont l’objet, ironie de l’histoire, ne
réunirait désormais pas deux d’entre nous …
Entre-temps, tous sont morts, ceux qui avaient pris leur
temps, et ceux à qui on avait pris leur temps, ceux pour qui la vie est une
illusion, et ceux qui les emportèrent avec eux, ceux qui avaient tenté de soulever
un coin du voile, et celles qui l’avait pris, ceux qui marchèrent au pas
cadencé des arguments d’autorité, et ceux qui votèrent avec les pieds …
Le premier mystère se fit jour à une époque qui reste
elle-même relativement mystérieuse, entre-deux erratique entre la Rome pragmatique
et la Rome dogmatique ! …*
Un peu partout, la nature anarchique avait repris ses droits
sur les pierres insolentes …
Après le bruit et la fureur des invasions, précédés,
amplifiés souvent par la folle rumeur, quelques villes avaient été promptement abandonnées,
courtisées désormais par un végétal sans frontières, se languissant sans autres
témoins, du brouhaha de leurs rues, de leurs marchés, de la sourde rumeur qui
montait des arènes où l’on criait plus encore qu’on ne mourrait, de l’histoire
de ces hommes sans histoires, entretenus à grands frais par quelques hommes qui
eux, faisaient l’Histoire …
A cette époque interlope, les amphithéâtres, partiellement
démantelés, plus mystérieux encore, se font désormais l’écho du croassement de
quelques corbeaux désœuvrés … les voies romaines, désertées par les légions de
filles faciles, envahies par les herbes folles, privées de perspectives, ne
résonnent plus du pas des conquérants …
A trente lieues de la ville la plus proche, du gros bourg
serait plus exact, à mille lieues des débats théologiques qui enflamment l’élite
des clercs, celui qui ne s’appelait pas encore le curé de campagne, fait ce
qu’il peut pour raconter aux autochtones, fraîchement baptisés, imprégnés encore
de l’esprit des sources, des monts et des bois environnants, un tout autre
décor, une histoire exotique, invraisemblable …
Une histoire exotique à laquelle, sous certains aspects, ils
pouvaient cependant croire, en ce qu’elle convoquait certaines prophéties
jusqu’alors sans lendemains, donnait corps à ce qui leur avait échappé dans
l’embrouillamini de leurs mythes et légendes …
Mais, le soir venu, autour de l’âtre fantasmagorique, désormais
réfugiés dans l’intimité partagée du clan, quand l’allumé de la petite église
vaquait là-haut à ses occupations et ne pouvait entendre, ils revenaient,
suspicieux, sur cette histoire exotique dont le héros principal était mort dans
des conditions atroces, mais, et c’était là le point fort du discours de
l’allumé, faisant de sa mort, envisagée, acceptée, une tribune propre à changer
le monde …
Alors que les lueurs se faisaient plus intimes, les langues
se déliaient … quoi qu’en pensent les supérieurs du curé qui, soit dit en passant,
n’avaient jamais été aperçus en haut de la côte qui menait au village, celui-ci
n’avait pas à faire à des incultes …
Ce qui se transmettait oralement de génération en
génération, valait bien l’opinion des nouveaux venus qui ne savaient que lire
ce que d’autres avaient écrit, il y a si longtemps, en des terres si lointaines
…
Avant le discours des curés imposés par le roi baptisé, il y
avait, fourmillant d’images, les légendes qui étaient la manière que les
druides, adulés et toujours secrètement vénérés, avaient de dire ce qu’ils
n’avaient pas le droit de dire, et chacun, bien conscient que c’était là le peu
de ce à quoi il avait droit, en faisait son miel, car ces légendes avaient un
parfum de vérité.
