Fin d'une imposture trois fois séculaire !

Mais, que s'était-il donc passé ?

Les anciens grecs voyaient encore l'esprit partout à l’œuvre ... aucun poète, d'Homère à Empédocle, n'aurait su se rendre présent au passé sans avoir préalablement invoqué les muses, gardiennes de la divine mémoire ... plus encore, lorsqu'ils étaient gratifiés de nouvelles pensées, les premiers philosophes se sentaient "aimés des dieux".

Faut-il parler des hindous, objets, jusqu'il y a peu, de notre condescendance, qui s'acharnent encore et toujours à retrouver en eux cette parcelle du divin égarée dans ce monde d'illusion...

Mais, me direz-vous, à quoi bon s'attarder à ce retard à l'allumage de l'intelligence ?

Pour Homo modernicus, il fallait en finir! ... En l'espace de trois siècles, l'occident des lumières avait réussi à décontaminer la nature en son entier de cette occupation abusive de l'esprit.

Tour à tour langage ou tombeaux des dieux, les étoiles furent ravalées au rang de simples mortelles.

Mais, après avoir fait le grand ménage cosmique, nous nous retrouvâmes seuls, poussières d'étoiles ...

Exit le dieu potier, vint le dieu pâtissier :

Dans cette désolation des désolations, nous héritâmes toutefois d'un lot de consolation, un genre d'avatar, notre cerveau, cerise sur le gâteau d'une évolution toute entière tournée vers notre suprématie ... siège de la pensée, temple de l'intelligence, garant de cette nouvelle relation au monde qui ne saurait être que scientifique, tant il est certain que ce n'est pas l'intelligence qui crée le cerveau mais le cerveau qui crée l'intelligence ...

Il y avait bien eu quelques alertes, mais que l'on ne songea pas à relier : dans la caverne de Platon comme dans les accélérateurs de particules, il fallait bien se rendre à l'évidence, le monde n'était pas comme on le voyait ...

Qui plus est, on a beau faire, il se refuse désormais obstinément à nous livrer son intimité, à nous qui sommes désormais comme enfermés à l'extérieur, condamnés à imaginer la "chose en soi" ...

Alors dans cette débâcle soigneusement tue par les médias, les mêmes qui n'avaient eu de cesse de relayer jour après jour le recul de Dieu devant les progrès de la science, intervint le coup de grâce : le Blob !

Non, contrairement au big bang, le Blob n'est pas une onomatopée, mais tout à la fois le titre d'un film d'horreur qui ne fit pas date en 1958, et le nom, non savant, de Physarum polycephalum ... en bref une substance gluante qui envahit rapidement un espace inimaginable eu égard à sa taille de départ, sans aucun moyen de locomotion apparent, à tout le moins identifié.

Comment le définir ?

Il n'a pas de cerveau, pas d'yeux, pas d'estomac, pas de pattes, ni ailes ni nageoires, pas de plumes, pas de poils ... ce n'est pas un animal, pas une plante, pas un champignon ...

Un alien alors ? que nenni ! inoffensif sauf, sauf ... à y bien réfléchir, pour notre ego ! ...

C'est curieux , cette approche négative me fait penser à la tentative de définition de l'Un par Plotin ou par les Brahmanes dépositaires du Rig Veda ...

Qui plus est, Un, il l'est puisque unicellulaire, et s'il se développe, ce n'est donc pas de manière cancéreuse mais maîtrisée ! ...

Toutefois, la comparaison qui n'aurait jamais dû commencer s'arrêtera là, car contrairement à l'Un, point n'est besoin d'être en état de clairvoyance pour l'apercevoir ...

En effet, le Blob, pour rester à l'abri du regard des hommes au gros cerveau dans les sous bois de quelque forêt primordiale, est une des rares cellules qu'il nous est donné de voir à l’œil nu, capable, qui plus est, de se "dilater" sur une surface de plusieurs mètres carrés ...

Donc, il n'a pas de cerveau mais s'avère être remarquablement intelligent, pas de pattes mais se déplace, plus vite que beaucoup, toute proportion gardée, pas d'estomac mais capable d'engloutir toutes les bactéries insouciantes qu'il a ciblées, pas de mémoire embarquée, mais capable de l'externaliser comme les hommes de Lascaux, et désormais les homonculus du Cloud, pas gaspilleur mais utilitariste, capable d’apprendre et de transmettre ... son sang commande à ce qui lui sert de cœur, mais l'homme n'a plus accès à cette intelligence ...

Dans le Rig Veda hymne X 129, il est dit quelque part : "l'Un respirait sans souffle !"

En ce lundi de Pentecôte, je voudrais partager cette émotion silencieuse que chacun ressent devant le ballet majestueux de ces myriades d'oiseaux dans le ciel d'automne, de poissons dans la mer ...

L'Esprit partout est à l’œuvre, et selon ses lois !

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