Madré, le curé avait attiré leur attention sur une de ces vieilles
légendes qui avait survécu à la religion des romains, comme à la récente
évangélisation quand, maladroite, elle se voulait en rupture d’un si riche
passé, il y était question du meurtre d’un dieu des brumes du nord, nommé Baldr,
et de sa renaissance attendue …
A l’évocation de cet aparté du curé, comme il en avait
coutume, le patriarche se leva et prit alors un ton solennel pour rappeler
cette vieille rencontre d’un moine itinérant à l’occasion de laquelle celui-ci lui
avait affirmé que Baldr, le dieu des germains, s’était fait homme en Palestine
…
Là où le discours du curé achoppait, c’est que les dieux de
leurs ancêtres, les dieux dont parlaient les druides, avaient un penchant très
prononcé pour la violence, le combat, l’appropriation, pour les biens de ce
monde physique, alors que le galiléen refusa tout ce qui ressemblait de près ou
de loin à cette forme extrême de résolution du désir, quitte à renoncer à celui
de se défendre lorsqu’il se retrouva lui-même en danger …
N’avait-il pas affirmé, ce qui en disait long sur tout ce
qu’il n’avait pu dire avec nos pauvres mots : « mon royaume n’est pas
de ce monde ! » …
Le moine avait à ce sujet tenu des paroles étranges, ne lui
avait-il pas dit que « le royaume, le nôtre du moins, c’est quand nous
nous réveillons le matin, et que capté par le monde qui nous entoure, nous
oublions dans l’instant le voyage astral entrepris hors du corps pendant notre
sommeil » …
« A l’époque du curé, ne restent de nos rêves que des
images incohérentes que nul druide n’est plus là pour interpréter ! … »
voilà ce qu’avait dit le patriarche, en conclusion de la veillée, avant de se
taire et de rejoindre la paille du placard le plus proche des braises …
Le curé en était certain, il ne s’agissait plus de combattre
l’autre, mais sa propre violence, personne ne pouvait s’en exonérer, s’en
décharger sur un quelconque bouc émissaire, dont chacun avait fini par
comprendre, après l’épisode de la femme adultère, que la mort de celle-ci
n’aurait ramené la paix que très provisoirement …
Avant même de refuser le pouvoir qui lui tendait les bras, cette
mission faite pour un autre que lui, cet autre fantasmé qui lui coutât la vie, avant même d’accepter
sa mort dont rien alors, bien au contraire, n’annonçait l’imminence, pour des
raisons que la raison ignore, le galiléen, dédaigneux des désormais vieilles
ficelles des thaumaturges attardés**, n’était
donc pas allé à la facilité, refusant d’orchestrer ce qui resoudait les hommes
depuis la nuit des temps, quand la violence menaçait régulièrement le fragile édifice
des communautés, quand elle menaçait de finir en un combat de tous contre tous …
C’est ainsi qu’il avait confronté, en quelques mots alors
énigmatiques, les porteurs de pierres, dont les yeux étaient déjà injectés du
sang de la victime désignée, qu’il les avait confrontés à la très grande
difficulté de se détourner du regard des autres, de la tradition en somme, pour
se regarder soi-même …
Le curé savait trouver les mots, car il savait trouver
chacun au plus intime de ce que l’Homme était devenu, et s’entendait à faire
jaillir une pensée personnelle, un sentiment, qui ne soit pas nécessairement en
accord avec ceux du clan …
Ce qui contribuait au trouble de la communauté, c’est que le
curé, d’autant plus sincère qu’il se mettait en danger, affirmait que le
galiléen avait décidé devant les siècles à venir et les prêtres atterrés, ses
futurs juges, que chacun, s’il le voulait vraiment, pouvait se mettre en rapport
avec Dieu, sans plus aucun intermédiaire …
Le curé y insistait, pour lui les choses avaient été dites,
et il s’étonnait d’être encore là à passer le message : chacun, Il l’avait décidé sur la croix, devait
s’affranchir de la fraternité imposée par le sang, de cette première des
hiérarchies, pour celle qui réunit les esprits …
Bien que ceux du village « aimaient bien le curé », comme ils disaient ! jusqu’à l’une des leurs qui était sa maitresse, tout le monde sur ce point décrocha, tant les liens du sang qui les unissaient, dans la concorde comme dans la discorde, étaient forts …
*
* *
Dans les écoles de la ville lointaine, chez ceux dont le
curé parlait de temps à autre, comme pour se convaincre qu’il n’était pas si
seul, on confiait les choses sérieuses au latin, comme si la messe n’avait pas
été dite ! …
Chez ceux-là donc, qui avaient gardé un contact étroit avec
l’antiquité, venait de naître un tout autre débat …
Tombé comme un cheveu sur la soupe des conciles, à laquelle
n’étaient plus conviés ceux qui, comme Origène ou Pélage, avaient véritablement
compris le message du galiléen, le mystère et la nécessité de sa venue … commençait
à circuler un texte mystérieux, qui ne s’intéressait pas plus que ça à sa véritable
nature, à cette énigme pour raisonneurs déconnectés des réalités spirituelles, mais
à ce qu’il convenait de penser de Dieu !
Initialement rédigé en grec, se frayant un chemin par
l’entremise du latin, attribué à un revenant, puisque son seul nom renvoyait à une
époque très ancienne que, dans certains cercles, l’on aurait préféré oublier …
N’avait-elle pas vu, cette époque archaïque du premier
christianisme, la rencontre ratée entre Saul de Tarse et les intellectuels d’Athènes,
entre ce fils du pays, né pour la deuxième fois dans la lumière de Damas, et les
enfants illégitimes de Platon et d’Aristote, ceux qui ne croyaient plus à rien,
si ce n’est à l’agilité de leurs discours ? …
Il est difficile de se glisser dans l’intimité de Paul, mais,
confronté à cet échec cuisant, malgré sa magistrale maîtrise de la mise en
situation, ne s’est-il pas dit que, pour finir, la rhétorique était
incompatible avec la vérité, qu’avant Damas, il était comme eux ? … victime du
discours, de ses habiletés qui masquent l’essentiel ? … leur subtile ironie, leurs
mots acerbes, l’atteignaient au plus profond de lui-même, comme autant de pierres assassines
! … comme des pierres ! … Etienne, avant Damas ! … intérieurement, ne
demanda-t-il pas pardon ? …
Un seul parmi les seuls, assemblés pour la circonstance sur
les gradins grégaires, ne semblait pas vouloir se joindre à cette mise à mort verbale
…
Nous n’étions pas là, mais du moins pouvons-nous nous faire une idée de cet échec, de la violence de l'instant, de la violence des mots ...
Un film en parle de manière éloquente, intitulé
« Ridicule », où cet art de tuer par les mots, curieuse résurgence, avait
investi la première moitié du XVIIIème siècle français, le psychisme en jachère
des courtisans désœuvrés …
Epoque ô combien suggestive qui précéda deux événements
importants : la Révolution Française et l’intérêt de Cioran …
Oublions la polémique concernant l’émergence de ce texte et
l’identité de son auteur, elle a au moins l’intérêt d’occuper à plein temps nos philologues, modernes déconstructeurs aux petits piolets, qui préfèrent
marteler les grandes figures du passé plutôt que de méditer leur contribution à
l’évolution du Moi …
Comment faire carrière, me direz-vous, avec une approche
anthropologique périlleuse qui s’attarderait aux fulgurances de l’objectivité
: « tu me désireras par les yeux d’un autre ! », alors que nier
l’existence de Shakespeare vous propulse illico sous les feux de la
rampe ?
Deux mystères qui s’éclairent l’un l’autre, disions-nous !
Ici, prenons le parti d’être bref !
Ne s’attardant pas au débat fratricide portant sur la double
nature du galiléen, Denys l’Aréopagite lance, pavé dans la mare nostrum, la
question primordiale de la véritable nature de Dieu, et, dans cet esprit,
indique un chemin périlleux aux théologiens émérites du moyen âge …
Deux voies conduisent à Dieu !
L’une consiste à observer tout ce que l’univers nous propose
de magique, de beau, d’universel, à donner un nom à chacune de ces
manifestations, à attribuer ces dénominations nécessairement superlatives à
l’Un de Plotin, à l'Etre de saint Augustin, surabondant, dont tout découle, dont tout émane, à Dieu en somme !
La deuxième voie, consiste à faire le vide de tout ce que
l’on sait, à commencer par soi-même, à ôter à ce Dieu des hommes, tout ce qui
lui fut attribué, tout ce dont Il fut affublé, et jusqu’à cette appellation superfétatoire
…
De Dieu, on ne peut rien dire, ni penser, on ne peut même
pas affirmer qu’Il est ! …
Où est la logique ? … me direz-vous !
Mais nous ne sommes pas au bout de l’épreuve, car Denys
exige de ceux qui consacrent leur vie à Dieu, d’emprunter les deux voies en
même temps, avec l’espoir infime de le rencontrer à leur improbable intersection !
…
Comment, me direz-vous, a-t-on pu débattre d’une telle
question pendant des siècles ?
Qui étaient ces hommes pour consacrer leur vie à cette
impossibilité ?
Une élite chasse l’autre, et tout cela fut finalement oublié
…
Mais, mutatis mutandis, quelque mille ans plus tard, dans le
milieu où, quittant la paillasse des cellules monacales pour celle des
laboratoires, l’on s’intéressait, non plus à l’infiniment grand, mais à ce que
l’on estimait encore être son contraire : l’infiniment petit ! …
Alors, les physiciens firent une expérience étrange dont on
n’a pas fini de parler tant elle nous laisse sans voix, cette expérience est dite
des « fentes de Young » …
De quoi s’agit-il ?
Si elle ne se sent pas observée, une particule, jusqu’alors
erratique, et qui se trouve subitement confrontée à une double voie, se
transforme en onde pour passer l’obstacle, onde nécessairement et provisoirement divisée, qui
va bientôt rejoindre ses deux manifestations provisoires, pour créer ce que
l’on appelle une frange d’interférence …
Conscient des critiques souvent justifiées des physiciens
qui entendent garder leur pré carré à l’abri des spéculations métaphysiques, de
garder autant que faire se peut, la matière de toute intrusion de l’esprit, je
me contenterai ici du rapprochement aléatoire de ces deux mystères, et de quelques
questions, juste pour qu’il ne soit pas dit que je me suis éclipsé comme un
pleutre :
La présence de l’observateur change le comportement de
l’observé, cela semble établi !
C’est établi, soit! ... mais c’est énorme ! … comme dirait Luchini …
Jusqu’alors passive, la mesure devient maitresse du jeu, au
moins dans le premier sens du terme ! …
Hors du couple, jusqu’alors indéfectiblement uni de notre
regard physique et de notre raison, à part quelques tensions sporadiques et
sournoises dont Kant incarne la quintessence, cette métamorphose des anciens, nouvellement nommée « dualité onde-corpuscule »,
n’avait pas voix au chapitre …
Observer serait donc réduire le champ des possibles !
Pour tenter d'exister ?
Apparu depuis peu, au regard du temps long de l’évolution, le
Moi, enfant obligé de l’observation des phénomènes, d’un monde désormais en miettes, n’a-t-il
pas fini par s’observer lui-même ?
Alors, je n’irai pas par quatre chemins, et vous laisse
conclure !
*A Rome, lorsque le temps fut venu de passer à autre chose, à
l’Empire pour tout dire, de confisquer pour ce faire, les pouvoirs aux
citoyens, on jugea utile et plus prudent de garder le nom des institutions,
tout en les vidant de leur contenu pseudo démocratique …
Cela ne fut pas clamé sur les toits, mais avant qu’ils ne se
contentent de pain et de jeux, en haut lieu, on savait que les romains pouvaient
se payer de mots …
Les débuts du christianisme en terre païenne furent
fulgurants, d’autant que, à l’imitation de Saul de Tarse, l’impétueux,
talentueux, et impénitent propagateur de la bonne nouvelle, on intégrait à tour
de bras les croyances et les rites locaux, en les rebaptisant...
Chacun sait désormais pour les saints, la fête de noël, un
peu moins pour le rituel de la messe ! …
« Cela partait dans tous les sens ! »,
dirait-on aujourd’hui, ce que ne sut admettre un réformateur radical qui ne
rejeta pas Jésus, loin de là, mais voulait en revenir à ce que l’on pourrait
appeler, de notre point de vue au moins, une épure du christianisme …
Quelque deux siècles avant ce rappel à l’ordre du
monothéisme pur et dur, inspiré par l'Archange Gabriel, les païens fraichement christianisés ne s’étaient-ils
pas sentis déjà coupables de ces dérives, qui avaient surnommé Attila « le
fléau de Dieu » !
Ultime et troisième réaction à cette amère rançon de la
gloire : Rome, reprit la main, avec plus ou moins de bonheur mais surtout pour
le plus grand malheur de certains, sur les diverses
adaptations de la bonne nouvelle …
** Parmi ceux-ci, désormais oublié mais célèbre à l’époque
où l’on ne faisait que murmurer le nom du galiléen dans les catacombes,
Apollonius de Tyane …
Ayant le don d’ubiquité comme celui de parler aux foules, il
fut un jour convoqué, lors de l’un de ses voyages, par l’édile d’une ville pour
mettre fin à une épidémie de violence qui menaçait de tout emporter …
Désignant une victime émissaire au nom de la loi ancestrale, cette observation qui savait ce qu’il en était de la violence, il avait justifié ce choix par un passé qui s'attardait : « mieux vaut qu’un seul meure
afin que tous survivent ! »
Caïphe, le grand prêtre du Sanhédrin, désigna ainsi le galiléen
au plus fort de la crise qui menaçait de tout emporter …
Apollonius intéressa vivement le jeune Bonaparte qui en
conçut un essai malheureusement disparu.
Quelle conclusion très personnelle a-t-il bien pu tirer de cette loi, hier nécessaire, désormais abolie par Jésus ?
Révolutionnaire dans l'âme, en a-t-il conclu :
« Que tous meurent pourvu qu’un seul survive ! »
Qu’avait-il en tête lorsqu’il quitta furtivement l’Egypte
après avoir fait exécuter les prisonniers syriens, euthanasier ses propres
soldats porteurs de la peste, abandonné en rase campagne ses grognards au froid
glacial de la lame russe ?